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[PAVE] Dupond-Moretti contre le fascisme

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Nous sommes le 12 Messidor de l'an 231 (ou 30 Juin 2024 pour ces sots de contribuables), il est 20 heures passées et Eric Dupond-Moretti ne va pas bien. Pourtant, dans le bel appartement haussmannien où il réside, tout semble parfait ; le maître est installé confortablement dans son fauteuil en cuir vert olive à accoudoirs, un Cohiba dans la bouche et une bouteille de Talisker de 25 ans d'âge - déjà largement entamée - posée sur un guéridon à portée de main. Mais ce sont les images diffusées en boucle sur les chaînes infos qui gâtent le goût de son cigare et du whisky ; le RN est annoncé grand vainqueur du premier tour des législatives, c'est un véritable raz de marée dans les urnes. "Crypto-fascistes...la République ne cédera pas" marmonne EDM dans sa barbe, mais le cœur n'y est pas. Il lui est insupportable de voir Jordan Bardella parader, ce faux bellâtre, pesant à peine 70 kilos tout mouillé "Même pas de ventre, et les français votent pour ça? Peuple de crétins...anti-républicains...fachos" grommelle EDM. Soudain, un bruit tonitruant venu de sa panse se fait entendre, se réverbérant jusqu'aux haut plafond du salon : le maître à faim. Il faut dire que le midi-même, déjà préoccupé par la vague fasciste annoncée, il a mangé léger à la brasserie où il a ses habitudes : 24 escargots de Bourgogne et un pâté en croûte en entrée, suivi d'un poulet fermier rôti, d'un jarret de porc aux lentilles et de rognons de veau à la graine de moutarde. Pressé, il n'a eu le temps que d'engloutir une Forêt noire et un Baba au Rhum en dessert, sans même prendre de fromage. Un vrai repas de serf! N'y tenant plus, il enfile à la hâte sa veste de costume à boutons de manchette, sa paire de Weston avant de refermer précipitamment la porte de l'appartement et de descendre quatre à quatre les escaliers le séparant de sa pitance.

Déboulant dans la brasserie pleine à craquer, il entonne un tonitruant "PARTEZ, CHOUANS! LA RÉPUBLIQUE A FAIM!". Les serveurs, qui ne s'attendaient plus à le voir ce soir - le maître prend généralement son premier diner bien plus tôt - comprennent de suite le message : 4 convives attendant des cafés sont priés de déguerpir, sous le regard de satisfaction de l'ogre de Maubeuge. S'attablant à la hâte, il rabroue directement le jeune serveur lui apportant la carte ; il vient ici au moins deux fois par jour et la connaît évidemment par cœur.
"Notez juste ma commande, et apportez la moi FISSA!". C'est une liste absolument énorme que le malheureux loufiat, déjà en sueur, s'affaire à inscrire sur son petit calepin : 3 douzaines d'huitres, un foie gras mi-cuit au gewurztraminer, une choucroute de la mer, un magret de canard rôti suivi d'un pavé de boeuf au poivre et d'un poulet au curry "pour commencer" précise EDM. Alors que le jeune serveur part apporter la commande gargantuesque en cuisine, le maître l'interpelle violemment : "et deux bouteilles de Gigondas, il me faut me rincer le gosier FISSA!". Pendant que les cuistots s'affairent, le garde des sceaux pianote sur son téléphone, mais ce qu'il voit ne fait qu'augmenter sa fureur ; sur X, les pro-RN célèbrent leur victoire. "Foutus fachos, anti-démocrates, ordures nazies...je leur mettrai tous 20 ans de tôle!". Il fulmine, éructe, son ventre crie famine et n'y tenant plus, hurle à pleins poumons "ASSEZ! LA CINQUIÈME N'ATTEND PAS!". Heureusement, c'est d'un pas pressé que deux serveurs viennent lui apporter les entrées ; aussitôt amenées, aussitôt avalées. Alors que les plats s'enchainent, les clients du restaurant abasourdis assistent à un véritable carnage ; c'est à mains nues que Gargantua incarné dévore tout ce qui se présente devant lui, avec une voracité peu commune. Entre deux bouchées, il commande encore, toujours pas rassasié par la boustifaille déjà engloutie : "...Et une bavette d'aloyau......un homard mayonnaise......et mettez moi le filet de bar rôti.......fissa........".

23h30, alors que les derniers clients partent, Eric Dupont Moretti est enfin repu. Déboutonnant sa ceinture, la barbe remplie de sauces diverses, un sentiment de satisfaction l'emplit enfin. Sentiment partagé par les loufiats, qui entrevoient déjà son départ, après un service plus qu'éreintant. Mais soudain, un bruit sourd se fait entendre, troublant l'atmosphère de paix qui régnait dans le lieu depuis quelques instants. Le maître vient de lâcher une énorme louise qui empuantit quasi instantanément le restaurant. Un bruit et une odeur que Bertrand le chef de cuisine ne connait que trop bien... "Oh mon dieu,ça recommence!". Bertrand a un passé avec EDM, il était là au soir du 19 juin 2022, après l'écrasante victoire de Marine Le Pen aux législatives dans le Pas de Calais, là où le maître avait fait campagne pour empêcher la fille du borgne de Montretout d'être élue député, en pure perte. Ce soir là, après un repas colossal, les gaz républicains avaient asphyxiés à mort un commis de cuisine et deux serveurs qui n'avaient pas pu fuir le restaurant à temps. Bertrand prend les choses en main, et malgré l'odeur insoutenable, crie de toutes ses forces :"PARTEZ!!!COUREZ POUR VOTRE VIE". Mais il est déjà trop tard ; le jeune serveur qui avait pris la gigantesque commande vient de s'évanouir. Alors que Bertrand s'emploie de toutes ses forces à le réveiller à grand coups de claques, une image lui glace le sang : le maître vient de se lever, mais il ne se dirige pas vers la sortie, non, il va vers les commodités. "Oh mon dieu...il va chier, nous sommes perdus!". D'un pas lourd, le ministre de la justice pousse la porte des gogues avant de s'assoir péniblement sur le trône de faïence qui a bien du mal à supporter son poids. "Voilà des chiottes pour anorexiques" pense t'il, "mais elles feront bien l'affaire, mon besoin est pressant". Poussant à s'en faire éclater les hémorroïdes, le visage déformé par l'intensité de l'effort, ce sont des rafales de pets qui s'enchainent avant que le premier étron antifasciste ne se décide à souiller la blanche cuvette. NO PASARAN! hurle le maître, complétement possédé, avant de se ré-atteler à la tâche. Les colombins, plus énormes les uns que les autres, se succèdent "LE VOILA MON BARRAGE REPUBLICAIN!" tonne l'ogre de Maubeuge. Alors que les WC sont quasi remplis, une dernière crotte d'EDM, expulsée au cri de "Montesquieu!!!" les fait déborder, répandant la merde sur le carrelage des cabinets. Mais la garde des sceaux n'en a cure, et reboutonnant rapidement son pantalon, c'est d'un pas bien plus léger qu'il quitte le restaurant. Il n'a pas un regard pour Bertrand, étendu devant la sortie, terrassé par l'odeur pestilentielle, et enjambe juste l'infortuné cuisinier tout en cherchant dans la poche de sa veste un de ses délicieux cigares. Ce soir encore une fois, et malgré la percée fasciste, c'est bien la République qui l'a emporté.

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Stanou14
Date de création
4 juillet 2024 à 13:19:56
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