Une réussite.
Il s’agit moins d’un film sur l’amour - comme j’ai pu l’entendre à mainte reprises - que d’une œuvre sur le désir. Fondamentalement, ce désir comme tout désir est celui d’être reconnu, par l’Autre, comme sujet à part entière. Or tout le paradoxe dépeint par le film, c’est que dans cette quête de reconnaissance, nos différents protagonistes acceptent de se réifier eux-mêmes. Autrement dit, en essayant d’être reconnu au mépris de toute notion de dignité et de liberté, pourtant nécessaires pour que leur désir aboutisse, c’est cette reconnaissance même que les personnages sacrifient. Plus encore que chez Hegel, c’est la dialectique du maître et de l’esclave telle qu’elle est développée chez Kojeve qui permet de saisir toutes les nuances des combinatoires perverses que déploient les trois segments du film.