Champs de bataille et champs de blé
Défilent sous mes yeux et me font ablution.
J'ai vu le Christ et j'ai prié
Le regard tourné vers mes frères
Martyrs inconscients du coût de leurs illusions;
Orphelins sur leur propre terre
D'un Père céleste et sanguin,
D'un démiurge pacifiste et sans concession
Offrant à nos corps son levain.
Je vois tout mais je ne fais rien.
Mon excuse tient dans l'orgueil de la scission
Générée par les sots terriens.
N'arrivant plus à supporter
Le spectacle indécent de la putréfaction
De ma race créolisée
Je tire une dernière salve
Sur les couards et traitres de la population,
Esclaves phtisiques sans valves
Gardiens d'un Arbre sans racines
Où rampent les serpents. Baigné d'exécration
Mon cœur survit de la rapine.
Le ciel s'ouvre, la terre se dérobe
Et découvre un océan de lave en fusion
Qui nous habille et nous absorbe.
On dirait que la Lune pèle
Le Soleil sur une table d'opération
Lorsque la brume se révèle.
