Dans la maison où le temps s'éteint,
Chaque mercredi, dans l’après-midi lent,
Ils se réunissent, les vieux corps fatigués,
Pour un atelier singulier, où le pet est sacré.
Cinquante-trois âmes, en cercle alignées,
Sur des matelas inclinés, à quarante-cinq degrés,
S’allongent en silence, attendant le signal,
Pour libérer l’air, dans un souffle infernal.
Marcel, 87 ans, héros du jour,
Montre à René son pouvoir, sa bravoure.
Avec les forces qu'il lui reste en ce lieu,
Il contracte ses sphincters, ferme les yeux.
Le relâchement vient, automatique, sans bruit,
Puis éclate le tonnerre, dans ce mercredi.
Le gaz fécal, chargé d’histoires anciennes,
S’échappe enfin, en nuée malsaine.
Des croûtes d’antan, accrochées à l’anus,
Cristaux de misère, de chiasse qui dure,
Viennent se loger dans l’escarre béante,
Marque du temps, de l’attente pesante.
Cette plaie, témoin des constipations passées,
Est souillée à nouveau, par l’acte insensé.
Excréments et sang noir, d’un vieux corps usé,
Se mêlent en silence, dans ce souffle fatigué.
Ainsi s’écrit l’histoire, d’un mercredi banal,
Dans la maison où les corps, doucement, se font pâles,
Un rituel étrange, où le vent se libère,
Emportant avec lui les restes d’hier.