Je reviens de la salle.
Résolu à oublier mes tourments de la veille, je m'applique à polir le temple de mon corps quand, soudain, une fitgirl est en vue à onze heures : effrontée, elle porte un legging et brandit à la face du monde un croupion belliqueux. Faut-il donc qu'une salle de sport soit un champ de bataille ? Quel soldat inconscient et rebelle à sa tâche demanderait à contempler cet anus de Milo, à plonger son nez dans ce puits détrempé embaumant l'univers et délivrant au profane les secrets les plus exquis de son fétide nectar ? L'indélicate exhalaison de ce moule à crottes avait-il épargné une seule narine en ces lieux ou ces redoutables effluves étaient-elle par trop puissantes ? Ai-je demandé à frôler cette pièce d'artillerie au souffle destructeur, à baiser les deux joues roses et moites de cette lune pleine ? Sommes-nous en période électorale pour que je dépouille les mystères de cette urne consacrée ? Cependant que ce totem antique semble attirer sur lui toute l'attention du monde, mes mains se crispent sur les poids. Voilà qu'il se soustrait à ma volonté, ce corps ingrat dont je n'ai toujours souhaité que le bonheur et qui n'a désormais d'yeux que pour cette criminelle bombance ! Maigre consolation, le maléfice ne dure qu'un temps et, une fraction de secondes plus tard, je recouvre le contrôle de moi-même : c'est ainsi que ce matin, j'appris à mes dépens que ce n'est qu'au prix d'un renoncement prodigieux et d'une grandeur d'âme inégalée que l'on peut résister aux charmes surnaturels d'une obscène rondelle. J'ai sans doute perdu en muscle mais gagné en sagesse.
ON NE PEUT PAS SUER TRANQUILLE DANS CE PAYS
JE VEUX JUSTE FAIRE MES SÉRIES