Aujourd'hui, j'ai joué au badminton pendant 7h

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Je suis claqué sa mère. T'es là, tu te réveilles pendant l'après-midi comme un vulgaire déchet, avec en prime un mal de crâne des enfers d'Hiroshima, impossible de te lever du lit, et tu te dis "tiens, aujourd'hui, je vais faire du sport". T'sais, le truc que tu ne fais jamais d'habitude parce que tu préfères boucler devant ton PC tellement t'es happé par les écrans comme toute personne née après 1990 qui se respecte. Ca doit être l'effet des Jeux Olympiques qui avance à grands pas, on sait pas... Ptêt que si je m'y mets à fond, je décrocherais un quota à la dernière minute et je pourrais profiter du baisodrome qu'est censé être le village olympiques d'après les rumeurs. Encore faut-il choisir le bon sport... la natation c'est mort (je n'ai pas le physique d'une armoire à pharmacie), la boxe c'est dead (je sais pas me battre), le breakdance y'a pas moyen (on a dit un vrai sport, pas un truc de gosses), la lutte c'est OVER (je ne viens pas du Caucase), le plongeon même pas la peine (je n'ai pas envie de mourir devant tout le monde), le badminton... Ah, tiens, le badminton, y'a peut-être moyen... Allez, va pour le badminton... Si je m'y mets maintenant, je peux peut-être finir dans le top 3 français d'ici deux mois, vu que j'ai déjà un bon niveau en tennis, oui c'est quasiment le même sport va

Donc let's go, je mets ma tenue la plus bad-compatible qui soit (un tricot Adidas en V avec boutons et motif bien flashy bien moche), bandana sur la tête pour faire mec sportif (et pour cacher ma big calvasse), me pointe vers le gymnase le plus proche de chez moi à 16h, et c'est parti. Je prends la première raquette libre (le manche... sans grid, c'est que du bois mazette), et je pars à l'échauffement. Eh bah putain, c'était un jeu d'enfant, on sent que mes années d'expérience dans le tennis ont porté leurs fruits, c'est littéralement les mêmes gestes mais sans ce truc long et chiant à préparer ses coups en forme de 8, faut juste être plus réactif face à la vitesse du volant, mais ça reste aussi dans mes cordes. Non, franchement, je gère, et je me dis, tiens, je vais peut-être devenir le nouveau Federer du bad' si ça continue comme ça. Sauf que là, douche froide, le prof me met en double avec un pied nickelé au comportement plus qu'étrange, simulant exagérément toutes ses réactions (en plus, il est pas drôle). Son jeu flirte entre le très bien pour les amortis à catastrophique pour les smashs, et il finit même par avoir des palpitations cardiaques en plein match. 2h de cours, 0 victoire en double, j'envisage déjà à annuler le projet village olympique...

Néanmoins, le prof repère le prodige qui sommeille en moi, le futur Hokage de la raquette qui coule dans mes veines, et me réclame absolument pour son tournoi du soir. Très modestement, je lui fais comprendre que je refuse les interviews et les autographes, mais que j'accepte son offre. J'ai très envie d'humilier ses disciples, et de toute façon, je n'avais rien de prévu pour ce soir si ce n'est de mater le dernier film d'Adriana Chechik. Du coup, après un frugal repas composé de deux pommes (les jaunes, forcément les meilleurs) et de trois œufs au plat, je me repointe dans son gymnase à l'architecture brejnévienne, et v'là-t'y pas que je croise toute une colonie d'Apollons, 1m80, silhouette parfaite, aucune calvitie, dents blanches, raquette avec le grid bien récent qui sent encore l'entrepôt... Bref, je commence à ne plus être très à l'aise, je ne me sens pas dans mon élément, y'a que des mâles alpha dans toute la zone, j'ai juste envie de m'enfuir, au secours... Je réclame la clémence auprès du prof, "oh vous savez je suis débutant hein héhé", il me dit "yes, je te mets dans le groupe de la mort". 'foiré, va...

Et effectivement, c'était le groupe de la mort, niveau très relevé. Aucune surprise, la logique fut respectée, je me fais déchiqueter, annihiler, atomiser, les fesses toutes rouges, je n'existe absolument pas durant les matchs. Mes adversaires sont limites vannés de devoir m'affronter, ayant fait étalage de toute ma nullité sur le terrain. Ca m'a bien remis à ma place. Je leur demande alors s'ils ont déjà atteint leurs quotas pour les JO, monstrueux comme ils sont, ils me répondent qu'ils ne sont même pas classés pour faire des compétitions. Ah... Je me suis peut-être un peu emballé dans mes rêves olympiques. Et je me pose alors la question: "qu'est-ce que je fous là?". Tout ça parce que j'avais envie de tirer mon coup cet été avec une gymnaste colombienne...

Ayant constaté ma terrible condition humiliante à l'instant T, le prof me transfère dans le groupe le plus faible. Quel downgrade, quelle déchéance pour le Federer du Pas-de-Calais... Néanmoins, face à des adversaires bien plus amateurs, j'ai enfin l'occasion de briller, et de reprendre confiance en moi. Et ça ne tarde pas. Deux mecs se prenaient pour des cracks du badminton, je ne manque pas de les humilier avec mes jutsu tennistiques. L'un des deux fut tellement humilié qu'il péta un câble vers la fin du match et manqua de briser sa raquette contre le sol, dans un excès de rage intense. On s'est tous regardé dans les yeux, choqués par cette scène, même si en réalité, au fond de moi, je jubilais, constatant que j'ai fait perdre les moyens à des mecs plus alpha que moi. Grosse dose de dopamine que de smasher leurs grands-mères durant le match et de voir leur mines défaites après chaque victoire. Laissez-moi deux semaines, et vos alpha du groupe de la mort, je les mange tout cru!

J'ai fini un peu avant minuit, après plusieurs heures de pratique du cousin moche du jeu de paume. Je finis par rentrer chez moi, exténué, le corps éteint, annonçant les courbatures du démon qui m'attendent demain matin, et me jura de ne plus jamais toucher une raquette de badminton de l'année. Nique sa mère le sport et le village olympique, je crois que je préfèrerais picoler et me perdre dans les abîmes de la boucle JVC cet été finalement, c'est moins fatiguant...

Le 19 avril 2024 à 02:02:31 :
Qui va lire ce truc franchement ?

A 2h du mat en plus

Et évidemment

Finalement, je vais continuer dans le badminton, je compte bien devenir le nouveau Brice Leverdez... Moi aussi, j'ai envie fabriquer des tee-shirt pas ouf brodés au Vietnam et les vendre à mon nom

Le 19 avril 2024 à 02:02:31 :
Qui va lire ce truc franchement ?

Même moi, j'avais la flemme de me relire

Le 19 avril 2024 à 02:05:21 :
Le triomphe est un calvaire, s'abandonner à rien, à la vie oisive, au lieu de gagner les tournois et les honneurs d'un sport entier, quel judicieux choix de vie à qui veut les ombres, mais si mauvais pour celui qui cherche les gloires

Oui, voilà, j'allais justement dire la même chose...