C’est “un pas considérable qui a été franchi”, s’est réjoui Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Corse. Après presque cinq heures de négociations, l’État et plusieurs représentants politiques insulaires sont parvenus à sceller un accord sur l’autonomie de l’île, le lundi 11 mars. Il est prévu d’inscrire dans la Constitution française un statut pour la Corse qui tienne compte des “spécificités de la communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle”.
“Avec cette mesure, le président français, Emmanuel Macron, veut donner une réponse politique à la montée du souverainisme sur l’île, le territoire de France métropolitaine où le sentiment régionaliste est le plus fort”, estime le journal espagnol El Periódico. Ce nouveau statut permettra aux dirigeants corses d’adapter les lois et les règlements aux particularismes locaux.
Pour le gouvernement français, la nécessité de discuter d’un nouveau statut pour la Corse devenait pressante. Le meurtre d’Yvan Colonna, indépendantiste corse condamné pour le meurtre du préfet Érignac en 1998, par un codétenu en mars 2022 avait ravivé les tensions sur l’île.
“Plusieurs responsables des Républicains ont mis en garde contre l’ouverture de la boîte de Pandore de l’autonomie et de la cession de compétences, qui risque de faire des émules. Le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a déjà appelé à ne pas limiter la reconnaissance d’un statut d’autonomie à la Corse, et a demandé de nouvelles avancées pour un pays qui ‘crève de son centralisme’”
Le texte sera dans un premier temps soumis à l’Assemblée de Corse, qui devra le valider. Puis, avant de parvenir à la révision constitutionnelle, le texte sera soumis à l’approbation des deux chambres du Parlement français, où les deux tiers des représentants au moins devront donner leur accord. Un processus périlleux pour l’exécutif, qui ne possède pas de majorité au Sénat et ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée.
https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-l-etranger-l-autonomie-de-la-corse-un-statut-inferieur-a-d-autres-regions-d-europe
