Depuis l’époque de Pierre le Grand, pour les milieux dirigeants de Russie l’idée nationale a consisté à emprunter les réalisations de l’Occident et à obtenir la reconnaissance des Occidentaux. La seule exception partielle a été la courte période soviétique, pendant laquelle l’État a eu sa propre conception universaliste de la civilisation.
Aux yeux des occidentalistes russes, le rôle de guide attribué à l’Occident découlait de l’influence planétaire de ses positions morales, économiques et militaro-politiques.
Quand, à la fin de la période soviétique, les dissidents ont accédé au pouvoir, ils ont réclamé des changements révolutionnaires [interdiction du Parti communiste, dissolution de la Fédération soviétique], au mépris non seulement des valeurs historiques du pays, mais de l’intégrité même de l’État.
Cette période [les années Eltsine] et ses effets désastreux sont encore frais dans les mémoires des Russes. Les occidentalistes radicaux étaient parvenus à prendre l’avantage non seulement sur les communistes, mais aussi sur ceux qui voulaient seulement “libéraliser” l’Union soviétique [à l’image de Mikhaïl Gorbatchev].
Aujourd’hui les occidentaux, modérés aussi bien que radicaux ont disparu (ou disparaissent) de l’espace politique. Les uns comme les autres rêvaient de faire partie de l’Occident. Si les modérés n’ont pas pu réaliser leur rêve, c’est notamment parce que l’Occident ne veut pas partager le pouvoir global. Les radicaux ont quant à eux perdu la partie dès les années 1990, car non seulement ils n’ont pas été soutenus par l’Occident, mais ils n’avaient pas de stratégie claire à long terme pour réformer le pays.
L’histoire ne se répète pas, et il n’y aura pas de retour au passé.
