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[seleçao] On a soutenu les immigrés pour l’appel à la prière...

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...et maintenant ils menacent nos droits»: à Hamtramck, aux États-Unis, les LGBT se sentent rejetés par le maire d’origine yéménite.

https://www.lefigaro.fr/international/on-a-soutenu-les-immigres-pour-l-appel-a-la-priere-et-maintenant-ils-menacent-nos-droits-a-hamtramck-aux-etats-unis-les-lgbt-se-sentent-rejetes-par-le-maire-d-origine-yemenite-20240226

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dommage que l'article soit pas disponible pour les non abonnés, je l'aurais bien lu en entier https://image.noelshack.com/fichiers/2021/16/2/1618877900-ronaldomain4khd-min.jpg
naturelle nonobstant https://image.noelshack.com/fichiers/2021/16/2/1618877900-ronaldomain4khd-min.jpg

Il règne une joyeuse ambiance éthylique au Whiskey in the Jar, un bar de Hamtramck, une banlieue de Detroit. Il est à peine midi et une foule habillée en rouge et blanc - couleurs de la Pologne - valse au son de l’orchestre, les Polish Muslims («Polonais musulmans»), tout en buvant de la Tyskie, une bière de Silésie. Ils sont rassemblés comme chaque année pour fêter le Paczki Day (prononcez «ponchki»), un beignet fourré à la crème que l’on mange en Pologne le jour de Mardi gras. Et rien ne semble perturber l’humeur festive, pas même l’appel du muezzin à la prière, qui retentit dans les haut-parleurs de la mosquée voisine.

Pendant des décennies, cette petite ville du Michigan a été une enclave d’ouvriers polonais catholiques, attirés par les emplois dans les usines automobiles. À la suite du déclin industriel, ils sont peu à peu partis ailleurs et ont été remplacés, ces trente dernières années, par des vagues successives d’immigrés yéménites, bangladais, pakistanais, bosniaques… En 2013, Hamtramck est ainsi devenue la première commune à majorité musulmane des États-Unis, avec quelque 20 langues parlées à l’école. Avant que récemment ne s’installent de jeunes Blancs séduits par les loyers pas chers et le côté village de Hamtramck. «Le monde sur 5 km2», clame une fresque en lettres rouges dans le centre-ville.

« Hamtramck est une sorte de laboratoire de l’Amérique multiraciale», résume Milo Madole, un avocat trentenaire. Dans la rue principale, se côtoient Srodek, un vendeur de saucisses kielbasa, un restaurant de kebab yéménite, des magasins de saris bangladais et une boulangerie de paczki halal. Des femmes en burka déambulent le long du square du pape, où trône une grande statue de Jean-Paul II commémorant sa visite de 1987. Et sur le terrain de baseball, des gamins jouent au cricket, sport populaire au Bangladesh. Quant aux Polonais, même s’ils ne représentent plus que 5 % à 7 % de la population, beaucoup reviennent chaque semaine pour entendre la messe dans leur langue natale à l’église St Florian.

Ce mercredi des Cendres, l’énorme édifice à l’allure de cathédrale est plein de fidèles, la plupart étonnamment jeunes. « La communauté est loin d’être en voie de disparition. Il y a beaucoup de familles de deuxième ou troisième génération qui parlent encore polonais», assure le père Thomasz Pietrzak. Une grande partie cependant, reconnaît-il, ne résident plus ici. Aujourd’hui, 39 % des 28.000 habitants de la ville sont d’origine yéménite et 26 % du Bangladesh. D’où la blague qui propose de rebaptiser Hamtramck (ham signifie jambon, ce qui ne sonne pas très halal) en Lambtramck (agneau).

Les élus musulmans refusent de défiler avec les LGBT

Avec l’arrivée de ces nouveaux immigrés, les us et coutumes ont changé. En 2004, la municipalité à majorité blanche a été l’une des premières aux États-Unis à permettre l’appel à la prière par haut-parleur, estimant qu’on ne pouvait pas censurer le muezzin si l’on sonnait les cloches. Il résonne désormais cinq fois par jour de la douzaine de mosquées, dont une occupe le hangar d’une ancienne usine automobile. En 2015, Hamtramck s’est de nouveau distinguée en devenant la première commune à avoir un conseil municipal à majorité musulmane. Les habitants y ont vu une sorte de revanche symbolique sur Donald Trump - alors candidat à la présidentielle -, qui attaquait l’islam et les immigrés. Aujourd’hui, autre grande première, tous les conseillers municipaux sont des hommes, musulmans, et le maire est un Yéménite. «Je suis fier d’avoir des membres de ma communauté à la mairie. On se sent plus à l’aise car ils nous comprennent», affirme Tareq, un jeune serveur du Yemeni Café.

La transformation de Hamtramck ne s’est pas faite sans heurts. En 2020, la municipalité a essayé d’imposer la fermeture des magasins de cannabis, sans succès, puisque le Michigan l’a légalisé. L’an dernier, elle a autorisé les sacrifices d’animaux chez soi, une pratique également légale au nom du « libre exercice de la religion». Mais les tensions ont explosé lorsqu’elle a interdit le drapeau gay dans les lieux publics. Le maire, pour éviter d’être accusé de discrimination, a banni tous les drapeaux, sauf la bannière américaine et quelques autres. Au grand dam d’une partie de la population, qui n’a pas apprécié cette mesure clairement anti-LGBT. La très forte médiatisation de cette affaire a enflammé la situation. « Je comprends que le conseil municipal ait voulu faire plaisir à ses électeurs, mais la polémique a divisé la ville et a nui à son image. Certains drapeaux arc-en-ciel dans les commerces ont été vandalisés », observe Tim Price, de la Hamtramck Queer Alliance. « On a travaillé dur pour développer une communauté accueillante où l’on se sente en sécurité. Et puis tant de choses se sont effondrées en si peu de temps. On s’est sentis trahis. On a soutenu les immigrés pour l’appel à la prière et maintenant ils menacent nos droits », ajoute Karen Majewski, l’ancienne maire vêtue d’une jolie veste brodée polonaise. Tareq, le serveur yéménite, n’est bien sûr pas de cet avis. « Je n’ai rien contre les LGBT mais je ne veux pas qu’ils nous imposent leur drapeau alors que l’on est majoritairement musulman ici ».

Les tensions ont ressurgi quelques mois plus tard, quand les élus municipaux ont refusé de défiler aux côtés de l’association LGBT lors de la parade annuelle. Depuis, l’agitation s’est calmée. Tous ces changements ne plaisent guère à Daniel, un ancien militaire en train de siroter une bière au Whiskey in the Jar. « On a accueilli les musulmans. Et ils sont en train de prendre le contrôle sans essayer de s’assimiler à notre culture. Mon grand-père a dû s’intégrer quand il a émigré de Belgique.»

50% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté

L’équilibre communautaire fragile va probablement changer encore. Les Bangladais, plus éduqués, commencent à migrer vers d’autres banlieues, des réfugiés ukrainiens arrivent… C’est ce brassage culturel constant qui a séduit l’avocat Milo Madole. « Je me suis installé ici parce que c’est un des endroits les plus fascinants que je connaisse. J’ai des copains de toutes les nationalités, et l’on fréquente le même supermarché, les mêmes cafés» , raconte le jeune avocat, qui a obtenu le feu vert du conseil municipal pour ouvrir une brasserie. « Ce n’est pas la parfaite harmonie mais ça fonctionne.» En témoigne le Kitab Café, un nouveau café-librairie tenu par un jeune couple d’Américano-Yéménites, où l’on croise aussi bien des femmes voilées que de jeunes bobos. « Notre but était d’accueillir tout le monde, avec un personnel et des produits divers, de l’expresso au thé adeni du Yémen. Il est important que l’on soit tolérant, que l’on puisse se parler», explique Ahmad Alwhysee, le patron.

Au conseil municipal ce soir-là, le public est venu pour discuter de problèmes très concrets dans cette ville où la moitié des habitants vit en deçà du seuil de pauvreté. L’ordre du jour porte sur les nids-de-poule, la modernisation des canalisations d’eau, la taxe foncière… À la fin, les sept élus votent en faveur d’une résolution qui implore l’Administration Biden « d’arrêter le soutien aux guerres et le financement de régimes oppresseurs», en visant sans le nommer Israël. « La démocratie est une valeur essentielle et nous devons la promouvoir», conclut le maire sous les applaudissements.

Karen Majewski, à la tête de la ville pendant seize ans, se veut optimiste. « Hamtramck est une grande expérimentation politique. Il y a certes des batailles pas toujours jolies, mais je crois en l’idée de gens qui ont choisi de venir ici et trouvent le moyen de vivre ensemble. On fait partie du même projet à long terme que sont les États-Unis.»

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FreinRaccourcix
Date de création
26 février 2024 à 21:41:36
Date de suppression
26 février 2024 à 23:20:00
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