Test
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Il y a quelque chose d’indicible qui sommeille en chacun, exponentiellement vertigineux, le paradigme solaire qui triomphe inlassablement des ténèbres, cette force inertielle décisive, obligatoire, primordiale, elle se manifeste malgré la poussière, la fatigue, la crasse, le froid et la faim, il faudrait une nuit entière à mille scribes pour en tracer l’ébauche, le contour, la substance échappant cependant même au regard du plus initié, c’est peut-être le rêve d’une vie passée ou future, le souvenir ineffaçable de l’âme soeur que vous pensez avoir rencontré il y a deux ans lors des funérailles de votre camarade d’enfance, ou peut-être est-ce votre envie de vengeance ou la détestation inénarrable que vous vouez à votre propre essence; cela est en vous et autour de vous.
Plus vous apprenez et plus vous pensez revenir sur vos pas, comme le décrivent certains arts martiaux dans la tradition orientale: le novice sait certainement des choses, le confirmé sait quelques choses, le praticien expérimenté sait peu de choses et le maître ne semble plus rien savoir; c’est terrible non? J’ai encore dans les tréfonds de mon vitalisme une nécessité narcissique vecteur de l’éparpillement, du déploiement d’une volonté d’impact, et d’attraction de milles choses; voilà le produit de l’harmonie cohérente qui gouverne presque tout dans le royaume synaptique de ceux qui en demandent d’avantage à la vie envers et contre toutes les formes de conventions préétablies.
Mais le relativisme à toute épreuve est à rejeter par contre absolument; alors les bons voudraient devenir mauvais et les mauvais devenir bons? C’est stupide; il y à dix ans, je discutais avec la petite soeur d’une aristocrate de la ville où j’ai grandi au sujet d’une passion commune pour le dessin, elle trouvait cela drôle et très approprié de comparer une soudaine envie de dessiner à une « envie de pisser »; il y aurait quelque chose d’horriblement relativiste dans le fait de dire que n’importe quelle autre comparaison aurait trouvé un écho similaire; ou bien encore, dans une optique cherchant à se rapprocher de la nature des imbrication du réel, que cette anecdote fût sélectionnée sans aucune sorte d’adéquation.
Mais cela est plus sordide encore de penser comme un schizoïde de bas étage, que cette mise sur un même plan de toutes les formes de réalités soit en fait une entreprise délibérée de détruire l’échelle de valeur permettant de confirmer ou d’infirmer la grandeur et l’excellence qui menacent de leurs superbe la survie misérable de l’inconscience et de l’irresponsable manque d’abnégation dont les représentants entrainent les autres dans les affres; il faut savoir ce qui est bon pour le vouloir; cela pourrait déplaire aux déterministes, mais qu’importe, à défaut de pouvoir les contredire scientifiquement (ou leurs donner raison d’ailleurs) leurs prisme de lecture rabaisse les purs et anoblis les tyrans; donc ils sont aussi à rejeter absolument; les déterministes ressemblent aux relativistes abusifs.
La créature monstrueuse aux yeux parsemés d’éclairs sanguin et suant de colère de quasiment tous les mythes semble toujours pourchasser l’être pur et animé d’une intériorité naïve et plus discernable que les autres, que penseriez vous alors si dans le conte une entité gardienne guidait le protagoniste fuyard terrifié vers un sable mouvant, un nids de frelons, un couloir tapissé bris de verre, si l’entité pleurait de voir la proie du monstre s’approchant trop près d’une des sorties du labyrinthe et qu’elle riait de voir son protégé trébucher?
Dans une certaine vision de l’aristocratie, les choses sont à leurs place, les grandes lignes directrices sont clairement établies, identifiées, discutées, et transmises une génération après l’autre; mais les choses légères et insignifiantes sont source de joie et invitent à la créativité; il y a aussi une forme de respect dominé par l’obligation morale partagée par ceux qui adhèrent à cette vision et qui consiste à diffuser autant que possible la richesse intellectuelle, comme une bougie qui allume d’autres bougies.
Mais si les choses sont misérables alors l’âme est brouillée, et la compression du signal des choses rends celles qui sont importantes triviales et celles qui comptent réellement reléguées au second plan; vous pourriez dire, si elles n’étaient pas triviales elles seraient trop difficiles à porter et à assumer; vous pouvez souvent observer que les idées accompagnent et s’adaptent à la situation de celui qui les produit, mais il reste la force inertielle décisive bon sang! Ce n'est pas toujours facile d’être l’élève des aristocrates car il faut en un sens feindre d’être leurs égaux dans une perpective d’équilibre aristotélicien; mais c’est une école juste et qui servira dans bien des situations. Et c’est au travers de cet enseignement que réside probablement l’éclat de la vérité qui est rendue possible par l’étude et la communion authentique dont les paramètres sont en général un petit comité, une réception, un lieu consacré et un caractère fondamentalement structurel.
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Données du topic
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- orangatang
- Date de création
- 21 février 2024 à 05:21:27
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