Naître autiste.
Ne pas être diagnostiqué avant l'âge de 33 ans, réaliser qu'aucun foutu adulte en charge durant l'enfance et l'adolescence n'a eu l'idée de prévenir les parents que, peut-être, un truc ne tournait pas tout à fait rond. Le sentiment d'abandon qui en émerge.
Avoir été éduqué par une mère totalement Borderline et perverse narcissique, et un père démissionnaire face à elle (impossible de lui en vouloir).
Se décider à 33 foutues piges d'essayer quand même, de se lancer dans la vie sociale voire, avec un peu de chance, sentimentale.
Constater la brillance des étoiles dans les yeux de pratiquement toutes les jeunes femmes que l'on rencontre sur l'instant grâce à une grande beauté que Dame Nature nous a offerte, puis voir cette brillance disparaitre à mesure qu'elles constatent l'inaptitude sociale du merdier.
Réaliser 5 ans après qu'en plus de l'autisme et de "l'éducation" ultra toxique et castratrice, on a accumulé un retard social et affectif abyssal, et qu'en cela on cumule 3 (trois) facteurs rendant chacun d'entre eux pratiquement impossible toute vie sociale normale.
Trop autiste pour réussir une vie sociale, sentimentale et familiale, mais pas suffisamment pour n'en n'avoir rien à foutre.
Se décider à retourner dans sa grotte, en se disant que finalement ce n'est peut-être pas plus mal.
Se dire que l'on sera finalement heureux avec nos livres, JV, films, puis réaliser qu'en fait ce ne sera plus possible en raison de l'innocence et de l'insouciance perdue durant la période de "socialisation".
Envoyer des messages à une dizaine "d'amis" faits durant cette période, pour leur demander comment ils vont et ce qu'ils deviennent, constater que les trois quarts ne prennent pas la peine de répondre.
Voir les gens mourir autour de soi : 2 qui meurent d'une crise cardiaque à 32 ans, une autre du cancer à 40 ans, un autre qui perd ses 2 jambes dans un accident.
Réaliser qu'on atteint bientôt la mi-vie théorique, que les gens qui meurent autour de soi sont souvent plus jeunes, et qu'on n'a rien (RIEN) foutu de concret de sa vie.
La cataclysmique crise de la quarantaine qui s'annonce.
Ça ce sera la mienne, mais je sais qu'il y a beaucoup de trentenaires qui traînent ici, je suis disposé à parler avec vous de cet ouragan vers lequel on se dirige presque tous, même si j'espère que la plupart d'entre vous ne sont pas des cas aussi particuliers et graves que moi.
Ce soir c'est Whisky Japonais au coin du feu de bois avec une playlist Tinlicker en fond.
