Bonsoir les kheys.
Oui, c'est écœurant d'y songer, seulement, on ne choisit pas. Pour ma part, je plaide coupable ; les preuves accablantes se sont amoncelées au fil des mois, il est impossible de nier ou de réfuter toute responsabilité.
Mais il faut avouer que cette saloperie d'encéphale refuse d'accepter cette hypothèse, et malgré tout, je ne la comprends que trop : le cocon douillet qui m'a vu grandir hors du temps s'est transformé en un véritable tombeau.
À chaque crépuscule de ces ternes jours de printemps, les entrailles des murs gémissent le chagrin de son absence, et font souvent perler quelques larmes sur mes fenêtres. L'amertume de l'air sec, le linoléum glacé, le lit en peine : ce sont mes seuls compagnons de pénitence. La sentence est lourde. Le fardeau d'une telle perpétuité, je ne souhaite à aucun de purger cette peine. Certes, j’aurais pu plaider la démence pour alléger ma peine. Mais je restais condamnée au vide. Le rien, le néant.
La fumée du tabac épaissit l'air de la cellule, l'aiguille trotte et avale les secondes, j'en serais presque capable de palper l'air du temps. Morphée me renie, le fameux marchand de sable me propose dorénavant de tout, sauf de quoi dormir sereinement. Que faire, mis à part lutter pour atteindre l'aurore ? Les débris de cette vie passée, éparpillés dans ces trente mètres carrés, témoignent de la sacre-bleuence de cette neurasthénie.
J'étais manifestement le mauvais cheval. L'aura, autrefois flamboyante et résonnante d'un bout à l'autre de ce petit univers, s’est dissipée pour laisser place à la lueur pernicieuse des ténèbres. Pathétique, la suzeraine a perdu son prince, s'est laissée étouffer par la fraîcheur des nuits, lorsqu'elle fait les cent pas dans son minuscule manoir sans âme. Lorsqu'elle constate son impuissance et sa neurasthénie devant son minuscule royaume mis à feu et à sang.
