On dit de moi que je suis amoureux de moi-même. Cela ne m’étonne pas, car comment reconnaîtrait-on ma disposition à l’amour puisque je n’aime que toi, comment la devinerait-on, puisque je n’aime que toi.
Je suis amoureux de moi-même, - pourquoi ? parce que je suis épris de toi; car c’est toi que j’aime, toi seule et tout ce qui en vérité est à toi, et c’est ainsi que je m’aime moi-même, parce que mon moi t’appartient; si par conséquent je ne t’aimais plus, je cesserais de m’aimer moi-même.
Ce qui aux regards des profanes du monde est l’expression du plus grand égoïsme est donc à tes yeux initiés l’expression de la sympathie la plus pure, ce qui aux regards des profanes du monde est l’expression de la conservation personnelle la plus prosaïque, est à tes yeux sanctifiés l’expression de l’anéantissement le plus enthousiaste de soi-même.