Mea culpa d’un forumeur lambda
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Un forumeur lambda, de ceux qui haïssent les femmes, les esclaves, sans amis, sans argent, au RSA sans réelle perspective d’avenir qui ne sort jamais de sa chambre, écume internet à longueur de journée à attendre que la vie passe.
Je vous fais mon mea culpa, à vous, au monde mais surtout à moi-même;
Je demande pardon d’avoir considéré que les smicards travaillant 35h par semaine et cotisant pour mon RSA étaient de sales esclaves victimes du système, matrixés par ce monde de merde.
Qu’il n’y avait rien à tirer d’eux à part de misérables discussions de PNJ sur la pluie et le beau temps, les enfants, la famille, la sortie du week-end.
D’avoir cru que j’étais supérieur à tous ces gens qui rêvent du French dream, petit crédit, petite maison, petite voiture, grosse Magalax, petit mariage à danser sur du Black M, à jouer à la chaise musicale, à manger de la piémontaise au buffet.
Pardon d’avoir pensé que la caissière de Lidl devrait fermer sa gueule et scanner les articles plutôt que de demander aux clients s’ils allaient accueillir du monde pour Noël.
Pardon d’avoir cru que j’étais supérieur au monde parce que j’étais rejeté à l’école, en décalage, parce qu’on m’a dit et répété que j’étais trop intelligent pour m’intégrer.
D’avoir pensé que 90% de l’humanité m’était inférieure parce que j’ai pas pu discuter de choses intéressantes avec 3 humains random dans ma vie.
Alors que moi je n’ai aucun pouvoir d’achat, je passe Noël seul parce que j’ai pas de fric pour rejoindre ma famille, j’allume pas le chauffage parce que j’ai pas de fric, je suis inscrit aux restos du coeur parce que j’ai pas de fric.
Zéro vie sociale parce que je suis dans une ville dans laquelle je connais personne et que j’ai trop peur de sortir dehors pour arranger les choses. Parce qu’une vie reclus dans ma chambre ne m’a qu’enfermé dans une illusion de confort qui ne représente pas le vrai monde, celui de dehors, celui que les gens de la société côtoient quotidiennement, laissant place à une peur de l’Inconnu avec un grand i, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas prédictible et n’étant pas omniscient, TOUT.
Parce qu’avoir vécu tant d’années sans véritables interactions sociales en a fait quelque chose d’insurmontable, d’inconcevable, de mystère impossible à résoudre; Comment connecter naturellement avec un autre être humain quand on ne le pratique pas ? En arriver à ne pas savoir à quelle fréquence regarder dans les yeux, combien de fois cligner des yeux lors du eye-contact, ne pas savoir accueillir chez soi - Faut-il attendre un temps déterminé avant de proposer à boire ? Faut-il une panoplie de boissons différentes à proposer ? Des gâteaux ? Lesquels ? Et la caissière ? Bordel avec quelle intonation est-ce que je dois dire « Bonjour » ?
Ma seule tentative de travailler a duré 10 jours, ponctués de cauchemars et de crises d’angoisse, il y a 6 ans. Je ne m’en suis jamais remis, j’ai considéré cet échec comme la validation de mon incompatibilité avec ce monde.
Changer ? À quoi bon alors qu’on ne se respecte finalement pas soi-même, parce qu’à force de fuir la réalité, on ne sait pas ce qu’on vaut dans la société. Au fond on le sait, on vaut de la merde puisqu’on est handicapé de la vie et chaque interaction ratée nous confronte à la dure réalité et nous conforte dans l’idée qu’on est une merde.
Mais on s’accroche à l’idée qu’on est en échec parce qu’on est trop intelligent pour le monde, qu’on est supérieur et que c’est pour cette raison qu’on ne peut se conformer à ce monde de merde, c’est notre seule manière de tenir, de nous regarder dans la glace sans fondre en larmes et vouloir en finir.
Alors voilà, fort de cette réalisation, j’ai décidé de m’insérer dans ce monde que je ne connais pas, de le prendre comme il est, de l’aborder sous un oeil plus juste et plus réel. D’accepter d’entrer dans ce cercle qu’on appelle la vie, où l’on travaille pour vivre, où l’on sort voir des amis pour se changer les idées après une dure journée au boulot, où l’on se confronte à l’extérieur tous les jours. Rencontrer les gens, apprendre à les aimer et non plus à les haïr. Puisque c’est la manière naturelle de faire dans notre société.
D’être un rouage remplaçable, parmi d’autres rouages dans une machine infernale qui ne m’attendra pas pour continuer de tourner.
Et putain que j’ai peur, mais c’est ma dernière chance de trouver le bonheur, d’être épanoui.
Souhaitez-moi bonne chance, les prochains mois vont être durs.
Un mois et demi après ce pavé, j'ai trouvé un CDI et je passe bientôt le permis. Le plus dur consistera en ma capacité à supporter le travail (Les échanges sociaux réguliers, les tâches ingrates, gérer les conflits collègues/clients, trouver une nouvelle routine en acceptant de passer la majorité de mon temps dans un lieu qui n'est pas chez moi). Je n'ai cependant toujours pas d'amis, nous verrons une fois sur le terrain à échanger avec des humanoïdes.
À bientôt pour des nouvelles en direction de la Oui-vie, celle dont chaque khey rêve secrètement
Petite mise à jour du plan Yes-life:
J'ai eu mon permis, score de merde parce que je me chiais dessus avec le stress, j'ai cru ne pas l'avoir donc agréable surprise.
J'ai commencé le travail.
Autant les premiers jours sous couvert de nouveauté on nous pardonne de pas tout comprendre, d'être davantage dans l'observation que dans l'action (j'ai cru frôler le bonheur un instant), autant au bout du 5ème jour ( wtf) ils sont beaucoup moins tolérants. Interractions sociales compliquées, anxiété énorme et boule au ventre quasi permanente quand je vois que je fais chier un collègue en posant trop de fois les mêmes questions. On part déjà du principe au bout du 5ème jour que je maîtrise les bases des logiciels et procédés utilisés, donc à chaque erreur ou hésitation je sens que ça casse les burnes et je me sens comme la dernière des merdes. Plusieurs fois par jours je me dis que je ferais mieux d'abandonner, de me casser, que je suis incapable, inutile, un poids insupportable dont les autres veulent se délester. Je suis pétrifié à l'idée que les collègues parlent dans mon dos en disant à quel point je sers à rien, parce que je les ai vu faire ça avec un autre collègue. D'autant plus qu'à presque 30 ans, personne ne s'attend à se retrouver avec ce genre de profil. Je réagis comme un humain perdu et fragile qui aurait 10 à 15 ans de moins. Je sens que mon estime de moi n'a jamais été aussi basse, en tout cas depuis la dernière fois que j'ai été dans ce genre de situation c'est-à-dire à la fac, y'a 5 ans (abandonné car j'arrivais plus à gérer les échanges sociaux avec les autres bien que les cours me plaisaient énormément), hier soir je suis rentré chez moi les larmes aux yeux.
Nonobstant je sais que toutes ces réactions sont irrationnelles et exagérées, je garde en tête le plan yes-life et que c'est en pratiquant que je gagnerai en confiance. J'ai cependant toujours cette pensée en tâche de fond que si l'anxiété n'est plus tenable (on est pas loin) et que ça ne s'améliore pas, je devrais abandonner et admettre que je ne suis pas fait pour ce monde. A moins qu'entre temps je bénéficie d'une béquille médicamenteuse pour supporter cette anxiété.
Mes plans B sont les suivants en cas d'excès de faiblesse et donc d'abandon:
- Reconnaître, auprès d'un psychiatre, que l'anxiété me handicap dans ma vie de tous les jours (perso et pro), rechercher pourquoi et espérer trouver une autre solution que les AD (déjà test, useless) ou pathologie reconnue et donc bénéficier du saint AAH.
- Retourner chez ma mère comme un déchet, l'incarnation de l'échec sur toute la ligne.
Bonne chance
Tu vas rencontrer beaucoup de difficultés, mais persévère, aucune n'est vraiment insurmontable
Je viens seulement de lire la mise à jour
Il ne faut pas que tu te dévalorises comme ça
Renverser la situation comme tu viens de le faire n'est pas à la portée de tout le monde, peut-être que certaines des personnes qui ont passé la vie sur des rails n'en auraient jamais été capables
Cesse donc de te dévaloriser et au contraire, sois fier de ce que tu as déjà accompli
Le 08 mars 2024 à 20:53:23 :
T'as trouvé un travail où ?
Réception dans un hôtel
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Données du topic
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- StalkerAmbulant
- Date de création
- 11 décembre 2023 à 11:29:55
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