O Zeus, pourquoi donc as-tu infligé aux humains ce frauduleux fléau, les femmes, en l'établissant à la lumière du soleil ? Si tu voulais propager la race mortelle, ce n'est pas aux femmes qu'il fallait en demander le moyen : contre de l'or, du fer, ou un poids de bronze déposé dans les temples, les mortels devraient acheter de la semence d'enfants, chacun suivant la valeur du don offert, et habiter des maisons affranchies de l'engeance femelle. Au contraire, pour introduire un fléau à nos foyers, nous commençons par épuiser le trésor domestique. Voici la preuve qu'une femme est grand fléau. Le père qui l'a engendrée et nourrie donne une dot pour l'établir ailleurs, afin de se délivrer d'un mal. De son côté, celui qui a pris chez lui cette fatale engeance est tout aise de mettre de beaux atours à une affreuse idole, et, pour la parer de toilettes, le malheureux ! il vide peu à peu le trésor domestique. Pour lui, pas d'autre alternative : a-t-il la joie de s'être allié à une bonne famille ? il conserve une femme désagréable ; a-t-il pris une bonne épouse, mais des beaux-parents inutiles ? il étouffe un inconvénient par un bien. Le plus commode est d'avoir installé chez soi une nullité, que sa sottise rend inutile. Celle qui a de l'esprit m'est odieuse : qu'il n'y ait pas chez moi de femme aux idées trop hautes pour son sexe ! Car la perversité, Cypris la fait naître surtout chez les femmes d'esprit : l'incapable est préservée de la folie des sens par son intelligence bornée. Auprès des femmes ne devrait pas pénétrer de servante ; c'est la société muette des bêtes sauvages qu'il leur faudrait, pour qu'elles ne pussent adresser la parole à aucune, ni recevoir aucun mot d'elles. On voit au contraire former chez elles des projets pervers que leurs servantes vont porter au-dehors.