Elle est pas particulièrement belle, ni particulièrement moche, elle est sympathique et le rythme de vos échanges s'accélère au fil du temps, tu vois déjà les prémisses d'une aventure sentimentale qui commence à s'écrire et qui viendra, le moment venu, trôner sur la bibliothèque de ta perdition.
Tu connais déjà les combines, elle t'idéalise, voit un homme charmant, courtois, ambitieux là où tu sais qu'il ne réside qu'un pathétique minable jamais à la hauteur mais tu persistes parce qu'au fond de toi, tu te délectes de cette relation, ça te fait du bien, pas d'embrouille, des bons moments, tout ce qui suffit à rendre un homme heureux.
Puis vient l'insistance de plus en plus pesante, elle a la trentaine, elle te fait comprendre qu'elle aimerait plus, elle te regarde avec des yeux attendrissants, t'inonde d'attention et de présents, tu feins de comprendre approximativement ce qu'elle insinue mais au fond de toi tu connais déjà les coulisses de ce spectacle tragi-comique.
Depuis ta dernière rupture, t'es plus capable de considérer le caractère éphémère de toutes choses, t'as profondément conscience que l'engagement amoureux réside dans cet inconnu où le réel possible et impossible s'unissent pour former ta destinée dans toute son imprévisibilité mais la raison ne suffit pas à te faire agir et tu restes passivement au pied de la porte de ton devenir, hésitant à tourner la poignée dans le sens de l'ouverture, confus, lessivé d'avance par l'addition de multiples épreuves que tu trouves profondément insignifiante.
Tu sens déjà le goût de l'amertume dans le creux du palais, les discussions téléphoniques incessantes, la belle-famille, les amis, tu sens déjà la pesanteur de ce masque que tu as déjà porté jadis, les pensées s'enchaînent comme les mouvements d'une danseuse de valse Viennoise et alors qu'elle achève ses derniers mouvements, ta conclusion est sans surprise : tu ne ressens aucun engouement pour cette aventure dont tu te sais déjà perdant.
D'autres kheys dans cette situation ?