Topic de kassimleretour :

Ce passage du Seigneur des Anneaux

  • 1

Par trois fois il cria. Par trois fois, le grand bélier s'abattit. Et soudain, au dernier coup, la Porte du Gondor se brisa. Comme frappée par un sort fulminant, elle vola en éclats : il y eut un éclair saisissant, et les fragments se renversèrent sur le sol.
Vint le Seigneur des Nazgul. Il engouffra la vue, haute forme noire devant les feux de la bataille, tel un nuage de désespoir. Vint le Seigneur des Nazgûl, sous le portail qu'aucun ennemi n'avait encore franchi, et tous fuirent devant lui.
Tous sauf un. Là attendait, silencieux et immobile au milieu de la place devant la Porte, Gandalf monté sur Scadufax : Scadufax, seul des chevaux libres de la terre capable d'endurer l'horreur, impassible, inébranlable, telles les images gravées de Rath Dínen. « Vous ne pouvez entrer ici, dit Gandalf, et l'ombre immense s'arrêta. Retournez à l'abîme préparé pour vous! Demi-tour ! Sombrez dans le néant qui vous attend, vous et votre Maître. Partez ! »
Le Cavalier Noir rejeta son capuchon, et voici ! il portait une couronne royale ; mais elle ne reposait sur aucun crâne visible. Les feux luisaient, rouges, entre celle-ci et les vastes épaules enveloppées de noir. D'une bouche invisible jaillit un rire macabre.
Vieux fou ! dit-il. Vieux fou ! Ceci est mon heure. Ne reconnais-tu pas la Mort quand tu la vois ? Meurs, à présent, et fi de tes malédictions ! » Sur quoi, il leva son épée, et des flammes coururent le long de la lame.

Gandalf ne bougea pas. Mais à cet instant, quelque part dans une cour au fond de la Cité, un coq chanta. Clair et perçant fut son cri, insoucieux de la guerre et de toute sorcellerie, accueillant seulement le matin qui, loin au-dessus des ombres de mort, venait avec l'aurore dans le ciel.
Et, comme en réponse, jaillit au lointain une autre note. Des cors, des cors, encore des cors. Leurs échos sonnaient faiblement contre les flancs du sombre Mindolluin. De grands cors du Nord criant à pleine voix. Le Rohan arrivait enfin.

C'est rare que je frissonne devant un livre, mais la tournure de ce chapitre et sa conclusion pleine de symboliques sont tout simplement grandioses. Le temps s'est figé en l'espace d'un moment, puis l'espoir est apparu... Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu cette scène dans les films, pourtant c'est l'une des plus importantes et favorites de Tolkien lui-même. Quelle occasion raté n'empêche, probablement l'une des scènes des plus grisantes des romans.

If it is of interest, the passages that now move me most, written so long ago that I read them now as if they had been written by someone else, are the end of the chapter Lothlórien (I 365-7), and the horns of the Rohirrim at cockcrow.

J'admets que la lecture est au-dessus du film :(

Le 12 octobre 2023 à 02:08:52 :
J'admets que la lecture est au-dessus du film :(

As-tu déjà lu les livres ?

Le chapitre en question est sublime, probablement l'un de mes favoris, si ce n'est mon favori parmi ceux que j'ai lus jusqu'à présent. Avec le deuxième cité dans la citation de Tolkien ayant lieu suite à la Moria. C'est un long crescendo dans l'enceinte de Minas Tirith, qui se conclut d'une manière totalement inattendue mais épique, juste et pleines de sens avec la métaphore du coq annonçant l'aube.

Je pense que la différence notable entre les livres et les films se ressent particulièrement lors de ce genre de moment. Contrairement aux films qui sont contraints de faire des sacrifices notamment question rythme, un auteur peut prendre tout son temps pour faire mûrir longuement une idée. Surtout Tolkien sait parfaitement bien le faire, il exploite très bien les temps morts pour mettre en place ses idées. Comme le calme avant la tempête.

J'ai eu des frissons aussi, c'est magnifique.

Dans les films, c'est plus la charge juste après qui est mémorable

Il y eut soudain un grand cri, et du Fossé descendirent ceux qui avaient été repoussés dans le Gouffre. Venaient là Gamelin le Vieux et Eomer fils d’Eomund, à côté desquels marchait Gimli le Nain. Il n’avait pas de casque et sa tête était enveloppée d’un bandage teint de sang, mais sa voix était ferme et sonore.
« Quarante-deux, Maître Legolas ! cria-t-il. Hélas ! Ma hache est ébréchée : Le quarante deuxième avait un colletin de fer. Et toi ? »
« Tu me bats d’un, répondit Legolas. Mais je ne te l’accorde pas de mauvaise grâce tant je suis heureux de te voir sur pied ! »

  • 1

Données du topic

Auteur
kassimleretour
Date de création
12 octobre 2023 à 02:04:34
Nb. messages archivés
5
Nb. messages JVC
6
En ligne sur JvArchive 270