Là !
Il y a cet animal qui me pèse, et me nargue,
Qui habite mes nuits comme un riche mendiant;
Il y a cet ennemi assoupi dans mon ombre,
Et qui racle sa langue au râtelier d'une âme...
Unique larme qu'une stalactite largue;
Un bassin; l'agonie d'une anguille lugubre.
...C'est le Manque, ma mie ! et son esprit frappeur
Ravage en une nuit la fumée de mes jours.
Un écrin qui contient la mort dans une aiguille,
La saveur d'un baiser qui doucement fuit.
Monde ! Aveugle affamé engendré d'une plaie !
- Je suis cette faim-là et c'est ce qui me tue,
Car je remue, je traque, et je pique, et je brûle,
Mais ma vie, et mes peines, et mes égarements,
Dans un atermoiement toujours ressuscité,
Vont de ce cri qui cherche et qui heurte le vide.