Je suis SOIGNEUR ANIMALIER, des QUESTIONS ?

Le 24 septembre 2023 à 00:13:19 :
J'aurais adoré faire ça et j'étais prêt à tenter de commencer la reconversion mais ça ma très fortement refroidi quand j'ai entendu dire que t'es très mal payé (commencé au smic et finir à 1500-1700 net en fin de carrière), qu'il y a très très peu de places de dispos qui fait que si tu fais que des stages de découvertes + formation à distance ta quasi aucune chance d'être pris mais que si tu fais l'une des formations sur les 3 seuls sites en France.. ou tu peux le faire ta aussi peu de chance d'être pris, que tu dois bosser les week end, jour fériés etc (bon ça encore c'est normal vu le métier), etc est ce que c'est vrai tout ça?

parce que okai c'est un métier passion et je rêverais de le faire mais il y a des limites, ça me fait déja chier d'être à 1700 net actuellement mais savoir que si je me reconverti la dedans je retournerais au smic en finissant à 1700 net après 30 années d'expériences ça donne pas super envie malgré que le métier puisse être stimulant

Merci pour tes remarques intéressantes et fondamentales pour ceux qui souhaitent faire cette reconversion.

Effectivement c'est assez mal payé par rapport au volume horaire qu'on a, et généralement oui, on tourne autour du SMIC. Maintenant, pour les parcs privés, c'est comme toute entreprise, ça va dépendre de la politique salariale de la direction.
Après, persoent, je fais un peu de crypto à côté et j'ai trouvé quelques failles pour se faire de l'argent facilement dans des casinos en ligne, ce qui fait qu'en plus de mon SMIC de soigneur, je me dégage 700-800€/mois de revenu complémentaire. Donc financièrement ça va je suis à l'aise Ahi

Effectivement, même avec un diplôme en poche, c'est difficile de s'intégrer sur le long terme dans ce métier. C'est pas pour rien qu'on parle de métier passion. Moi je me reconvertir là-dedans, parce que je sais que ça me plaît et que je suis prêt à faire énormément d'effort pour faire décoller ma carrière.
Nonobstant, ceci est facilement explicable par la loi de l'offre et de la demande : Beaucoup de gens veulent faire ce métier, beaucoup trop par rapport au nombre de parcs animaliers en France, donc la concurrence est ruse et l'expérience est importante lors de l'embauche

Généralement, tu fais tes premières pas de salarié en tant que saisonnier. Sachant qu'une saison peu durer 6-7 mois environ. Pour avoir plus de possibilités d'embauche en CDD et CDI, il faut avoir cumulé au moins 1 an d'expérience EN TANT QUE SALARIÉ (c'est totalement injuste mais tes expériences de stage, même si elles sont importantes et pertinentes, ne sont pas prises en compte par les employeurs généralement).

Pour ce qui est des jours fériés et week-end, effectivement, les animaux n'ont ni jours fériés ni week end, donc il faut être là pour eux. Néanmoins, généralement, les plannings sont élaborés de manière à ce que tu puisse avoir certains jours fériés et au moins 2 jours de repos dans la semaine. C'est une question de rotation avec les autres soigneurs de ton équipe. Pour les jours fériés, prennons l'exemple de Noël : Tu pourrais passer Noël au travail en Année 1, avec du repos au jour de l'An, et passer Noël au repos en année 2 avec du travail au jour de l'an.
Moi, là où je suis, j'ai minimum 2 jours de repos dans la semaine et mon volume horaire est très correcte, mais j'ai la chance d'être dans une équipe s'occupant de peu d'espèces, ce qui est bénéfique pour notre bien être et aussi celui des animaux.

Je pense que tu as très bien résumé les points négatifs du métier, et je rajouterais à cela la fatigue physique qu'il engendre, surtout si tu ne fais pas attention à tes postures de travail, sur des tâches répétitives ou du port de charges lourdes. J'ai vu des soigneurs contraints d'arrêter ce métier à 40 ans parce qu'ils n'ont pas su ménager correctement leur corps au travail.

Le 24 septembre 2023 à 10:15:45 :
C'est combien d'année d'étude ? C'est quoi la différence d'avec vétérinaire ?
On trouve facilement du boulot en France ?
Tu gagneras combien au début ?
C'est quoi que tu aimes faire et que tu n'aimes pas faire dans ton boulot ?
Merci

Les années d'études vont dépendre du centre de formation auquel tu postules et de la voie que tu choisis (formation continue ou contrat pro). La MFR de Carquefou, où je suis affilié, propose la formation continue sur un an voire un peu moins il me semble, et les contrat pro durent généralement sur un an. Pour ce qui est des établieres, qui est un autre centre de formation, je ne sais plus où en France, seule la formation continue est proposée, et elle dire sur 2 ans je crois. Je vais te donner des sites proposant la formation, tu consultera chacun d'eux si ça t'intéresse : Tu as donc la triade des formations les plus renommées en France : MFR de Carquefou, CFPPA de Vendôme, CFPPA du Lot à Gramat dont la formation est dispensée sur un parc animalier juste à côté (c'est pas mal pour la pratique). Après, tu as d'autres formations plus récentes mais qui sont legit comme les établieres (mais attention c'est que de la formation continue et ça dure 2 ans, donc en gros t'es pas payé durant tout ce temps), Siane formation, ou encore Fauna formation. A côté de ça, tu as pleins d'autres formations méconnues ect... Mais faut s'en méfier, c'est pas toujours de qualité, et parfois ils mentent sur leur crédibilité auprès des parcs animaliers.

Enfin, tu peux passer par l'école à distance, avec l'IFSA, qui est beaucoup choisie. T'as de la théorie sur une certaine période, puis tu débloques, une fois que t'es évalué sur la théorie, la possibilité de faire des stages en parcs.

TRES IMPOETANT À SAVOIR : Dans les faits, tu n'est pas OBLIGÉ d'avoir une formation de soigneur pour exercer ce métier ! Ce qui prime est l'expérience, et dans les faits, tu peux faire des stages, acquérir de l'expérience et sauter sur des opportunités de postes, sans diplôme de soigneur animalier. J'ai déjà rencontré pas mal de soigneurs qui n'ont pas de diplômes. Mais pour ça, faut être très efficace et investis en stage, avoir du culot et sauter sur la moindre opportunité qui se présente à toi.

Soigneur animalier et vétérinaire n'ont strictement rien à voir. Le titre de "soigneur animalier" est souvent trompeur car il ne traduit pas le fait de SOIGNER les animaux, mais d'en PRENDRE SOIN. T'as n'a pas de formation médicale, ça s'apparente beaucoup au métier d'éleveurs quelque part en fait : Tu nourris t'es animaux, tu entretiens leur milieu, tu réfléchis à des problématiques pour optimiser leur bien être, et tu peux assister uniquement le véto lors d'interventions.

Que ce soit en France où ailleurs, c'est pas facile de trouver du boulot (CF mon pavé précédent sur la loi du marché), mais si tu t'accroches, que tu montres de l'envie là où tu passes, que tu te crée des contact avec les soigneurs là où tu fais tes stages, tu optimises par un facteur 1000 tes chances de décrocher à minima un contrat saisonnier pour lancer ta carrière.

Tu gagnes le SMIC d'entrée et tu as peu de perspectives d'évolutions malheureusement. Même en termes de postes à responsabilités. Tu devenir devenir chef animalier (tu diriges des équipes de soigneurs en gros) mais ça c'est au moins 10 ans d'expérience, et si t'es déter tu peux prendre la direction d'un parc ou créer le tien (mais accroches toi Ahi)

J'aime plusieurs choses dans mon boulot : Le contact aux animaux par les entrainements vétérinaires, l'étude du comportement des animaux pour optimiser leur bien-être, et le contact pédagogique avec le public pour expliquer les missions des parcs zoologiques, casser les clichés autour des zoo, et sensibiliser autour de la perte de biodiversité dans le monde.

Ce que j'aime moins c'est forcément la fatigue physique et mentale que tu peux subir, l'énorme difficulté pour se faire embaucher, et la répétitivité de certaines tâches quotidiennes (et pourtant essentielles).

Le 24 septembre 2023 à 10:16:06 :
Tu penses quoi des zoos en France ?

Les animaux sont bien traités ?

Alors, tes deux questions, je pourrais disserter dessus sur des pages et des pages, mais c'est intéressant.

Je pense que les parcs zoologiques/animaliers sont importants dans la préservation de la biodiversité.
Il y a plusieurs missions attribuées aux parcs : Le financement de projet de protection des espèces In Situ (financer des refuges de chimpanzés au Gabon par exemple, ou encore le soutien financiers de programmes de réhabilitation/conservation des habitats In Situ, bref t'as pleins d'exemples et ce que financent les parcs c'est consultable sur leur site internet dans des rubriques "conservation par exemple") est le mission la plus importante et efficace des parcs. Ils ont ensuite une mission pédagogique pour sensibiliser les visiteurs (encore faudrait il que ces derniers changent de mentalité et viennent dans des parcs pour s'éduquer et pas pour visiter un parc d'attraction), et les groupes scolaires (beaucoup de groupes scolaires sont pris en charge tous les ans, pour les sensibiliser à la protection de la biodiversité). Les parcs ont aussi pour beaucoup, une mission scientifique, avec des éthologues, comportementalistes, biologistes etc... Qui vont étudier le comportement des animaux en captivité pour améliorer leurs conditions de vie notamment... Faut savoir que certains parcs sont rattachés au Musée National d'Histoire Naturel. Enfin, il y a les missions de réintroductions, ce dont le public a à la bouche continuellement, alors que non, ce n'est pas la mission la plus importante et la plus efficace pour proteger la biodiversité.

Pourquoi la réintroduction c'est difficile ?
Parce que ce sont des problématiques multifactiorielles. Il faut réunir beaucoup de conditions pour imaginer une réintroduction, ne serait-ce que de deux individus :

- Il faut décider quelle descendance de quels individus, vont participer à des programmes de réintroduction. Il faut trouver un autre parc, présentant un individus du sexe opposé et génétiquement compatible pour reintroduire un couple (quel intérêt de réintroduire un individus seul qui ne saura pas se reproduire ?).

- Il faut ensuite s'occuper de ces animaux à réintroduire de manière très particulière, en dehors de tout contact avec le public, pour conserver un maximum leur instinct primaire et craintif.

- Il faut des grosses possibilités de financement, parce que bordel ça coûte des sous tout ça, énormément de sous.

- In situ, il décider de la région et de l'habitat spécifique dans lequel tu compte établir cette réintroduction. Donc de ce fait, il faut que cet habitat soit Protégé, sécurisé, viable pour ces animaux. Quel intérêt de réintroduire de la panthère des neiges au Kazakhstan si le braconnage est encore très présent ?
C'est LA PLUS GROSSE contrainte et barrière à la réintroduction. C'est pour cette raison d'ailleurs, que la mission la plus importante des parcs, est de financer des programmes de conservation et de réhabilitation In Situ ! Parce que sans cette tâche de remplie... Pas de réintroduction possible !

- In situ de nouveau, et là c'est un facteur auquel PERSONNE ne pense généralement mais qui est très important : C'est l'avis des populations locales ! Parce que c'est bien beau de vouloir réintroduire de l'éléphant, mais si tu veux le réintroduire sur un habitat en cohabitation avec des agriculteurs, tu vas vite bégayer en apprenant que ces paysans vont accueillir ton éléphant avec leur fusil ! Et oui, ça ne sert à rien de réintroduire une espèces si les population locales qui cohabiteront avec, sont hostiles à sa présence. Là encore, les parcs vont financer des programmes pédagogiques In Situ, pour que les populations locales et surtout les jeunes, soient sensibilisés à la protection de la faune. Ces programmes pédagogiques permettent aussi de financer des efforts de concertation auprès des paysans locaux, pour trouver des compromis, faire un marché, et proposer des solutions pacifiques de cohabitation avec la faune sauvage...

-Enfin, la réintroduction ça se passe en étapes différentes. On ne fait pas passer un animal captif à la liberté totale d'un seul coup, sans étapes transitoire. Ton animal sera perdu dans un environnement qu'il ne connait pas encore, il ne saura pas où aller, ne saura pas comment réagir face aux prédateur, aux proies, ou à l'Homme... Une fois arrivé In Situ, ton animal va devoir passer du temps en semi captivité, avec d'autres individus de la même espèces, pour qu'ils s'acclimate à son nouveau milieu et pour qu'il réactive progressivement don instinct sauvage. Plus le temps va passer, et plus on va lui octroyer de plus grosses surfaces, jusqu'au jour où ça y est, il sera jugé en mesure de survivre en totalement liberté, dans un environnement sain, avec suffisamment de nourriture, et une absence de dangers causés par l'Homme.

Tu te rend compte maintenant du merdier que c'est la réintroduction. Et pour te donner une échelle des temps. Pour un individus, tu met environ 10-15 pour le réintroduire !

Et pourtant, malgré ces difficultés, il existe dans chaque parc des espèces suivies par des programmes européens et mondiaux de réintroduction. Ce sont des espèces en EEP, et elles sont susceptibles, un jour, de produire une descendance potentiellement capable d'être réintroduire dans son milieu naturel.

Il existe plusieurs cas d'espèces qui ont été réintroduites par des parcs. Tu as à titre d'exemple : Le tigre de Sibérie, le cheval de Przewalski, l'oryx algazelle, le tamarin lion doré. En France, les parcs ont grandement contribués au retour du vautour fauve, du gypaète barbu, et très récemment, celui du pygargue à queue blanche, réintroduit par le parc des aigles du Léman.

Au delà de ces cas de réintroduction, le fait de financer et soutenir des programmes de conservation In Situ, permet de sauver et relancer la dynamique de population d'espèces déjà présentes mais très menacées ! Et là des cas, tu en as à la pelle comme le jaguar en Amérique du Sud, les Gorilles de l'ouest et de l'est...

Les détracteurs pourront toujours nier la participation des parcs à ces programmes In Situ, même en leur mettant le bilan comptable devant les yeux, ils continueront de nier car leur combat est idéologique, et non pas écologique.

Dans la majorité de parcs, oui les animaux sont bien traités. Même si certains parcs sont encore dans une vieille mentalité douteuse et mauvaise. Mais généralement, ces mauvais parcs ne sont pas soutenu et affilié à l'AFDPZ qui est en gros une association des parcs zoologiques en France, et l'EAZA, son homologue à l'échelle européenne. Être affilié et reconnu par ces associations, c'est une marque de travail de qualité auprès des animaux et leur bien être.

Maintenant, il y a un poison dans la mentalité anthropocentrée de l'Homme. Ce poison c'est l'anthropomorphisme... prennons un exemple tout bête d'anthropomorphisme : "Oh mais cet enclos est trop petit pour l'animal, il doit être tellement triste, il faut se mettre à sa place un peu". Là, t'as le mal le plus profond des idéologues animalistes. C'est une erreur monumentale de se dire que nous, en tant qu'humains, nous soyons en mesure de nous projeter à la place d'une autre espèce, en lui attribuant notre manière de penser et nos propres besoins.
Tout bêtement, nous, nous avons une représentation de l'enclos, de la captivité... mais l'animal de cet enclos lui, ne va pas spécialement se représenter son enclos comme nous nous le percevons négativement, comme une prison. C'est la morale qui nous pousse à penser ainsi, mais la morale est, jusqu'à preuve du contraire, propre à l'Homme. Généralement, un animal va plutôt concevoir et considérer son enclos comme son territoire, une zone à protéger, bref, il aura une conception primitive de son environnement.
Ensuite, il faut faire attention avec les cas de stéréotypies. Il faut savoir que la stéréotypie, d'un animal, traduisant là, bel et bien un mal être, ne reflète pas forcément un mal être présent, mais parfois un mal être passé, dû à un traumatisme antérieur. Il faut se rendre compte quand dans bien des parcs, des animaux issus d'expérimentation et de labo sont récupérés pour offrir un refuge. Bien souvent ces animaux, arrivent avec des comportements stéréotypiques qui sont le fruit de traumatisme passés, et non de traumatismes présents. Donc, quand vous voyer un félin tourner en rond dans un enclin, dites vous bien que ce comportement ne reflète pas toujours un mal être dû à sa condition actuelle, mais dû à un traumatisme de son passé.

Ensuite, concernant encore la stéréotypie, il faut savoir qu'elle se met en place parfois, à cause du comportement des visiteurs, qui hurlent, tapent sur les vitres comme des sauvages et ont un complètement totalement inapproprié qui déclenche du stress, de l'anxiété chez certains animaux, et donc de la stéréotypie.

Pour ce qui est des cas de stéreotypies causés par un mal être actuel, parce que oui évidemment ça existe, qu'on ne se le cache pas. Dans ce cas là, tous les soigneurs se mobilisent pour optimiser le bien être de cet animal en enrichissant son milieu par de la nourriture cachée partout dans l'enclos (ça occupé l'animal), par l'arrivée de nouveaux congénères, par la conception d'un nouvel enclos... dans tous les cas, des éthologues doivent faire un diagnostic pour déterminer au mieux le mal être, et mieux cibler les solutions à apporter.

Je tiens tout de même à rappeller que les politiques des zoos en France sont de plus en plus tournées vers la créations de grands enclos multi-espèces, en prônant une vision beaucoup plus écosystémique des enclos. Si vous allez à Planète Sauvage ou au safari de Thoiry, vous verrez vers quels genre de structures les parcs français se dirigent.

Maintenant, j'aimerais rappeller l'hypocrisie des visiteurs, qui sont les premiers à crier au bien être animal, mais également les premiers à râler quand ils ne voient pas les animaux !
Vous voulez plus de bien être, bah écoutez, nous on offre des surfaces plus grandes, plus diversifiées, avec du relief topographique, des zones ombragées ect... Donc forcément derrière ça rend l'observation plus difficile. C'est sûr que c'est plus facile de voir un tigre tourner en rond dans un enclos plat et désert de 50m², qu'un tigre sur une surface de plusieurs hectares, avec du boisement et du relief topographique. Mais à un moment donné, il faut choisir ce que vous voulez !