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Perte de sens et depression

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Formé rigoureusement dans les disciplines scientifiques, j'ai longtemps été un fervent défenseur du scientisme, considérant la méthode expérimentale et l'analyse rationnelle comme les seuls vrais baromètres de la vérité. Pourtant, avec le temps et l'observation, j'ai discerné une aspiration profonde de l'homme à quelque chose de plus grand, une soif insatiable de spiritualité. La complexité de la nature humaine ne se limite pas à la vérité; elle réclame une quête de sens qui transcende le cadre matériel

Parmi les plus grandes entraves de l'être humain, il y a la quête incessante, l'attente constante. Dans chacune de ses démarches, il projette ses espoirs, ses désirs. Or, la réalité est rarement l'écho fidèle des désirs du cœur.

Cette observation est aussi ancienne que l'humanité elle-même. La plupart des philosophies et des religions sont nées en réponse à cette dissonance. Le bouddhisme, le stoïcisme, les religions abrahamiques, ne visent-elles pas toutes à harmoniser les désirs humains avec la rigidité implacable de la réalité ? Ne nous enseignent-elles pas toutes que le chemin vers le bonheur passe par l'acceptation de ce qui est, plutôt que par la quête de ce que l'on désire ?

Là où les interprétations divergent, c'est dans la définition de "ce qui est". Pour certains, cela se réfère à l'univers, à la nature. Pour d'autres, c'est une question de destin, voire de volonté divine. Je me fiche épurdement de l'interprétation de cette chose. Les gueguerres "théologiques et scientifiques" sur ce sujet nous font omettre ce qui est commun et nous focalisent sur les différences.

Le caractère sacré, ce qui déifie, n'est pas nécessairement ce qui est intrinsèquement différent de l'homme. Dans de nombreuses croyances, l'essence divine et humaine se mêlent. Si l'univers est considéré comme divin, alors nous en faisons partie. Dans d'autre cas, on préferera faire une distinction d'essence totale entre les deux.

Ce qui distingue réellement le divin, c'est qu'il surpasse la volonté humaine. Il est l'inévitable, l'immuable.

Dans le cadre des religions abrahamiques, quelle est notre position face à cette volonté divine ? Modeste, humble. Notre véritable puissance réside dans notre capacité à contrer nos faiblesses, nos vices, nos péchés, à maîtriser ce qui est en notre pouvoir.

Le stoïcisme partage cette leçon, exhortant à accepter ce qui échappe à notre contrôle.

Ainsi, sans nécessairement embrasser la religion, nous pouvons apprendre de ces perspectives philosophiques. Face à l'inévitable, à la volonté divine ou au destin, l'unique réponse qui préserve notre paix intérieure est l'acceptation. Et la forme la plus pure d'acceptation est celle de l'amour inconditionnel. D'où la fameuse locution Amor fati ou de l'amour de Dieu

Lorsque la société a progressivement abandonné la religion, elle a également renoncé à une forme de sagesse ancestrale. Nietzsche, dans sa vision perspicace, avait prophétisé l'avènement du nihilisme, suggérant que dans l'acte de 'tuer Dieu', nous éradiquerions également des paradigmes essentiels qui guidaient l'humanité face à la réalité. Ces schémas de pensée ne représentaient pas uniquement des rituels ou des croyances, mais constituaient le fondement même de la compréhension humaine de la vie, du sens et de la finalité. Aujourd'hui, notre défi est de redécouvrir cette sagesse, de rechercher à nouveau une signification profonde et durable. Pourtant, la structure même de notre société contemporaine, axée sur la superficialité et le consumérisme, nous éloigne de cette quête. Nous sommes, en quelque sorte, pris au piège dans un vortex de perte de sens, où le superficiel domine et éclipse notre capacité à créer du sens à notre existence

Est-ce cela qui nous rend si malheureux alors que rarement dans l'histoire de l'humanité, nous avons vécu de situations plus confortables ?

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MomentPasses
Date de création
12 septembre 2023 à 23:07:40
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