Un réfugié iranien m’aborde. Il me dit qu’il n’a pas mangé depuis deux jours. Il croit m’attendrir en critiquant le gouvernement iranien. Il ignore que je soutiens l’Iran comme pilier de la lutte anti-impérialiste. Je lui paye quand même un repas. Je ne supporte pas de le savoir affamé. Je suis Sanji.
Elle accepte de passer sa pause avec moi. Nous rions. Un connard vient lui demander de faire quelque chose pour lui. Notre tête-à-tête s’écourte. Quelques heures plus tard, elle se montre cruelle et légère. Je reste sous le charme. Je suis Sanji.
Un chat errant sillonne le rebord d’une fenêtre au rez-de-chaussée d’un immeuble. Je m’approche pour le caresser. Il me mord. Je reste immobile. Il me lèche la main. Il se laisse caresser. Je suis Sanji.
Je ne fantasme pas sur nos ébats. Je ne souhaite pas visualiser son corps nu avant d’avoir eu la chance de le voir véritablement. Je me figure plutôt les recettes que je pourrais lui cuisiner. Je suis Sanji.
Elle porte la robe que je préfère. Je me décide à l’ignorer. Elle me regarde. Je remarque qu’elle ne porte pas de maquillage. Sa beauté, comme une percée dans mon cœur. Je craque. On échange quelques mots. Je suis Sanji.
Je n’ai pas pu la voir aujourd’hui. Les grains du sablier, hors de l’emprise de la gravité, suspendus. Des particules figées dans le vide. Je suis Sanji.
Une femme me complimente. Mon regard, instinctivement, se pose sur sa main gauche, ornée d’une alliance. Je souris sans dire un mot. Ça n’ira pas plus loin. Je suis Sanji.
Elle quitte à peine son petit ami. Une fois montée dans le bus, elle prend place face à moi. Elles et lui échangent un dernier regard complice à travers le carreau du véhicule avant que la distance ne les sépare. Puis ses yeux azurés cherchent les miens. Alors je fuis les siens. Elle est désappointée. Je serre les dents. Je suis Sanji.