Dégoûtée, Léa renonce à sa CARRIÈRE de PROF
Dégoûtée, Léa a renoncé à sa carrière de prof : "L'État veut liquider l'école publique"
Baladée durant plus de dix ans par l'Éducation nationale au détriment de sa vie privée, Léa a fait une croix sur son métier de professeur d'arts plastiques.
Dans la famille de Léa*, le métier d’enseignant est une vocation. Tout le monde ou presque est fonctionnaire dans l’enseignement public alors, naturellement, elle a suivi la voie de ses aïeux en devenant professeur d’arts plastiques : « C’était la seule spécialité manquante », se marre cette fille de deux chefs d’établissement scolaire.
Depuis ses premiers pas en 2008 au sein de l’Éducation nationale, la Bordelaise de 42 ans n’a pourtant plus le cœur à sourire. En 2020, à contre-cœur, elle a même décidé de demander une mise en disponibilité car sa carrière professionnelle n’était plus compatible avec sa vie de famille et menaçait directement son couple.
J'habite à Bordeaux et à chaque fois, j'ai été affectée dans des établissements situés à une heure, voire une heure et demie de transports. Je devais me lever à 5 heures du matin pour aller déposer ma fille chez la nounou et je rentrais chez moi tard le soir. Un jour, mon mari m'a mis un ultimatum : "Maintenant, c'est l'Éducation nationale ou moi !"
Léa
Léa a pourtant persévéré et longtemps rongé son frein. Diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, elle a accepté d’écumer pendant quatre ans la Seine-Saint-Denis, où elle a enseigné dans différents bahuts mais toujours dans un environnement toujours compliqué, voire parfois explosif.
De désillusion en désillusion
Elle évoque, par exemple, des tirs d’arme à feu devant sa salle de classe. Pour autant, de cette époque, elle retient surtout son statut précaire. La prof d’arts plastiques, alors contractuelle, raconte qu’il lui arrivait d’attendre des mois pour recevoir sa paie d’environ 1 700 euros.
Un salaire qu’elle dilapidait en partie dans les transports, sachant qu’elle avait parfois jusqu’à 2 heures de train entre son domicile et son établissement. « Il me restait à peine plus de 1 000 euros au final », calcule Léa.
Pour bénéficier d’un meilleur traitement, l’enseignante s’est alors décidée à passer son Capes (Certificat d’aptitude au professorat du second degré), qu’elle a brillamment obtenu en 2013 en étant parmi les dix meilleurs au niveau national. Dans la foulée, elle est affectée en tant que professeure stagiaire dans un bahut à quatre stations de métro de chez elle.
Des heures sur la route jusqu’à l’accident
« Le paradis », se dit-elle à l’époque. « En fait, il s’est avéré que c’était un établissement pourri. L’enfer sur Terre. Des élèves sortaient de classe pour aller déféquer dans les couloirs. J’avais des élèves qui dormaient dans le métro, d’autres qui n’avaient pas de moyens pour se doucher. J’ai essayé de les aider. J’ai fait plus de social que d’enseignement. »
Après avoir validé son année de stage, synonyme de titularisation, et « enceinte jusqu’aux yeux », elle fait une demande de mutation pour rejoindre son conjoint à Bordeaux où elle souhaite construire sa vie de famille. Bingo ! L’Éducation nationale accepte et Léa saute de joie en étant admise dans l’académie de Bordeaux. Elle finira rapidement par déchanter en étant affectée en Dordogne.
« Je n’avais pas le permis à cette époque. C’était toute une galère, je devais m’organiser pour tout faire en train et à vélo mais mon planning n’avait pas été pensé en conséquence », se rappelle-t-elle. La Bordelaise finit par passer son permis et se tape trois heures de route aller-retour pour aller travailler.
J'étais épuisée, ma vie de famille se détériorait. J'ai fini par avoir un gros accident sur l'autoroute. Un automobiliste a voulu me doubler et en se rabattant, il a dérapé et s'est mis en travers de la route. Je l'ai percuté et sa voiture a fait des tonneaux sur le bas côté. J'étais traumatisée !
Léa
Dès lors, elle se fait suivre par un psychiatre. « J’ai manqué de mourir mais la hiérarchie croyait que je faisais du cinéma », déplore-t-elle. Malgré des documents médicaux appuyant sa demande de mutation près de Bordeaux, Léa n’obtient pas mieux qu’un poste à Bazas. À une heure de route. Elle abandonne.
« Si on nous envoie sur la lune, on doit y aller »
« Au final, j’ai constaté que les postes dans le centre de Bordeaux sont occupés par les contractuels car ils sont en droit de refuser un poste quand on les envoie trop loin. Nous, les fonctionnaires, comme on a un poste garanti à vie, on doit servir. Si on nous envoie sur la lune, on doit y aller ! », image-t-elle.
D’un côté, si l’Éducation nationale laissait le choix aux enseignants, certaines zones ne risqueraient-elles pas d’être désertifiées comme c’est le cas avec les médecins libéraux ? « Peut-être mais en même temps, quand on leur propose des solutions, ils font la fine bouche et ne font aucun effort. »
Avant sa mutation à Bazas, l’enseignante avait proposé à sa hiérarchie d’être affectée à Soulac-sur-Mer, où elle avait l’habitude de passer les vacances d’été et où elle a une maison de famille. Par le biais d’une élue municipale de la station balnéaire située à 1h40 de Bordeaux, Léa avait entendu dire que le poste de professeur d’arts plastiques était attribué à une collègue de Libourne, qui avait donc quatre heures de trajet quotidien à faire.
Je proposais de lui laisser mon poste à Mussidan, à moins d'une heure de son domicile, et j'aurais déménagé à Soulac dans la maison secondaire de mes parents. Même si ce n'était pas mon projet de vie, nous étions prêts à faire ça avec mon mari. Mais la hiérarchie n'a pas voulu de cette solution. "Vous n'êtes pas la première à sacrifier votre vie de famille", m'a-t-on répondu. Ils ont préféré mettre en péril deux postes, avec des centaines d'élèves.
Léa
Pour Léa, cette détérioration de la fonction d’enseignant n’est pas un hasard. « L’État veut liquider l’école publique, dixit qui « coûte un fric de dingue », au profit de l’enseignement privé. On essaye de mettre de côté les enseignants titulaires pour les remplacer par des contractuels au statut précaire. On dégraisse le mammouth avec du personnel jetable. C’est purement politique », croit savoir la Bordelaise de 42 ans, qui a fait le deuil de sa profession « par la force des choses » et s’est reconvertie dans la peinture.
Le 24 août 2023 à 23:47:52 :
Le premier qui lit je l’en****
Je suis sûre que certains liront, perso pas lu
Le 24 août 2023 à 23:48:40 :
boucle
Même pas vrai
Famille de profs
Concours d'art plastique
Se plaint
Le 24 août 2023 à 23:49:03 :
boucle
Preuve ?
Données du topic
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- _minty_
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- 24 août 2023 à 23:47:31
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