Norah Vincent. Ce nom ne vous dit probablement rien. C'était une féministe, lesbienne, anglo-saxonne à cheveux courts. Rien qui éveille beaucoup d'intérêt à première vue. "Une copie d'une copie d'une copie", comme dirait Jack dans Fight Club.
Et pourtant.
Mue par cette curiosité qui pousse à l'exploration, Norah Vincent a fait ce que peu de femmes ont fait : tenter de se mettre à la place d'un homme. 99% des femmes ne parlent que d'elles et de ce que la société leur met dans la tête, et elles croient tout savoir depuis leur position très facile, mais ne savent rien et ne bougent jamais, mentalement, de là.
Quelques jeunes femmes aujourd'hui créent des fakes Tinder d'homme et tombent des nues en se rendant compte à quel point elles sont ignorées, ghostées, voire méprisées dès qu'elles deviennent des hommes aux yeux de leurs consoeurs.
Norah Vincent a fait pareil, mais en allant beaucoup plus loin. Elle a profité de son air naturellement masculin pour s'habiller en homme, costume-cravate, mettre des lunettes d'homme, imiter une voix et des manières masculines et se faire appeler Ned.
C'était en 2003-2005, nettement avant Tinder. Elle en a tiré un livre, "Self-Made Man", qui s'est bien vendu mais que les médias ont beaucoup déformé avant de l'enterrer assez précipitemment.
Et pour cause.
À la base, Norah Vincent était mue par le même animus que n'importe quelle autre femme. Elle voulait éprouver le supposé privilège masculin, en jouir elle-même, et revenir triomphante en hurlant que les hommes menaient une vie facile. Sauf que la réalité est arrivée et c'est tout l'inverse qui s'est produit.
"Quand les gens voient de la faiblesse chez une femme, ils veulent lui venir en aide. Quand les gens voient de la faiblesse chez un homme, ils veulent l'écraser." (https://www.inspiringquotes.us/author/1896-norah-vincent)
"Les femmes supposent que ce qu'elles ne voient pas n'existe pas, ou que ce qu'on ne leur dit pas dans leur langue n'a aucun sens."
"On dit souvent que les hommes parlent plus que les femmes. Mais la plupart des femmes avec qui je suis sortie, même les plus 'passives', parlaient plus que moi. Pendant des heures, je les ai écoutées raconter leur vie dans les moindres détails. Les hommes qu'elles aiment toujours, les hommes dont elles ont divorcé, leurs colocs et collègues de boulot qu'elles détestent, des mauvais souvenirs de leur enfance qu'elles voudraient soi-disant oublier mais adorent raconter encore et encore. Écouter ces femmes m'a fait l'effet d'une lobotomie. Ce qui m'a frappée, c'est leur absence totale de sens social : jamais elles n'ont pensé ce que d'autres, en particulier un mec random d'un premier rendez-vous, pouvait ressentir pendant ces longues heures à les écouter jacasser."
(Il y a quelques années, un mème s'était répandu chez les PUA : "Women Have No Game." Malgré leur hypersociabilité apparente, les femmes n'ont pas de jeu social. Elles n'ont pas de sens de l'effort pour séduire, plaire, se mettre à la place d'autrui... normal quand tout leur est donné depuis toujours, de l'attention masculine favorable aux quota parité en passant par les copines et les amis gays. Elles vivent en mode automatique et dès qu'il s'agit d'en sortir c'est la catastrophe.
A contrario, on ne donne RIEN aux hommes et ils doivent TOUT gagner par des efforts parfois héroïques. Même constat sur le rejet - autant un homme se prendra des dizaines, des centaines de râteaux au cours de sa vie, autant une femme qui se prend UN râteau n'y est pas du tout habituée et peut devenir méchante et agressive. Mais personne ne la traitera de frustrée ou d'incel elle.)
Norah Vincent avait prévu de mener son expérience "être un homme" pendant deux ans.
Elle a dû arrêter au bout de 18 mois. De son propre aveu, elle se sentait tellement maltraitée par les femmes (qui la prenaient pour un homme) qu'elle s'était mise à "détester les femmes" et à avoir de sérieux problèmes émotionnels.
C'était en 2005.
Redevenue une femme, elle a ajouté "je suis vraiment heureuse d'être une femme... surtout maintenant, car je crois qu'être une femme est un privilège." Ses certitudes féministes confortables ruinées par le réel, traumatisée par ses consoeurs, Norah Vincent a fait une grave dépression et été internée en HP.
Elle en a tiré le livre "Self-Made Man" (2006), puis un autre bouquin, "Voluntary Madness" (2008). Les médias ont éludé avec des sophismes sur la "masculinité toxique", qui serait évidemment responsable de la misandrie des femmes, ou des généralités sur "la santé mentale en Amérique".
En réalité, Norah Vincent ne s'est jamais remise de son expérience en tant que "Ned". Pis, elle a plus tard refusé de se soumettre aux trans, ce qui l'a conduite à se faire lyncher comme J. K. Rowling.
Elle est morte d'un suicide assisté dans une clinique suisse le 6 juillet 2022.
Si les femmes étaient mises à la place des hommes, combien finiraient par se suicider ?
.gif ":)")
