Fight Club a fait de moi un homme nouveau

Chapitre 0 : introduction
Cela fait 6 mois que je ne dors plus. Et quand on ne dort pas, tout semble être comme une photocopie. Une photocopie d'une photocopie.
Disney +, Spotify, Youtube Premium, Amazon Prime... Tout était réglé dans ma vie pour que je n'aie plus besoin de m'occuper de moi-même.
Je suis au support informatique d'une entreprise de taille moyenne. Mes journées sont rythmées par Mireille de la compta qui a des problèmes pour entrer des chiffres qu'elle ne comprend pas sur Excel, Jean-Charles qui m'appelle 3x par jour pour me rabaisser devant les filles du marketing qu'il rêve de se taper, malgré son impuissance manifeste, et les réunions durant lesquelles on ne se dit rien.
Je suis célibataire. Je n'ai jamais eu de problèmes avec les femmes, mais depuis quelques années je suis trop fatigué pour chasser.
Je n'ai pas d'amis.
Je vis seul. Je me réveille dans mon lit deux places vide, j'enfile mes écouteurs pour couvrir l'assourdissant silence de la solitude et je pars au travail avec un bol de céréales minable dans le ventre. Quand je rentre le soir, seule l'odeur de renfermé m'attend.
Ma vie est à l'image de mon quotidien. Vide de sens.
Je lis. J'aime Nietzsche et les stoïciens. Grâce à eux, je me rends compte que la seule raison pour laquelle je ne me suicide pas est que j'ai trop peur. Le suicide, et après ? L'enfer j'y suis déjà.
Pour tromper la tristesse, je traîne sur le forum. Un khey conseille le film Fight Club. Je lance Disney+ et je me reconnais. Dès demain, je serai Edouard Norton.

Chapitre 1 : sortir de la matrice
7h00, le réveille sonne. Je suis à nouveau seul. La motivation issue du film est retombée. En fait, je l'ai presque oublié.
J'avale mes céréales en regardant une vidéo de "la meute" de Pyrorca, dont parle le forum. La chance, lui au moins il est entouré et il baise. Je n'ai même plus la force de me masturber.
J'enfile mes écouteurs je lance Spotify et je pars rejoindre l'arrêt de bus.
Par un hasard bienheureux, en lançant une playlist rock, la première chanson à jouer est "Where is my mind" des Pixies. Tout me revient !
Tyler, Marla, Bob, le savon, les bagarres au sous-sol d'un bar crasseux et... le projet chaos ! Il était l'heure pour moi de changer du tout au tout.
Avant de prendre le bus, je m'arrête au petit kiosk dans lequel j'avais l'habitude d'acheter mon RedBull matinal. C'est terminé. Je demande un paquet de cigarettes, un briquet et je ressors déterminé à changer de vie. J'allume avec peine ma première clope et je reprends ma route en direction du bus.
Je dois sortir de cette civilisation qui nous tue à petit feu. Refuser les injections de dopamine et le sentiment de manque de ces applications à abonnement.
J'écrase mon mégot et j'entre dans le bus, Pixies dans les oreilles. Je résilie mes abonnements, supprime Instagram, et lance JVC pour vous raconter mon histoire.
Cette histoire, mes kheys, sera notre histoire.
J'arrive au travail, m'installe à mon poste, mais hors de question de travailler une seconde de plus dans cet open-space. Je sors une cigarette, lance ma messagerie en ligne et écris à de vieilles connaissances pour leur parler de mon grand projet...