Topic de
JSB___-_618
:
il faut faire un stremable avec ça
Supprimé- 1
hop hop hop
racontez au moins la vidéo, c'est impossible de la voir sans compte twitter, c'est facile de la trouver
À Saint-Denis, la rame s’arrêta.
Ils n’étaient plus qu’à une station de
la cité Taubira. Beaucoup de jeunes
montèrent, bruyamment. Certains d’entre
eux, armés de bâtons, dissimulaient leur
visage. L’ambiance changea.
La rame redémarra. Noah, replié sur
lui-même, ne respirait plus. À ses côtés,
Zoé s’efforçait de garder la tête haute.
On la remarqua. Elle tenta de sourire.
« Hé mademoiselle, tu veux
connaître le vrai amour ? »
Les autres riaient. Elle baissa la tête,
avec l’indulgence d’une soeur de charité.
Elle devait lutter contre ses instincts.
C’est sa peur qui avait tort. Et leur
colère à eux était la seule chose juste en
ce monde. Jusqu’ici, Zoé s’en sortait
plutôt bien. Si bien qu’elle n’avait pas
pris l’exacte mesure du changement.
Elle était trop appliquée à se mentir
pour le remarquer. Et même si elle
l’avait remarqué : ses lecteurs
n’admiraient que ses certitudes.
Tempérer son jugement, c’était risquer
de perdre sa petite célébrité, ses
admirateurs, sa reconnaissance et ses
amitiés, et enfin son tout petit soi. Sa
fragile existence.
Jusqu’au bout elle s’accrocherait au
Dieu du Lien Social. En particulier en ce
moment, alors qu’une bande de casseurs
les encerclait, et que l’un d’eux lui
caressait la cuisse. Elle lui avait
doucement écarté la main, il avait
aussitôt recommencé. Un autre jeune
avait ôté sa cagoule, puis s’était
accroupi face à l’antifa. Il avait
approché son visage, tout près. Puis il
l’avait giflé, d’abord doucement.
« Tu vas bouger ou pas ? »
Noah était rouge vif. L’autre le gifla
de nouveau.
« Alors ? »
Une troisième gifle, plus forte. Des
filles gloussèrent.
« Bouge ! »
Une autre, violente.
« Mais bouge ! Pourquoi tu bouges
pas ? »
Noah était tétanisé. Zoé crut qu’il
allait pleurer. Elle allait intervenir, mais
la rame s’arrêta. Les casseurs se
regardèrent. L’agresseur couvrit alors de
sa main le nez de Noah, presque
délicatement, comme s’il allait le bénir.
Soudain, il lui propulsa la tête contre la
cloison, lui écrasant le nez contre le plat
de sa main. Noah tomba à genoux en se
tenant le visage, tandis que les autres
quittaient la rame en riant.
Zoé se pencha vers son ami.
« Ça va ? Tu le sais que ce n’est pas
contre nous.
Je sais. Ces salauds de flics ont
bien réussi leur coup. »
Il saignait du nez. Elle l’aida à
descendre. Il était vexé. Elle pensa à
l’absurdité de la domination masculine.
Cette scène pénible, ils l’effaceraient
vite de leur esprit.
Elle marchait devant lui. Sur les
murs du métro s’affichait la campagne
« Même pas peur », de la RATP, une
vente de pistolets à eau, dont les
bénéfices seraient reversés aux victimes
du terrorisme.
Un peu plus loin, un attroupement.
Au beau milieu d’un adagio, un musicien
s’était fait fracasser le visage contre les
touches d’un piano en libre accès.
Dehors il faisait nuit.
Ils tombèrent alors sur Kaspar, le
jeune blogueur arménien, qui revenait en
courant vers le métro. C’était un
« propagandiste d’extrême droite », ils
se méprisaient en public, mais à force de
se croiser sur le terrain, il leur arrivait
de parler. Il avait l’air de revenir du
front.
« C’est vraiment chaud là. Je me tire
d’ici. »
Elle n’eut rien le temps de lui
demander.
Des gens couraient. Il y avait des
fumées, des gyrophares, beaucoup de
camionnettes de CRS. On entendit des
cris, des bruits sourds, comme des
détonations, des chocs. Il y avait un
incendie à quelques centaines de mètres,
au pied d’une tour. Quelques projectiles
s’abattirent autour d’eux. Une grenade
claqua.
Impressionnés, Zoé et Noah se
réfugièrent auprès des gardes mobiles.
« Restez derrière nous,
Mademoiselle. »
Avec la sécurité, la hargne revint. Ce
fumier de machiste l’appelait
Mademoiselle.
« Parce que la police est censée nous
protéger ? Depuis quand ? »
Le flic lui lança un regard vide,
habitué. Elle jeta dans le sien toute sa
haine.
Plus que jamais elle voulut écrire et
publier. Mener à bien sa mission.
Dans son carnet elle nota : « 22 h à
la cité Taubira. Les flics sont là. On dit
que l’assassin revient toujours sur les
lieux du crime ».
Elle savoura.
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Données du topic
- Auteur
- JSB___-_618
- Date de création
- 1 juillet 2023 à 16:03:35
- Date de suppression
- 10 juillet 2023 à 00:56:00
- Supprimé par
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