Les mêmes dynamiques et représentations coloniales sont aujourd'hui à l’oeuvre sur le sol français.
Les populations africaines issues d’anciennes colonies ont importé sur le sol métropolitain français toutes les dynamiques politiques et représentations coloniales nées sur leur continent dans la période des empires européens.
La police est à ce titre regardée comme l’extension du pouvoir blanc, lequel asservissait hier les populations autochtones du Maghreb et d’Afrique noire, et opprime encore aujourd’hui les descendants de ces mêmes peuples, naturalisés ou non, concentrés dans les quartiers périphériques des métropoles françaises. En quelque sorte, les affrontements qui ont lieu aujourd’hui en France contre la police procèdent des mêmes causes que la lutte menée hier contre les troupes d’occupation européennes. Hier, les populations autochtones qui vivaient sous le joug des empires coloniaux reprochaient, à juste titre, les avantages politiques indus dont jouissaient les Européens. Aujourd’hui, il est fait reproche aux autochtones de France de bénéficier, sur leur propre sol, de « privilèges blancs ».
Autrement dit, aujourd’hui comme hier dans l’empire français, la société tend à s’organiser en catégories politiques à dominante raciale, et non plus en catégories religieuses ou sociales. Le Blanc, en tant qu’il est un Blanc, possèderait des intérêts politiques particuliers, distincts et prééminents sur les intérêts attachés aux autres catégories politiques auxquelles celui-ci pourrait appartenir. Par symétrie, le racisé possèderait lui aussi des intérêts particuliers à raison de sa couleur de peau, essentiellement perçus comme antagonistes aux intérêts des autochtones. Or, la nation française ne pourra vivre indemne de cette représentation si catégorielles des intérêts politiques, car il n’y a plus alors un seul intérêt commun à tout le pays, mais des intérêts tribaux particuliers et concurrents, très catégoriels.
Ainsi, puisque les mêmes dynamiques politiques, consistant en une opposition systématique de populations à raison de leur couleur de peau, sont aujourd’hui à l’oeuvre en France métropolitaine, il serait pertinent de nommer ces affrontements conformément à leur nature politique profonde : une guerre d’indépendance coloniale.