histoire de ne pas avoir rédigé pour rien, je poste ici
pour répondre au khey sur l'arabisation du maghreb
jusque dans la seconde moitié du 12e siècle, le nombre de personnes capables de lire et de comprendre l’arabe était extrêmement réduit au maghreb
lire al-bakri (11e siècle) par exemple qui rapporte qu'en pays barghwata l'on été obligé de recourir à un traducteur pour comprendre les ambassadeurs omeyyades de al-hakam 2
autre exemple, le géographe al-idrisi (12e siècle) qui considérait comme exceptionnel que les tribus des environs de fès connaissent l’arabe
la culture lettrée et le fiqh (jurisprudence) arabo-musulmanes étaient alors mal connues de la majeure partie de la population et ignorées dans des régions entières comme le sud du maroc
la connaissance de l’arabe apportait un prestige qui permettait éventuellement d’affirmer son pouvoir dans les tribus, et parfois au-delà
pour le khey qui a parlé de la diffusion de l'arabe par les mérinides, c'était pour se présenter comme les dignes héritiers des andalous
d'ailleurs, sur le plan linguistique, en parallèle à la diffusion de l’arabe en milieu berbère, inversement, à al-andalus, s'est manifestée une curiosité accrue pour le berbère en milieu andalou
par exemple, des centaines de termes berbères apparaissent dans les traités de pharmacologie du sévillan ibn 'abdun (11e-12e siècle), ou dans les principaux traités de cuisine, que ce soit des noms de recettes (asmas, bzin, etc.) ou de produits utilisés
on trouve aussi des termes berbères dans l'épître de al-shaqundi visant à établir la supériorité de al-andalus et de ses habitants sur le maghreb
l'arabisation du maghreb s'est faite par la migration de centaines de milliers de bédouins arabes banu hilal (et leurs branches banu maqil, banu sulaym...) en provenance de l'arabie et en direction d'abord de l'égypte, puis du maghreb
les historiens parlent de migrations hilaliennes ou d'invasion hilaliennes
elle prend racine au 12e siècle quand une partie du maghreb était gouverné par les émirs zirides qui ont refusé la suzeraineté des fatimides d'égypte
en représailles, les fatimides d'égypte ont expédier ces tribus nomades banu hilal au maghreb où ils finiront par supplanter les pouvoirs zirides et hammadides dans certaines localités, grâce à des jeux d'alliances et du mercenariat
dans un contexte où l'ifriqiya (tunisie) était prise en tenaille entre les normands à l'ouest (qui ont occupé temporairement certaines côtes de l'ifriqiya) et la poussée berbère almohade (en provenance du maroc) à l'est
ces banu hilal se sont d'abord installés au maghreb central (maghrib al-aousat, actuelle algérie) puis au maghrib al-aqsa (maghreb extrême, actuel maroc)
au maroc, ces tribus arabes furent vaincues par les almohades qui vont incorporer ces banu hilal dans l'armée, en échange de nombreux avantages et d'une installation dans les plaines de l'atlantique, les steppes du sud et de l'est de l'atlas
une partie des berbères autochtones furent refoulées vers l'atlas et d'autres, restés dans les plaines, se sont assimilés en se rattachant à une généalogie arabe
c'est donc une deuxième invasion arabe du maghreb après celle du 7e siècle et qui, par le nomadisme de ces tribus, a modifié le paysage et l'économie du maghreb
depuis lors, à partir du 15e siècle, comme l'a justement annoncé ibn khaldoun, les grands états qui se sont succédé au maghreb ne se sont plus revendiqué berbère
pour en savoir plus sur ces invasions hilaliennes, lire les sources arabes contemporaines de ces migrations comme ibn idhari ou ibn khaldoun
mais également des récits chrétiens de l'époque moderne comme ceux de marmol ou de léon l'africain qui racontent l'installation de ces tribus arabes et leur rôle dans l'arabisation du maghreb
