Les souvenirs de la Commune de Paris (1871) de Gustave Lefrançais.
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- Vous savez la nouvelle ?
- Oui. Je viens de lire les affiches.
- Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Cette nuit on a tenté d’enlever les canons de Montmartre. Avertis à temps, les gardes nationaux s’y sont opposés. Les troupes envoyées pour appuyer l’enlèvement ont d’abord essayé de résister, puis ont fraternisé. Vinoy qui les commandait à dû s’enfuir à toutes brides. Un autre général, Lecomte, a été fait prisonnier par ses propres soldats.
- Alors c’est la révolution qui commence. Qu’allez-vous faire ?
Ce truc a duré 2 mois, et on en parle comme si c'etait aussi important que 1789.
Ridicule
Le 30 avril 2023 à 20:46:42 :
Bordel mais qu'on arrete avec cette commune une bonne fois pour toute.
Ce truc a duré 2 mois, et on en parle comme si c'etait aussi important que 1789.
Ridicule
La Révolution de 1789 est une révolution bourgeoise.
Le 28 mars marque la date d’une nouvelle ère sociale. Si la province le comprend, ce peut être la fin de la misère des travailleurs. Mais sans doute elle n’en saura rien. Le gouvernement de Versailles fera tout son possible pour qu’elle ignore ce qui se passe, ou plutôt pour en dénaturer le caractère.
Vermorel [ami de Gustave Lefrançais] aussi a été élu à Montmartre, bien qu’absent, par 13 400 suffrages. Cela prouve que les révolutionnaires n’ont tenu aucun compte des calomnies dont les prétendus républicains du Siècle et de L’Avenir national l’ont abreuvé. Mais, pensais-je à part moi, ce sera un siège vide. Vermorel est parti depuis huit jours chez sa mère, aux environs de Lyon. Du diable s’il reviendra dans la fournaise, alors que nul ne peut vraiment l’accuser d’avoir en quoi que ce soit contribué à l’allumer. Il est sous ce rapport dans une indépendance morale absolue et peut, sans crainte, décliner le mandat dont on l’a investi sans même le consulter.
Quelle n’est pas ma surprise de le rencontrer, le lendemain, en montant l’escalier qui conduit à la salle du Conseil.
- Vous ici ?
- Sans doute. Je regrette seulement de n’être pas arrivé pour la première séance. Mais j’ai dû, pour revenir, lancer sur une fausse piste des agents qui me filaient depuis Lyon. Cela m’a causé un retard de près de dix heures.
- Comment vous êtes-vous décidé à venir ainsi vous jeter dans la bagarre ?
- Où nous resterons probablement tous, je le sais. Mais qu’importe ?… J’ai réfléchi tout un jour, ayant appris mon élection dès lundi, sur ce que j’allais faire. Pas plus que vous et bien d’autres, je suppose, je ne crois au succès de l’entreprise dans les terribles complications où elle va se trouver engagée. Mais il serait vraiment trop facile de s’abriter derrière ce pessimisme pour demeurer les bras croisés en ce moment. Le problème est posé dans de mauvaises conditions, c’est vrai ; mais il n’en faut pas moins tenter de le résoudre. Telle est la réponse que je me suis faite… et me voilà.
C’est bien là l’homme que m’ont fait connaître nos longues conversations à la Conciergerie. Je lui serre la main pour toute réponse. Son entrée produit un certain étonnement. Personne ne s’attendait certainement à le voir venir prendre possession de son siège à la Commune. Quelle différence entre un Tirard et cet homme acceptant, après mûre réflexion, les conséquences - terribles peut-être - d’un mandat qu’il n’a pas sollicité, ni même désiré !1
1. Après presqu’un mois d’agonie, faute de soins, Vermorel mourra de ses blessures à Versailles le 20 juin 1871, veille de son trentième anniversaire.
(...)
Nous rentrons dans la voie plus large, non d’une simple révolution communaliste, mais de la vraie révolution : celle qui se propose non seulement l’affranchissement politique et administratif des communes, mais aussi l’affranchissement économique des travailleurs, la Révolution sociale, enfin. Et, dussions-nous, comme c’est probable, succomber à la tâche, nous aurons du moins fait faire une sérieuse étape à cette révolution.
Tout Paris -bourgeois et prolétaires- est outré d’indignation. Versailles a pris l’initiative de la guerre civile et, sans provocation aucune, a fait tirer sur les nôtres aux avant-postes de Courbevoie. Le plus ignoble des soudards de l’Empire, Galliffet, a ouvert le feu et, qui pis est, a fait fusiller des prisonniers, poussant le cynisme jusqu’à s’en vanter dans une proclamation ! Ce seul acte eût dû le faire révoquer sur-le-champ, s’il n’eût été évidemment d’accord avec Versailles. C’est ainsi que Thiers a voulu prouver à la province qu’il a « enfin réussi à organiser une des plus belles armées que la France ait possédées ». Devant cet acte abominable, la conscience publique s’est soulevée. Je viens de voir quelques commerçants, jusqu’alors indécis, qui prennent ouvertement parti pour la Commune. Près de deux cent mille hommes sont en armes, demandant qu’on les envoie venger l’odieux assassinat commis par Galliffet.
Les Versaillais sont dans Paris ! Ils y ont pénétré hier soir vers cinq heures, par la porte d’Auteuil. Gambon et moi nous avions raison : c’était bien l’objectif de Versailles qui avait constamment dirigé son feu sur ce point.
Bien fait pour ces anarchos qui voulaient défaire la centralisation française
La droite française a sauvé la République
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- -_-COUSINED
- Date de création
- 30 avril 2023 à 20:44:56
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