Je les ai idéalisés, car je les ai connus à une période où la parole était pour moi un luxe. Si je ne la pensais pas, la parole n'existait pas. Et ces gens qui savaient tellement mieux exprimer leur idée, leur musique, qui ne se barraient pas la route de considérations morales. Ils m'ont aidé à m'élever un temps, celui où on est pas encore entré dans la vie active.
Ils m'ont appelé un ami, ils ont cru me voir changer et me dire un jour "qu'est ce qui t'es arrivé ?" en voyant que je commençais à avoir le verbe facile, que je commençais à intégrer à mon entourage d'autres personnes que seulement eux ; mes idées elles aussi prenaient forme. Je lui montrais ma nouvelle sculpture et elle était belle. Je lui montrais ma nouvelle musique et il se mit à pleurer, me déclarant être devenu mon propre maître. Je n'y croyais pas moi-même. C'était trop beau pour être vrai. La réalité était devenue une réalité parallèle. Tout était possible. Tout était en moi.
Quand quelqu'un vous fait une promesse, vous la recevez et la lui renvoyez en retour. Vous venez de lui faire la même promesse, que vous le sachiez ou non.
