C'était mon premier amour, celle qui m'a fait découvrir ça faisait quoi d'être véritablement aimé par une personne, hors famille proche. Elle s'appelait Jenny, un nom magnifique qui lui allait merveilleusement bien... J'avais 9 ans a l'époque, elle 8. Elle était magnifique avec une chevelure blonde qui m'éblouissait.
J'étais ce petit garçon harcelé par toutes les brutes de l'école, mais elle m'avait montré son amour véritable et s'alliait à moi contre mes harceleurs. Elle était mon rayon de soleil, ma seule raison de tenir le coup dans cette petite école rurale. Jenny était dans ma classe. Elle avait effectivement sauté une année, malgré qu'elle ait fait face à des problèmes familiaux graves dans sa petite enfance qu'elle avait trouvé le courage de se confier intimement à moi. Bref, elle était courageuse, intelligente, pure, magnifique. Le destin voulait qu'on finisse ensemble, qu'on vive à 2 un amour inconditionnel et qu'on meurt ensemble enlacés...
...mais seulement voilà. Un terrible jour de Juillet 1951, elle a fait une mauvaise rencontre. Un homme d'une quarantaine d'année, sorti d'asile psychiatrique, l'a enlevé, puis tué dans des conditions que je ne veux même pas imaginer. Le lendemain quand j'ai appris la nouvelle dans la cour de l'école, j'étais comme vidé, lessivé. Je crois que c'est la pire sensation qu'un humain puisse ressentir. C'est littéralement 20 coups de couteau que j'ai reçu dans mon coeur quand la terrible nouvelle est tombée le lendemain, je ne m'en suis tout simplement jamais remis.
Les temps qui ont suivi, j'ai sombré dans un état mélancolique, une dépression majeure quasiment délirante. Le harcèlement scolaire s'est intensifié, mes harceleurs mimait Jenny et faisait des blagues sur le fait qu'elle soit morte (la cruauté des enfants est sans limite). Résultat: décrochage scolaire, puis déscolarisation à 12 ans seulement. Maintenant je vais sur mes 80 ans et il m'arrive encore régulièrement de pleurer et de faire des crises d'angoisse en repensant à Jenny. Durant toute ma vie entière, j'ai été incapable d'avoir de nouvelles copines. Je suis resté isolé pendant 70 années, faisant des aller-retours en hôpital psychiatrique et en me shootant de divers médocs pour tenir le coup. Ma vie a été un véritable enfer mélancolique, une véritable désillusion qui est uniquement due à une malheureuse rencontre. J'ai eu le coeur noué pendant 70 ans, si Jenny n'avait pas emprunté ce petit chemin qu'on avait découvert ensemble la veille pendant qu'on se baladait main dans la main, elle aurait été à mes côtés toute ma vie.
.gif ":)")
