21h36 : c'est l'heure de lister les témoins morts de l'affaire Dutroux. :)
Supprimé- 1
Je commence : Gina Pardaens-Bernaer
Assistante sociale, elle collabore avec le Morkhoven Werkgroep, une association luttant contre les réseaux pédocriminels et les pédophiles sur Internet.
Elle aurait affirmé à plusieurs reprises qu'elle détenait un snuff movie tourné en Belgique, et dans lequel figurerait un ancien associé de Michel Nihoul.
Gina Pardaens-Bernaer se sait menacée. Elle surveille ses arrières, fait des portraits-robots des personnes qui semblent traîner trop souvent autour d’elle, et note les plaques minéralogiques des véhicules qui paraissent la prendre en filature. Parmi ceux-ci, l’immatriculation d’une Mercédès grise qui, plus tard, s’avèrera être celle de l’ancien chauffeur du Dolo, le bar à filles favori de Michel Nihoul.
Dans un rapport, le premier maréchal des logis Geert Vandervelden signale : « Pardaens a reçu des menaces de mort le 13/11/1998 par téléphone. Une personne francophone lui a dit qu'elle pourrait bien être victime d'un accident de la route ou se faire tirer dessus. Son fils aussi était visé lors de cette conversation téléphonique. Cependant, elle n'a pas pu reconnaître la voix. ».
Elle devait faire une déposition le 16 novembre 1998. Toutefois, le 15 novembre, sa voiture s’écrase contre le pilier d’un pont. Pas de traces de freinage, pas d’autopsie. La cause officielle de sa mort sera considérée comme un simple accident de voiture.
José Steppe
Au début des années 80, José Steppe habite le quartier de Marc Dutroux, à Goutroux.
Ancien jeune communiste, Steppe vire à l’extrême-droite.
En avril 1997, il contacte un journaliste. Affirmant détenir des informations sur l’affaire Dutroux, il parle de remettre au journaliste des copies de cassettes vidéo sur lesquelles on peut voir Dutroux et d’autres en train de violer des enfants.
« Il était inquiet », dit un témoin anonyme ; « Un jour, tu me trouveras avec une balle dans la tête », lui aurait dit José Steppe ; il lui aurait encore dit que ces cassettes vidéo, c’était « de la dynamite » ; qu’on pouvait y reconnaître des notables de Charleroi, des politiciens connus. Steppe « ne voulait pas donner la cassette à la police, parce qu’il y avait là, disait-il, trop de gens corrompus qui les feraient certainement disparaître ».
José Steppe souffre d’asthme, et, pour soulager les crises qui l’accablent, il se sert d’un respirateur.
Le 25 avril 1997, quelques jours avant sa rencontre avec le journaliste avec qui il avait pris contact, une femme d’ouvrage de l’hôtel dans lequel il réside découvre son corps dans un couloir, son masque à oxygène recouvre toujours son visage.
Au fond de la bouteille de l’inhalateur, on découvre du Rohypnol (un sédatif, notamment utilisé par Dutroux lors de ses enlèvements).
Bruno Tagliaferro et sa femme Fabienne Jaupart
Bruno est un ferrailleur, sans doute trempe-t-il dans des magouilles. Son épouse, Fabienne Jaupart, est convaincue que son mari est détenteur d'un secret qui met leurs vies en péril.
Elle pense que son époux s’est rendu compte qu’il avait, à son insu, été chargé, du démontage et de la revente des pièces de la Citroën AX qui aurait servi à l’enlèvement de Julie Lejeune et Mélissa Russo.
Bruno Tagliaferro meurt le 4 novembre 1995. Le légiste conclut à un arrêt cardiaque.
Un laboratoire du F.B.I. (consulté par le juge Jean-Marc Connerotte) conclut à un empoisonnement, mais un expert liégeois (désigné ultérieurement par le juge Jacques Langlois) estimera que la production de cyanure par un cadavre en décomposition peut être un phénomène naturel. Malgré les taux de cyanure retrouvés dans le corps de Tagliaferro bien supérieurs à des doses pouvant être « auto-produites », le juge Langlois privilégiera la « mort naturelle » comme explication du décès du ferrailleur de Keumiée.
Quant à son épouse, Fabienne Jaupart, elle est retrouvée morte le 18 décembre 1998. Elle se serait aspergée de méthanol, aurait remis la bouteille sur le meuble à côté de son lit et se serait ensuite mis le feu, non sans avoir pris soin de mettre les pommes de terre à cuire sur le réchaud et de faire tourner le lave-vaisselle.
L’enquête conclut bien évidemment au suicide.
Une ancienne connaissance de Dutroux (Claude Thirault) affirme qu'il parlait, fin 1995, d’un certain Tagliaferro à liquider contre un paiement de 50 000 francs. « Lui et sa femme », précisait-il.
Le juge Connerotte considérait qu’il avait suffisamment d’informations pour accorder une protection policière à la veuve de Bruno Tagliaferro. Après son dessaisissement et la nomination du juge Langlois, la protection policière sera levée.
François Reyskens
Début juillet 1995, les parents de Julie Lejeune et Mélissa Russo, disparues depuis deux semaines, reçoivent un appel téléphonique d’un courtier en assurances, sorte de père adoptif d’un jeune cocaïnomane répondant au nom de François Reyskens.
Ce jeune homme, explique le courtier, déclare avoir rencontré les petites Julie et Mélissa dans un bar aux Pays-Bas.
Aussitôt, Carine Russo, la mère de Mélissa, alerte la gendarmerie de Seraing et un rendez-vous est pris avec le jeune François Reyskens pour le 26 juillet.
François Reyskens meurt, écrasé par un train, deux heures avant ce rendez-vous.
L’enquête conclut au suicide.
« C'est plutôt étrange que, juste à ce moment-là, il finisse sous un train. S'agit-il vraiment d'un accident ? », confie le père de ce dernier.
Michel Piro
Exploitant de bars-restaurants dans la clientèle desquels on retrouve Marc Dutroux, Bernard Weinstein, Michel Lelièvre et Michel Nihoul, il contacte, à trois reprises, la famille de Jean-Denis Lejeune (le père de Julie Lejeune) et lui demande une entrevue à laquelle il souhaite que soit convié le procureur Michel Bourlet. Son intention est, également, d’organiser un souper avec les parents de Julie et de Mélissa, au cours duquel il souhaite faire des révélations sur le sort des deux petites liégeoises.
Plusieurs témoins le diront ; parmi ceux-ci, un indicateur de la B.S.R. de Charleroi affirme que « Piro aurait dit quelques jours avant son décès qu’il allait « balancer » tout ce qu’il savait sur le dossier Julie et Mélissa lors du repas qu’il organisait ». Selon son fils, il aurait dit que « des têtes allaient sauter ».
On ne saura jamais quelles étaient ces révélations : le 5 décembre 1996, il est exécuté, à bout portant, sur un parking d’autoroute, tandis que son épouse est sortie pendant quelques instants du véhicule pour se rendre aux toilettes.
Il en savait long sur le milieu de la prostitution enfantine de la région de Charleroi.
L’enquête sur l’assassinat de Michel Piro conclut au meurtre passionnel. Sa femme, Véronique Laurent, sera condamnée à 15 années de réclusion en tant que commanditaire du meurtre alors que les deux exécutants seront blanchis par un tribunal français qui considèrera que ce dossier n’a aucune consistance.
La rumeur dira que Michel Piro voulait révéler que Julie et Mélissa avaient été « prêtées » à un bar fin 1995.
Une de ces pistes sérieuses que le juge Langlois écartera, non sans avoir veillé auparavant à la baptiser « piste périphérique ». Pendant quatre ans, le dossier Piro fait l’objet à Neufchâteau d’une correspondance envenimée entre le procureur Bourlet qui demande que soit poursuivie l’enquête sur l’entourage de Michel Piro, et le juge d’instruction Langlois qui refuse d’enquêter.
Jean-Jacques Feront
Le 4 mai 1995, la section Jeunesse de la P.J. de Bruxelles reçoit une lettre anonyme contenant des informations sur un pédophile qui vend des photos et des vidéos à caractère sexuel de sa fille de 10 ans.
Ces informations s’avèreront fondées.
Le 11 juillet de la même année, le même informateur déclare avoir vu des photos de Mélissa Russo, proposée avec d’autres enfants à la vente ou à la location par un germanophone dont les initiales figurent sur une chevalière qu’il porte : « K.B. ». Les inspecteurs Speltens et Colson déclarent que cet informateur est fiable, et qu'il a déjà fait ses preuves.
Ils réquisitionnent des spécialistes de la filature, envoient une note au commissariat général dans laquelle ils exposent leur projet, ils demandent, pour le 23 septembre 1995, deux sémaphones (« bipeurs », en français) et deux voitures de service.
Et le temps passe...
Les parquets de Louvain et de Liège se renvoient la responsabilité dans ce dossier comme une patate chaude.
Le commissaire Lamoque dit aux parents de Julie et de Mélissa qu’il n’a jamais compris pourquoi on avait décidé en haut lieu que cela ne pouvait se faire.
On retrouve dans ce volet de l’affaire la substitute Somers, une intervention, ici comme dans le volet sur les témoins X, pour ne pas dire la vérité.
Pour les enquêteurs, « K.B. » évoque tout de suite Klaus Bahr, qui contrôle une grande partie du marché belge du porno dans les années 90.
Klaus Bahr est également décédé depuis lors.
Quand Marc Dutroux est arrêté, onze mois plus tard, et que deux enfants sont libérées de sa cave à Marcinelle (localité que Jean-Jacques Feront avait désignée), les enquêteurs s’arrachent les cheveux, ils expriment leur incompréhension à leur supérieur.
Le 1er mars 2001, Jean-Jacques Feront décède à la suite de deux crises cardiaques consécutives.
Le commissaire Speltens dira devant la Commission parlementaire d’enquête : « Si la magistrature [...] avait laissé la P.J. monter un guet-apens autour de Feront, les gamines auraient peut-être été retrouvées. On ne veut pas aller jusqu’au bout dans cette enquête ».
Le 13 février 2023 à 21:41:40 kodama2 a écrit :
la boucle
Jean-Marc Houdmont
25 février 1997. L’inspecteur Tinant décroche le téléphone dans une annexe du Palais de Justice de Namur. L’homme est chargé du dossier de la disparition d’Élisabeth Brichet, le 20 décembre 1989, à Saint-Servais.
Depuis l’éclatement de l’affaire Dutroux, il s’est, avec ses collègues, remis au travail sur ce dossier.
À l’autre bout du fil, Jean-Marc Houdmont, qui vivait, en 1989, à quelques centaines de mètres de la maison d’Élisabeth.
« J’ai fait une bêtise » déclare Jean-Marc Houdmont, « je veux faire une déclaration ».
Ils conviennent d’un rendez-vous, le jour même, à 11h30, juste le temps pour Jean-Marc Houdmont de faire, en voiture, le chemin qui le sépare des bureaux de la cellule Brichet.
Une heure plus tard, la Toyota Starlet de Jean-Marc Houdmont s’encastre dans une façade sur le bord de la Nationale 76.
L'enquête conclut au suicide puisqu'on n'a relevé aucune trace de freinage.
Le lien avec Dutroux est assez trouble et indirect, mais le nom de Michel Nihoul se trouve dans le dossier de l'enlèvement d'Élisabeth Brichet.
Fait intéressant : Michel Fourniret a avoué le meurtre d'Élisabeth, et son corps a été retrouvé dans le domaine du château du Sautou, demeure de ce dernier.
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Données du topic
- Auteur
- MICI_JVC
- Date de création
- 13 février 2023 à 21:36:09
- Date de suppression
- 13 février 2023 à 21:55:00
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