subhanallah, les exhalaisons de pieds fermentés à l’entrée où tout le monde dépose ses chaussures
observer cette antichambre du paradis où les babouches et les baskets reposent comme des centaines de trésors abandonnés, embaumant l’espace du musc encore frais des orteils poisseux, un amalgame de sueur humide et rance, comme une tempête des sables sur les sens
en profiter pour, discrètement, en affleurer une
viens la salle de prière où tout le monde, assis en tailleur, écoute le prêche de l’imam
moi je suis trop accaparé pour tous ces feets en rangées parfaites, tout le monde est pieds nu comme dans un rêve, moi je suis en état d’éjaculation permanente sur ce tapis que tant de pieds ont foulés, je l’agrippe de ma main comme si j’arrachais l’herbe d’un pré ou que j’effleurais l’onde d’une rivière, je tente de me rassurer que tout cela est réel
vient l’adhan, tout le monde se joint pour exécuter la prière, un silence précède le moment où l’imam commence la sourate al fatiha
la sunnah veut que l’on se colle les orteils entre nous durant la prière, ceci afin d’éviter que le sheytan ne se faufile entre nous, je trouve cette coutume à la fois belle et étrange
puis vient le moment parfait de la prosternation
à ce moment je jouis de la vue des feets du frère en face de moi, pliés sous son train, j’aperçois les stries de sa plante, les croûtes de ses talons
j’ai trop de mal à maintenir mes yeux contre le sol comme je le devrais
il reste encore 3 rakhat, et pour 3 fois j’essaye d’effacer la distance qui me sépare des feets d’en face par la pensée
sonné, à la fin où l’imam prononce la fin de la prière par deux « salamu alaykoum rahmatulah wa barakutu » successifs, je me rend compte que tout ça est fini, je rentre chez moi reprendre mon existence prosaïque, langoureusement, l’air pensif, et je remercie le Très Haut pour cet agape de feets