Dans Eugène Onéguine il fait trois paragraphes au milieu du récit pour parler de son fetish
XXX
Hélas ! j’ai sacrifié une bonne part de ma vie à de
vains amusements. Mais si les mœurs n’en souffraient
pas trop, j’aimerais les bals même à présent. Je me plais à
la franche folie de la jeunesse, à l’éclat, à la joie, à la
foule pressée, aux toilettes savantes des dames. J’adore
leurs petits pieds ; mais, par malheur, c’est à peine si
vous trouveriez dans toute la Russie trois paires de jolis
pieds de femme. Une surtout... longtemps je n’ai pu
l’oublier ; triste et renfrogné que je suis, elle revient en-
core à mon souvenir, et, jusque dans mon sommeil, j’en
entends le doux frôlement.
XXXI
Insensé ! où, quand, dans quel désert, pourras-tu
donc oublier le passé ? Et vous, pieds charmants, où êtes-
vous à cette heure ? où foulez-vous les fleurs du prin-
temps ? Choyés dans la paresse orientale, vous n’avez pas
laissé de traces sur la neige de nos tristes climats. Vous
n’aimiez que le doux attouchement des moelleux tapis.
Combien de temps y a-t-il que j’oubliai pour vous et la
soif de la gloire dont je suis dévoré, et la contrée de mes
pères, et l’exil où je languis ? Tout ce grand bonheur de
mes jeunes années a disparu comme la trace légère lais-
sée sur les champs qu’effleuraient vos pas.
XXXII
Le sein de Diane, les joues de Flore sont charmants,
je l’avoue ; mais le pied de Terpsichore est plus attrayant
pour moi. Je l’aime, Elvina, sous les longues nappes des
tables de banquet, au printemps sur l’herbe des prairies,
en hiver sur le fer des cheminées, sur le parquet miroitant
des salons, sur le granit des rochers qui bordent la mer.