Topic de mastumi :

Myrddin et la créature sans nom

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Au 13ème siècle en Ecosse, il y avait le repaire d’une sorcière rousse se situant dans une forêt. Elle était aussi grande qu’une porte ainsi que sa peau était aussi blanche que de la neige.

Chaque semaine, elle écartelait des lapins crus pour nourrir son animal de compagnie qui ne voulait pas manger des choses cuites, selon lui c’était gâcher la nourriture. Cette étrange créature n’avait pas été nommée par sa maitresse. Il passait son temps à vagabonder près des ruisseaux. Sa peau était tellement fine qu’on voyait ses os. En plus, son crane n’avait pas de cheveux et il se déplaçait à quatre pattes. Ces deux étranges personnes vivaient en toute tranquillité ; plusieurs été, automne, hiver et printemps passèrent.

Un jour d’hiver, un hiver froid comme l’humanité n’avait pas connu depuis des siècles, un homme habillé d’un capuchon et muni d’un bâton s’était perdu dans cette forêt enneigée. Il s’écroula devant la porte, l’étrange créature le ramena à l’intérieur. Il se jeta sur lui, commençant à lui manger sa cuisse. Sa maitresse s’interposa, lui expliqua qu’on ne mange pas quelqu’un encore vivant en lui jetant le lapin. Elle le transporta jusqu’à son lit et s’attela à sa tâche pour le soigner.
Celle-ci observa un corps frêle, néanmoins ses pieds dépassait le lit. Son visage était marqué par le froid, il portait un simple capuchon vert, usé. Il se réveilla quelque jours plus tard.
Lorsqu’il se présenta en tant que Myrddin, il expliqua qu’il était à la recherche d’un Beithir-nimh, un serpent géant venimeux ressemblant à un dragon sans ailes. Myrddin demanda comment elle se nommait. Elle répondit : « Alice, qui êtes-vous ? Je suppose que vous n’êtes pas humain. Donnez le nom de votre espèce ! »

Il se releva et dit qu’il était pressé en prenant son bâton pour sortir en plein blizzard à la recherche du serpent. Alice bloqua la sortie et lui dit qu’il devrait se reposer. Il rétorqua que c’était son problème, ce serpent pourrait détruire des villes entières et il ne voulait pas que cela se produise. Alice lui demanda pourquoi il voulait aller aussi loin pour des humains, ils sont responsables de la mort de nombres de créatures magiques. Il répliqua que la peur pousse les gens à faire l’irréparable, nous devons apprendre à pardonner. En effet, il ne nia pas que le cœur de certains humains est rempli de haine.
Il jeta un rapide coup d’œil sur la créature, il formula : « Quel est son nom ? » On n’entendit que le silence régner dans la pièce. C’est alors que Myrddin commença à dire que tout être vivant mérite un nom, qu’il soit bon ou mauvais et que durant sa vie entière, il n’avait jamais croisé un être vivant sans nom. Alice ne réagissait toujours pas, elle resta passive. Toujours énervé, il la questionna sur son espèce. Elle se remit enfin à parler pour lâcher deux mots, « Et vous ? ». Il tourna en rond en disant que ce n’était pas important, tout ce qui importait était l’instant présent. Alice lui cria qu’il était un hypocrite et lui dit de repartir d’où il venait.
Malgré son expérience, Myrddin s’était laissé aller, il jugea que la situation imposait de rester avec Alice et sa créature sans nom. Il fit ses excuses à Alice d’avoir haussé le ton. Elle accepta ses excuses, non sans mal mais celle-ci ne voulait pas laisser quelqu’un dehors. La sorcière fit qu’elle l’avait trouvé dans un cratère en feu, venu du ciel. Il ne cacha pas sa joie ni sa surprise de pouvoir parler et observer un extraterrestre, tout excité par la nouveauté, ayant presque oublié sa colère.

Il se baissa à son niveau, le mage ne tarda pas à lui demander de décrire sa planète d’origine. La créature eu du mal à s’exprimer, ne parlant que par des bribes de mots. Myrddin a retenu qu’il venait d’un lieu où l’obscurité prime, grandissant dans des souterrains, la nourriture et l’eau sont rares, ce qui a donnée cette forme squelettique à ses habitants. Le cannibalisme et l’anarchie sont les maitres dans ce monde, seul la loi du plus fort fonctionne.
Il proposa Arthur en hommage à un vieil ami, juste et courageux. Elle ne fut pas en mesure de refuser, elle, qui n’avait pas donnée de nom. Ce jour froid d’hiver, un individu venu d’ailleurs ayant bravé moult dangers a été nommé par cet étrange aventurier.

C’est alors qu’il fit ses adieux à Alice et Arthur mais Arthur s’agrippa à lui. Le mage baissa son regard vers celui de son ami, il l’averti que sa destination était dangereuse, et qu’il serait en sécurité ici. A la surprise générale, il dit : « Je veux rester avec mon seul ami sur cette Terre ! »

Prit d’une certaine compassion, il ne put refuser la requête d’un ami demandant de l’aide. Ils partirent de cette chaumière cachée au fin fond d’une forêt écossaise pour repartir vers la civilisation. En chemin, il se rendit compte qu’Arthur ne passerait pas inaperçu. Il lui donna son capuchon, recouvrant à présent le corps de son ami. Lorsqu’il récupéra le bâton, il eu du mal se lever en marchant maladroitement.

Il était comme un enfant apprenant à marcher. En dessous de son capuchon, myrddin portait une simple tunique usée.
Ils arrivèrent à l’aube, à la lisière de la forêt dans un brouillard matinal. Au loin, ils pouvaient vaguement apercevoir des chaumières et seul le souffle du vent. Arthur voulait faire une halte, fatigué de cette nouvelle façon de se déplacer. Ils repartirent en direction de ce village.

Quand ils franchirent les premières habitations, le soleil était déjà haut dans le ciel. Le silence avait laissé la place aux passant. Myrddin conseilla à Arthur de cacher son visage, cela pourrait attirer des problèmes vis-à-vis de l’inquisition. Les marchands étaient déjà installés, ils se dirigèrent vers un cordonnier ambulant.

Il demanda à ce vieil homme s’il avait des vêtements pour ce jeune homme et le marchand fournissait la bonne taille. L’aventurier donna deux pièces de cuivres. Avant de repartir, il se renseigna de la raison de l’arrivée des gens blessées par la route du sud. Le vieillard répondit : « Vous ne savez pas ? Il y a une semaine, un serpent géant a attaqué le village au sud d’ici. L’inquisition a trouvé la sorcière qui a invoqué ce familier. Le lendemain, elle a été mise au bûcher. Malgré la disparition de la sorcière, la bête est toujours là. Son pacte avec ce familier devait être puissant. Juste un conseil, n’allez pas au sud ! »

Myrddin avait habillé Arthur et suivit la route menant au sud. Sur le chemin, ils étaient les seuls à aller dans cette direction. La plupart des réfugiés avait un membre en moins et toussaient. Deux jours de marche plus tard, ils virent un village rasé. En son centre, dormait le serpent.

Il fit signe à Arthur de lui rendre son bâton et de l’attendre à l’abri. Il se mit en route, d’un pas déterminé. Une fois entré dans l’enceinte du village, le serpent se réveilla et regarda autour de lui. Il avait senti une masse d’énergie que dégageait Myrddin et se rua sur le mage.

C’est alors qu’il brandit son bâton, orné de gravures. Il repoussa le serpent jusqu’à l’écraser mais il continua à se débattre. Voyant la trop grande menace qu’il représentait, il se devait de le tuer. Il se rapprocha et hésita avant de lancer une boule de feu, le réduisant en cendre.
Il resta sur place, impassible puis ramassa les cendres de son corps. Il rejoignait calmement Arthur. Son ami demanda s’il il était mort. Il répondit, oui, froidement. Avec les cendres en poche, ils voyagèrent vers de nouveaux horizons.

Nous sommes en l’an 1314. A cette époque le Roi d’Angleterre est Edouard II gouvernant le Pays de galles annexé en 1284. L’écosse venait d’être perdue, cela a engendré des tensions en Angleterre, le Roi a décidé de réorganiser son armée.

Dans ce contexte entre la paix et la guerre, un vieillard en quête d’aventure et de savoir trébucha au milieu d’une forêt. Il vit le bout d’une tête dépasser, se pressa donc de creuser à la force de ses mains. Son âge avancé fit qu’il mit du temps à déterrer le cadavre. A la fois terrifié et fasciné par sa découverte, il examina le corps. Il consigna ce qu’il avait trouvé dans son carnet. En tant que moine, il se dépêcha de rentrer informer ses confrères de cette trouvaille, loin de la civilisation.

Après un mois de marche, il trouva un village où il put se reposer durant deux nuits. Il reprit son chemin jusqu’à l’abbaye, il atteignit son but en une semaine.

Dès son arrivée, il demanda une audience auprès de l’abbé. Il fut reçu dans une pièce peu éclairée, laissant un filament de lumière passer à travers la fenêtre. Ils se saluèrent mutuellement et il rapporta qu’il avait trouvé un cadavre dans une forêt près du Pays de Galles. De sa sacoche, il sorti une touffe de poils noir n’ayant pas vieilli d’un jour, comme s’il venait juste de se séparer d’un animal.

« Montrez, Frère John. » fit l’abbé en tendant sa main. Au simple touché, il eut une certaine attirance et se sentait observé, l’appelant au-delà des plaines, des mers, des océans. Néanmoins il voulait voir, non il devait. Il commença à observer ces poils avec une grande attention, tel un anneau d’une grande valeur, ce n’était que des poils sans importance, ressemblant à ceux d’un bouc, pourtant ses yeux brillaient, les caressant dans un murmure. Il fit signe à John de partir, continuant à fixer sa nouvelle découverte.

Il sorti, ne bougeant plus pendant un court instant. Puis, il se dirigea machinalement vers sa chambre, la porte grinça lorsqu’il l’ouvrit. La pièce était peu éclairée, la lumière du soleil passait à travers la fenêtre. Le bois du lit, rongé par des insectes, les draps troués par les mites.

Il s’allongea péniblement, chaque seconde était un supplice, chaque heure s’écoulait lentement, si lentement que la pluie semblait tomber goute par goute. Malgré la fatigue, sa volonté de dormir, rien ne se passait. Tous les muscles de son corps, ceux de son dos, ses bras, ses mains, gémissaient, étaient à l’agonie, pareil à ceux d’un chevalier se tordant sur le champ de bataille, mourant à petit feu ayant été écrabouillé vivant par des chevaux.

Le moine poussa un cri stridant à travers toute l’abbaye qui alerta ses confrères. Il fut surveillé quelques jours, se tordant toujours de douleur. A l’arrivée du médecin, il était devenu fou, cette douleur l’avait mené au seuil de la mort. Le docteur fut désemparé devant cette horreur. Il dit que ce n’était pas son domaine et s’enfuit, effrayé.

Durant cette affreuse semaine, l’abbé se cacha et resta à l’écart, délaissant son devoir envers dieu et l’abbaye. Les autres moines s’étaient réunis, ils s’accordèrent pour dire qu’il était sous l’emprise d’un démon, il devait être exorcisé. Une lettre avait été rédigée et fut envoyée à un vieil ami exorciste.

Il arriva deux jours plus tard, John était devenu un légume. Les cris s’étaient arrêtés mais il souffrait toujours. Un homme barbu, muni d’un chapeau noir et d’une longue robe noire était venu, il se nommait Richard. Il se pencha sur son patient, il le toucha puis leur dit qu’il avait été maudit par le diable.
Un des moines du nom de David demanda s’il s’agissait bien de l’ange déchu, le roi du monde souterrain. Richard répéta que c’était bien le père du mensonge.

Il dit : « Ce n’est pas un démon ordinaire. C’était le plus beau des anges. Il a été déchu mais demeure le plus puissant. Je suppose que vous le savez. D’habitude les gens requièrent mes services pour des sorcières ou des goblins, pas des démons. Depuis des siècles, personne n’a combattu des démons. Les ouvrages les concernant remontent à l’émergence de l’église Chrétienne. » Il s’excusa et parti se renseigner au Vatican, à Rome.
John voyait une lumière blanche, sa fin approchait.

Personne n’était en mesure de l’aider. Chaque moine avait repris leur routine, sauf David qui s’occupait de le nourrir. Il trouva la mort le jour suivant. David le découvrit inerte, ne respirant plus, les yeux ouvert. Son corps était devenu froid.

Pendant ce temps, l’abbé ne faisait rien ni pour l’enterrer ni pour l’abbaye, seulement la touffe de poils l’importait. Des mois, des semaines et des années passèrent ; l’abbaye était devenue un tas de ruines. Nul ne sut comment elle disparut, personne ne fit attention. Cet incident tomba très vite dans l’oubli.

Un soir orageux d’une pluie battante, un homme muni d’un bâton et d’un capuchon le protégeant de la pluie. Il était accompagné d’un vieillard courbé, possédant un bâton sculpté en forme d’une canne, lui aussi protégé de la pluie. Le jeune homme poussa la porte où se trouvait autrefois l’entrée de l’abbaye. La nature avait repris son droit, le lierre avait recouvert les murs.

Le vieil homme demanda à son ami du nom de Myrddin, la raison de leur venue en ce lieu. Il répondit : « Arthur, mon vieil ami. Tu commences à te faire vieux, ne t’inquiète pas, je veille sur toi. Nous sommes ici pour trouver des réponses où le malin pourrait se trouver. Rappel toi ! Cet inquisiteur fou que nous avons croisés près de Rome. Il a dit que tout avait commencé ici. »

Il trouva un cadavre dévoré par les vers. « Arthur recule, on ne sait jamais » fit Myrddin. Il posa sa main sur le cadavre, une étrange lumière surgit et la personne se remit à respirer. Le cadavre le questionna sur ce qui venait de se passer. Myrddin essaya de le calmer, lui disant qu’ils n’avaient pas beaucoup de temps, s’excusa plusieurs fois. Il demanda son nom. Il répondit John, paniqué. Myrddin continua à s’excuser auprès de John.

Il posa une question, « est-ce que quelque chose s’est passé récemment ».
Il fit oui, qu’il avait trouvé une touffe de poils noir et l’abbé s’était emparé de sa trouvaille. Il prononça la phrase que Myrddin redoutait le plus : « Suis-je mort ? S’il vous plait ! Il fait sombre et froid là-bas. Ne me renvoyez pas » dit-il en pleurant.
Myrddin s’excusa à nouveau, « Chacun vit et meurt un jour, c’est la vie. Vous avez été maudit avant de mourir, par le malin. Il vous a envoyé dans les limbes, vous arriverez en enfer dans quelques années. Je suis désolé. » John continua à supplier Myrddin mais celui-ci le renvoya dans l’obscurité.

« Combien » fit Arthur. Son acolyte lui dit qu’il avait perdu une centaine d’années de sa vie en faisant cet interrogatoire. Il dit qu’ils devraient trouver une auberge à cause de l’orage. Le village le plus proche se trouvait à deux heures de marche. Ils avancèrent dans les chemins boueux, le vent soufflait si fort que les arbres se déracinaient. Des torrents de boue se déversaient dans les pentes. Ils eurent du mal à atteindre leur destination, Arthur peinait à suivre Myrddin. Celui-ci aida le vieillard lorsqu’il eut besoin de se relever ou d’avancer.

L’auberge était modeste, faite en bois. L’insigne arborait un renard roux sculpté grâce à du bois de bouleau. Ils franchirent la porte, tremblant, Arthur garda sa capuche contrairement à Myrddin. Au comptoir, un homme moustachu ayant perdu une grande parti de ses cheveux leur adressa la parole, se pencha vers eux et demanda ce qui menait deux voyageurs à la tombée de la nuit à Fordwid.

Myrddin répondit que c’était pour une affaire. L’aubergiste s’excusa, disant qu’il ne voulait pas l’offenser. Il restait une chambre. Il accepta car il n’avait pas le choix. L’aubergiste parti faire le diner.

Il rassura Arthur qu’il dormira par terre. L’endroit était presque désert, seulement trois ou quatre tables remplissaient l’espace. Ils s’asseyaient, soupirant de fatigue. Une jeune femme blonde arriva pour les boissons. Myrddin prit une bière alors que le vieil homme prit de l’eau. « Clara ! » appela une autre table qui voulait rependre à boire et à manger. Clara se dépêcha de servir les deux amis, elle fit que le repas serait prêt dans le quart d’heure.

Avant que Clara ne reparte, le mage demanda qui était l’homme buvant de la bière près de la fenêtre. Elle dit : « Il s’appelle Mathias, c’est un homme de l’église. Il n’est pas très bavard, cela fait deux mois qu’il est arrivé ici. Il ne fait rien, à part se rendre à l’église. » Myrddin remercia Clara et chuchota à son compagnon qu’il était observé depuis leur arrivée. La serveuse apporta le repas, deux assiettes d’un ragout de viande avec divers légumes.

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mastumi
Date de création
17 janvier 2023 à 21:51:41
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