Topic de Efla168 :

Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses :

  • 1

De cette façon nous serons bien heureux
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n'est-ce pas ? deux pleureurs.

Ô que nous mêlions, âmes soeurs que nous sommes,
A nos voeux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile !

Soyons deux enfants, soyons deux jeunes garçons
Épris de rien et de tout étonnés
Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu'ils sont pardonnés.

:bave:

Je devine, à travers un murmure,
Le contour subtil des voix anciennes
Et dans les lueurs musiciennes,
Amour pâle, une aurore future !

Et mon âme et mon cœur en délires
Ne sont plus qu’une espèce d’œil double
Où tremblote à travers un jour trouble
L’ariette, hélas ! de toutes lyres !

Ô mourir de cette mort seulette
Que s’en vont, cher amour qui t’épeures
Balançant jeunes et vieilles heures !
Ô mourir de cette escarpolette !

:coeur:

Nous sommes les Ingénus
Aux bandeaux plats, à l’œil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu’on lit peu.

Nous allons entrelacés,
Et le jour n’est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d’azur ;

Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu’aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;

 

Et des chapeaux de bergers
Défendent notre fraîcheur,
Et nos robes - si légères -
Sont d’une extrême blancheur ;

Les Richelieux, les Caussades
Et les chevaliers Faublas
Nous prodiguent les œillades,
Les saluts et les « hélas ! »

Mais en vain, et leurs mimiques
Se viennent casser le nez
Devant les plis ironiques
De nos jupons détournés ;

Et notre candeur se raille
Des imaginations
De ces raseurs de muraille,
Bien que parfois nous sentions

Battre nos cœurs sous nos mantes
À des pensers clandestins,
En nous sachant les amants
Futurs des libertins.

:bave:

Ô triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’un garçon.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé.

Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de ce garçon.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon cœur s’en soit allé.

Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il, -
Ce fier exil, ce triste exil ?

Mon âme dit à mon cœur : Sais-je
Moi-même, que nous veut ce piège
D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?

:content:

Le piano que baise une main frêle
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu’avec un très léger bruit d’aile
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant
Rôde discret, épeuré quasiment,
Par le boudoir, longtemps parfumé de Celui.

Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin ?
Qu’as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin ?

:-(

  • 1

Données du topic

Auteur
Efla168
Date de création
8 janvier 2023 à 00:54:24
Nb. messages archivés
5
Nb. messages JVC
5
En ligne sur JvArchive 410