Rien ne me fait plus mal que de voir des images de gens ordinaires dans des situations quotidiennes d'il y a à peine 10 à 15 ans et de réaliser à quel point tout le monde était désinhibé et "réel" et agissait avant que les médias sociaux envahissants ne détruisent tout.
C'est cette vieille idée post-jungienne des deux versions de nous-mêmes, nous-mêmes tels que nous expérimentons le monde et les autres, et nous-mêmes tels que les autres nous perçoivent réellement. Pendant 199 990 ans d'existence humaine, notre propre perception de soi a dominé nos interactions avec le monde.
Mais depuis une dizaine d'années, nous avons été inondés de rappels numériques de la façon dont les autres nous voient réellement. Un coup d'œil sur l'écran de verrouillage nous donne un enregistrement visuel de plusieurs années sur la façon dont nous sommes apparus au monde extérieur. C'est profondément contre nature, ça a été un désastre.
Pour certains, c'est divertissant. Vous vous souvenez d'une fille de la fac, cette jolie blonde du laboratoire bio de deuxième année, celle avec le nez romain et le gros cul. Vous auriez aimé avoir fait un pas à l'époque. Vous recherchez ses photos de bikini granuleux d'études à l'étranger '09. Vous vous branlez furieusement avec eux.
C'est ce que Zuckerberg voulait que ce soit. Ce sont les médias sociaux dans leur forme la plus pure. Vous convainquez cette jolie fille que vous admirez de loin mais que vous êtes trop timide pour lui parler qu'elle devrait télécharger ses photos de bikini de l'époque de George W Bush sur Internet afin que vous puissiez vous branler avec elles.
Mais c'est devenu incontrôlable. Ce qui était censé être un divertissement oisif pour les autistes socialement maladroits pour voir si la fille de leur cours d'introduction au C++ avait un petit ami ou non avant de demander à être son partenaire de projet s'est métastasé en une prison psychologique pour les normies.
Les gens ordinaires étaient toujours plus conscients d'eux-mêmes dès le départ, c'est pourquoi ils portaient Abercrombie et faisaient du sport et allaient à des fêtes et regardaient le football au lieu de traîner dans le club de mathématiques ou de porter des chemises Star Trek ou de parler à d'autres autistes sur Usenet.
Mais les médias sociaux les ont enfermés dans un horrible cycle d'auto-renforcement. Ils voient un enregistrement permanent de leurs pairs en ligne. Ils mettent les meilleures versions d'eux-mêmes dans LEUR dossier permanent en ligne, leurs amis le voient et essaient de les surpasser avec LEURS meilleures versions d'eux-mêmes.
Etc etc à l'infini.
Un certain homme l'appelait "sursocialisation" dont il parlait pourtant dans les années 60. Je ne peux qu'imaginer ce qu'il aurait à dire sur où nous en sommes aujourd'hui. Les campus universitaires des années Nixon pourraient tout aussi bien être l'ancienne Sumer que le mélange social des dix ou vingt dernières années.
Maintenant, tout le monde est surdosé par la perception que les autres ont d'eux. Cela a conduit à une convergence sans précédent du comportement humain. Tout le monde utilise les mêmes manières, tout le monde s'habille avec le même souci du détail, tout le monde parle des mêmes choses sur les mêmes indices.
Peu de choses que nous faisons maintenant ne sont pas filtrées par le consensus toujours oppressant de l'hyper-perception mutuelle.
Même ceux qui croient aller à contre-courant se conforment involontairement à un ensemble de comportements de plus en plus optimisés afin de maximiser l'engagement externe.
Maintenant, tout le monde est Brittany Murphy dans Clueless, la proverbiale nouvelle fille essayant désespérément de s'adapter aux caprices en constante évolution de la clique des filles cool. Seulement au lieu d'Alicia Silverstone, c'est un monstre de silicium couvrant la planète avec des milliards d'yeux qui le regardent quotidiennement.
Et ce n'est que la génération X et la génération Y.
La génération Z est incompréhensiblement pire. Alors que les personnes âgées ont au moins eu la chance de se forger une idée vraiment autonome d'elles-mêmes avant que les médias sociaux ne la brisent et ne la remplacent par un fac-similé participatif, la génération Z n'a connu que la machine.
Vous voyez cela dans la façon dont ils interagissent avec le monde, comment ils interagissent les uns avec les autres. Ils n'ont jamais rien connu d'autre que de se voir comme les autres les voient, et chaque comportement qu'ils adoptent est filtré par leur perception de la façon dont les autres pourraient les percevoir plus tard.
Il y a une raison pour laquelle toutes les pointures de la Silicon Valley ont choisi d'élever leurs propres enfants à la Waldorf, aussi loin que possible de tout appareil électronique.
Cette « enfance » corrompue par les médias sociaux modernes est une prison comportementale, avec tous les éléments du comportement naturel ou de la spontanéité désormais subsumés par la peur de la façon dont les autres pourraient la voir plus tard.
C'est la vieille machine à potins du lycée, longtemps l'ennemi juré de l'exubérance juvénile, mais maintenant elle a été gonflée aux stéroïdes V'ger, et elle a scanné et numérisé tous les aspects de la vie des jeunes, les remplaçant par un fac-similé froid et stérile de ce que signifie être jeune.
Et les enfants qui ont été détruits par cela se sont retirés de presque tous les aspects de l'adolescence telle qu'elle a été vécue au cours des 50 dernières années. Ils ne démarrent pas de groupes, ils ne préparent pas de voitures, ils ne sortent même pas ensemble ou n'ont pas de relations sexuelles. Les données sont terrifiantes.
Et tout cela parce que Mark Zuckerberg voulait se branler sur ses camarades de classe.
Je ne sais pas comment résoudre ce problème, mais je suis à peu près sûr que l'interdiction des écrans tactiles capacitifs, et avec eux l'Internet véritablement démocratisé, serait un bon point de départ.
Il est très probable qu'il s'agisse d'un événement de spéciation spirituelle, et la plupart des personnes exposées au poison mental ne se rétabliront jamais de manière significative. L'effondrement des mariages et des taux de natalité semble étayer cette hypothèse et, à long terme, il pourrait bien s'agir d'un problème qui se corrige d'elle-même.
Mais dans l'intervalle, nous sommes confrontés à quelque chose de presque sans précédent, un monde dans lequel les penseurs les plus libres, ceux qui seront capables d'inverser les dégâts et de construire un avenir meilleur ne sont pas les jeunes, mais ceux qui sont assez âgés pour n'avoir été relativement pas corrompus par la vie numérique.
C'est l'inverse des années 1960.
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c'est absolument faux, la gen babyboomer + la génération X était intellectuellement très très formaté, Internet a permis à une frange de la population Y et Z d'obtenir une certaine ouverture qu'on trouve par ailleurs sur les imageboards ou ce forum.
pour donner de la force 
