Hier, j'ai décidé d'être un éco-citoyen

Je me réveille à 7h, alerté par la lumière que mon volet préalablement laissé ouvert laisse passer, histoire de ne pas avoir besoin de brancher un réveil ou d'allumer une lampe de chevet. Je n'ai pas non plus branché mon téléphone comme j'avais l'habitude de le faire, seulement 12% de batterie, tant pis !

Bien que mon salon et ma chambre soient assez lumineux, ma salle de bain est situé dans un coin plus sombre de mon appartement. J'ai donc tenté l'expérience de prendre une douche dans le noir, quelle expérience ce fut ! Il s'est révélé très amusant de repérer le pommeau, le robinet, la bouteille de shampooing et ma serviette au toucher. J'ai également veillé à ne faire durer ma douche que 5 minutes (mes cheveux n'étaient donc pas totalement rincés, tant pis !) et à utiliser de l'eau froide, on peut dire que ça m'a réveillé !

J'ai réitéré cette expérience nocturne avec mon petit déjeuner. Pas de café ou de pain grillé, qui nécessiteraient l'utilisation d'un appareil électrique, mais une simple mandarine que j'ai trempé dans le dernier yaourt de mon frigo. Pendant que je mangeais, je me suis surpris à écouter le silence. Moi qui était habitué à un fond de musique ou de télévision, j'entendais cette fois les mouches et les mésanges voler. Et je dois avouer que cela m'a reposé, les bruits de la vie sont agréables !

8h, il était l'heure de partir travailler. L'usine que je fréquente depuis maintenant 3 ans a reçu une exemption de sobriété énergétique de la part du gouvernement, je vais donc pouvoir nettoyer les blisters sous cette lumière jaune urine que je n'apprécie guère. J'avoue que si j'avais pu effectuer cette tâche sous le clair-obscur qui occupe mon salon à cet instant, je l'aurais fait !

Je sortais de chez moi. D'habitude, je me serais dirigé vers mon garage retrouver ma Clio bleue, j'aurais lancé le contact et attendu quelques minutes afin de profiter de son chauffage, mais pas cette fois ! J'ai pris soin de bien nouer mon écharpe et de mettre mon pull-over rose (et vu les 5 petits degrés qu'indiquent mon thermomètre, il vaut mieux être bien couvert !) pour affronter les 30 minutes de marche qui m'attendent.

En chemin, je constatais que les lampadaires n'étaient pas allumés. Bien que surprenant, cela donnait à la rue une belle couleur grise uniforme. J'ai croisé peu de monde sur mon chemin, exceptés quelques jeunes en vélo. Si même la jeune génération prend déjà les bonnes habitudes, c'est de bon augure pour la suite ! A quelques centaines de mètres de l'usine, je vis cette boulangerie dont les odeurs avaient l'habitude de titiller mes narines. Elle était éteinte cette fois, et fardée d'un volet métallique. J'aurais aimé goûter leurs pains au chocolat mais tant pis !

Cette journée de travail ne fut pas désagréable. Je remarquais que la plupart de mes collègues avaient amené leur propre gamelle pour le midi, plutôt que d'aller à la cafétéria. J'appris ensuite que celle-ci était fermée jusqu'à nouvel ordre. Ce n'est pas grave, c'est l'occasion de changer d'alimentation.

A 18h, ma journée de travail prenait fin. Je tronquais le tablier industriel pour mon épais manteau, puis je repris le chemin de la maison. Alors que j'entrais dans ma rue je me fis alpaguer par un policier. Celui-ci était armé et accompagné de ses collègues. Il me demanda mes papiers puis ce que je faisais ici alors que la nuit commençait à tomber. "Je rentre du travail, j'habite juste là" lui dis-je en en pointant le doigt vers ma résidence. "Vous savez qu'c'est pas très prudent d'être là monsieur ?" me répondit-il. Je lui rétorqua que oui, mais que j'avais décidé de faire mes trajets à pied dorénavant, ce qui m'obligeait à rentrer à une heure plus tardive. A ces mots, il passa de la méfiance au sourire et me rendit mes papiers en me disant "C'est une très bonne chose, bonne soirée monsieur". Je compris alors que je n'avais rien fait de mal et qu'il n'avait donc rien à me reprocher ; la vie est simple lorsqu'on est innocent, n'est-ce pas ?

Arrivé au pied de mon immeuble, je constatai que la porte vitrée était entrouverte, et que la serrure des caves avait été violée. Je fus bien heureux que la mienne fut vide ! Ce genre d'incidents est déjà arrivé par le passé, il n'y a à mon avis pas de quoi s'en inquiéter outre mesure. Après avoir monté les 5 étages d'escaliers, j'ouvris ma porte et m'affala sur le divan. Je suis plus fatigué que d'habitude, c'est sûrement la marche, je manque décidément d'activité physique mais mon nouveau train de vie me donnera l'occasion de m'y faire !

J'allumai une bougie et me saisit machinalement de la télécommande avant de me reprendre : lire un livre serait plus souhaitable. Je passai donc une bonne heure à bouquiner avant de m'assoupir. Vers 20h, je me suis permis une gourmandise : des tranches de pain de mie accompagnées d'une tablette de chocolat ! Je dégustai mon singulier repas dans le même silence que ce matin. Je me pris même au jeu de "chasser" les appareils que j'aurais pu oublier de débrancher, comme ma box internet. Heureusement rien ne dépassait, et je me senti alors en ordre, comme si tout était tel qu'il fallait que cela soit. Cette agréable sensation m'accompagna jusqu'à mon coucher, à 22 heures. Mes yeux se fermèrent alors que j'esquissais un sourire satisfait : "Finalement, ce n'est pas si difficile".