Soulignant qu’aujourd’hui, la croissance démographique dans les pays riches est essentiellement due à la migration, l’auteur d’un livre référence sur le sujet, La Ruée vers l’Europe (éditions Grasset), affirme que ceux qui partent d’Afrique proviennent de la classe moyenne émergente. Il faut avoir une mise de départ entre 3.500 et 5.000 euros pour pouvoir tout mettre en place. Donc, ce ne sont pas les plus misérables qui partent, ce sont ceux qui s’en sortent. C’est une perte nette pour les pays africains, note-t-il sur Europe 1.
Stephen Smith souligne également ce paradoxe : quand une population en Afrique accède à un niveau de prospérité, qui reste modeste, elle a tendance à partir pour rejoindre l’Europe. Un constat qui ne vient toutefois pas remettre en cause l’aide au développement fournie par les pays riches aux États africains, et notamment les plus modestes. Il faut passer par là parce que personne ne souhaite qu’une partie du monde, en l’occurrence l’Afrique subsaharienne, reste sous-développée, argumente le professeur américain.
Celui-ci dresse le parallèle avec la frontière États-Unis-Mexique, où désormais, il remarque que ce sont plutôt des personnes originaires d’Amérique centrale qui essayent de traverser la frontière. Les Mexicains ont passé ce seuil de prospérité qui leur permet de rester chez eux, parmi les leurs, et d’y gagner leur vie. C’est toujours préférable à un exil, même si le niveau de vie reste inférieur. L’Afrique va passer par le même stade, assure l’universitaire au micro de Dimitri Pavlenko.
Selon lui, la population africaine va d’abord migrer plus massivement et ensuite cesser de migrer en quantité importante. L’évolution démographique du continent, qui devrait passer de 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui à 2,5 milliards d’individus "dans moins de 30 ans", pose la question de la cohabitation entre l’Afrique et l’Europe.