Je me souviens à peine des jours qui ont précédé ma transformation en homme de tungstène. Comme ces jours semblent lointains maintenant. Je me moque des philistins qui évoluent encore dans un monde dépourvu de tungstène, ces moribonds aux épaules fines dépourvus des facultés extraordinaires conférés par l'expérience de la charge de ce métal. Ha, quels idiots, béats dans leur ignorance, anesthésiés par leur manque de lutte significative, dépourvus de passion.
Nietzsche a dit un jour qu'un homme qui a un pourquoi peut supporter presque n'importe quel comment. Mais un homme qui a un cube de tungstène peut supporter n'importe quel objet moins dense, et toute cette discussion sur le pourquoi et le comment devient inutile.
Schopenhauer a dit un jour que chaque homme prend les limites de son propre champ de vision pour les limites du monde. Le tungstène élargit les limites du champ de vision d'un homme en lui montrant un exemple de densité accrue, comparativement aux autres objets du quotidien auxquels il était auparavant habitué, ce qui leur donne un aspect léger et aérien. Qui peut se lamenter sur la tragédie de la vie, lorsqu'il est entouré d'objets aussi légers ? Qui peut pleurer dans un monde fait de mousse de polystyrène et de coussins ?
Avez-vous seulement réalisé ? Ce n'est pas un métal ordinaire. Dans ce métal se trouve le potentiel alchimique de transformer votre monde, en métamorphosant vos espérances. Ceux qui n'ont pas encore tenu un cube dans leurs mains et dans leur bouche ne comprendront pas, car ils vivent encore dans un monde de densité normale, comme les habitants de la caverne de Platon. Ceux qui ont ouvert leur esprit à la densité du tungstène modifieront en conséquence leurs attentes en matière de poids et de densité...
Je suis assis ici avec le cube de tungstène, transcendé, au-dessus de la mort elle-même. Car, dans la mesure où ce cube de tungstène est éternel, je suis en présence de l'immortalité.
