LE GRAND ÉCHIQUIER

MONDE

• Eurasie est le pivot du monde et doit, à ce titre, être dominée par les élites étatsuniennes, qui doivent identifier les pays ou dirigeants susceptibles de provoquer une modification des rapports de force afin de les coopter ou de les contrôler.
• Pour les élites étatsuniennes, le pire scénario est une grande coalition entre Pékin, Moscou et, peut-être, Téhéran. Dans un tel cas, Pékin serait probablement le chef et Moscou serait un suiveur.
• Les élites étatsuniennes doivent également se méfier d'un grand réalignement européen, à savoir une collusion entre Berlin et Moscou ou entre Paris et Moscou.
• Les élites étatsuniennes doivent soutenir les grandes institutions mondiales, telles que FMI, dans lesquelles elles disposent d'une influence forte.

EUROPE

• L'union européenne ne peut devenir une nation, du fait de la ténacité des diverses traditions nationales mais peut devenir une entité qui, par des institutions politiques communes, reflète des valeurs démocratiques communes.
• OTAN est le principal lien entre Amérique du Nord et Europe et assure le principal mécanisme d'exercice de l'influence étatsunienne sur les affaires européennes, ainsi que cela justifie la présence du pays sur le sol européen. L'unité européenne obligerait l'organisation à devenir un partenariat égal et non plus une alliance avec un pouvoir hégémonique et des vassaux.
• Royaume-Uni est un pays très important mais n'est pas un joueur géo-stratégiquement majeur ou actif de l'échiquier eurasien. Cela est dû à trois facteurs : D'abord, son déclin depuis la première guerre mondiale l'empêche de jouer son ancien rôle d'arbitre. Ensuite, le pays a décidé de ne pas être un membre constructif de l'union européenne, ce qui l'isole. Enfin, du fait de son attachement à l'idée d'une relation spéciale avec Washington, Londres se repose sur son partenaire atlantique et est ainsi devenu, de son propre vouloir, insignifiant. Le pays est donc maintenant un vassal loyal, une base militaire américaine vitale et un partenaire majeur dans le domaine du renseignement.
• La république française est une des cinq joueuses principales de l'échiquier eurasien. Les élites françaises souhaitent créer un continent différent de ce que souhaitent les élites allemandes, avec une moindre importance américaine. Afin de compenser sa faiblesse sur l'échiquier, cela met en concurrence Londres et Berlin et, parfois, Moscou et Washington. Paris cherche à jouer un rôle de noyau décisionnel dans le cadre d'une coopération nord-africaine. La possession de l'arme nucléaire et son siège permanent au conseil de sécurité des nations unies assurent une importance mondiale. Afin de ne pas laisser la république fédérale d'Allemagne être la puissance dominante du continent, les élites françaises l'ont incitée à rejoindre l'union européenne et la zone euro, où cela ne dispose plus que d'une voix parmi d'autres. Après la réunification du pays, la république française a à nouveau rejoint le commandement de l'alliance afin d'y peser plus face à la république fédérale d'Allemagne dans les questions européennes.
• La république fédérale d'Allemagne est une des cinq joueuses principales de l'échiquier eurasien. De plus en plus consciente de son rôle à part en Europe du fait de ses poids économiques, les élites allemandes souhaitent fidéliser le centre du continent. Cela dispose théoriquement de la possibilité de nouer un partenariat puissant avec Moscou, du fait de sa géographie. Les élites étatsuniennes préfèrent un commandement allemand plutôt que français sur le continent mais cela a pour conséquence d'inciter Paris à se tourner vers Moscou et Londres pour contrebalancer Berlin.
• La république de Pologne est trop faible pour être une joueuse géostratégique et sa seule option pour peser est de s'intégrer aux pays occidentaux. Si les élites allemandes souhaitent se projeter vers l'est du continent, elles doivent courtiser les élites polonaises, qui ouvrent l'accès à Kyiv, Minsk, Riga, Tallinn et Vilnius.
• Ukraine est une des principaux pivots géopolitiques de l'échiquier eurasien, car sans ce pays sous sa domination, Russie cesse d'être un empire eurasien. Russie pourrait chercher à obtenir un statut impérial sans contrôler Ukraine mais serait alors réduite à un empire asiatique. Le contrôle d'Ukraine est important car cela s'agit d'un pays riche qui permet d'utiliser la mer noire librement et notamment de commercer sans partage. Si Ukraine venait à perdre son indépendance, Pologne hériterait de son statut de pivot géopolitique et frontière de l'est d'Europe.
• La fédération de Russie est le principal pays qui occupe la zone centrale d'Eurasie. Son endiguement est nécessaire à la préservation de l'hégémonie étatsunienne dès lors que le pays ne devient pas démocratique et continue de chercher à atteindre une domination internationale.

ASIE

• Japon est essentiellement un protectorat étatsunien. Cela s'agit d'un pays très important mais ce n'est pas un joueur géo-stratégiquement majeur ou actif de l'échiquier eurasien. La relation bilatérale avec Tokyo est la plus importante de toutes pour Washington. Le pays a un potentiel géopolitique important mais rechigne à une domination régionale. Afin de ne pas réveiller le dragon endormi, les élites étatsuniennes doivent très subtilement cultiver la mentalité japonaise de la retenue sur la scène internationale. En l'état actuel des choses, les forces navales japonaises d'autodéfense sont des extensions de la présence militaire étatsunienne dans la région.
• La république populaire de Chine est l'une des joueuses principales de l'échiquier eurasien. Puissance régionale, cela va nourrir des ambitions internationales, qui passeront par la résolution de la question du statut de Taïwan. Les élites chinoises vont aussi s'intéresser aux pays désormais indépendants de l'union soviétique qui se trouvent à sa frontière occidentale, ce qui nourrira des tensions avec Moscou. Washington peut l'intégrer à l'ordre économique libéral international afin que le pays s'enrichisse et se libéralise mais le pari est risqué car le pays pourrait devenir plus puissante, tout en conservant son système non-démocratique.
• La république de Corée est l'une des principaux pivots géopolitiques de l'échiquier eurasien. Allié de Washington, le pays lui permet de stationner des militaires pour fermer Eurasie, ce qui réduisent les poids militaires étatsuniens au Japon et, ainsi, les velléités indépendantistes japonaises. Les élites étatsuniennes doivent veiller à ce que l'influence chinoise ne croisse pas.
• La république populaire démocratique de Corée est une zone-tampon utilisée par Pékin pour prévenir la réunification d'un pays sous égide étatsunienne. Pékin a tout intérêt à ce que, tant que la république de Corée reste proche de Washington, la république populaire démocratique de Corée subsiste.
• Taïwan peut devenir un pivot géopolitique si Pékin fait de sa reconquête un objectif stratégique. Une conquête de Taïwan par Pékin remettrait en cause la crédibilité étatsunienne en Extrême Orient.
• La république islamique d'Iran est une joueuse majeure de l'échiquier eurasien et est en même temps un pays géo-stratégiquement assez actif. Washington ne doit pas se poser comme l'antagoniste de Téhéran et Pékin à la fois. S'allier avec Téhéran permettrait de faire baisser la pression sur la république d'Azerbaïdjan, pays clef pour l'acheminement des ressources vers les pays occidentaux.
• La république du Kazakhstan va progressivement craindre la sinisation de son pays et devrait se tourner vers Moscou pour préserver sa dimension slave. Dans ce cas, la république kirghize et la république du Tadjikistan tomberont en même temps dans la sphère d'influence de Moscou.
• La république d'Inde est l'une des cinq joueuses principales de l'échiquier eurasien. Puissance régionale récente, le pays pourrait se projeter au niveau mondial dans le futur. Cela s'agit du plus puissant puisant sud-asiatique. Le pays est moins susceptible que la république populaire de Chine et la fédération de Russie de poser un problème aux intérêts étatsuniens.
• La république islamique du Pakistan doit être soutenue dans son influence sur l'émirat islamique d'Afghanistan, car cela permet de désenclaver la république du Turkménistan et de faire transiter ses ressources par la mer d'Arabie.
• La république d'Indonésie est le plus important pays sud-est-asiatique mais sa capacité à projeter son influence en dehors de ses frontières est faible, du fait de son économie sous-développée. Le pays risque d'être retenu par ses conflits ethniques potentiels, l'incertitude politique et sa géographie éclatée. Le pays pourrait devenir un obstacle à l'expansion de l'influence chinoise vers le sud.
• La république de Turquie est une joueuse majeure de l'échiquier eurasien et est, en même temps, un pays géo-stratégiquement assez actif. Le pays assure une alternative au fondamentalisme islamique. Tant que les islamistes ne prennent pas le contrôle du pays et reste une tête de pont de la modernisation à l'occidentale, les élites étatsuniennes doivent encourager son adhésion à l'union européenne.
• La république d'Azerbaïdjan est une des principaux pivots géopolitiques de l'échiquier eurasien. Si le pays est petit, cela dispose de ressources énergétiques importantes. L'indépendante d'Azerbaïdjan est nécessaire pour passer des pipelines vers les pays occidentaux.

Le 02 octobre 2022 à 03:49:14 :
j’aime les lasagnes

tout le monde aime ça

Le 02 octobre 2022 à 03:50:52 :
D'où tu sors tout ça ?

C'est un résumé d'un livre de Zbigniew Brzezinski

Le 02 octobre 2022 à 03:52:06 Mirkeit a écrit :

Le 02 octobre 2022 à 03:50:52 :
D'où tu sors tout ça ?

C'est un résumé d'un livre de Zbigniew Brzezinski

Il me semblait bien en lisant le titre

C'est pertinent en tout cas