[RISITAS] Célestin dans 1984
- 1
PARTIE 1:
C’était une journée d’avril caniculaire et suffocante. Les horloges sonnaient treize heures.
Célestin Tintin, le cou trempé par la sueur, s’efforçait d’éviter le soleil ardent.
Il passa rapidement la porte vitrée du bloc des « Habitations à Loyer Modéré », pas assez rapidement cependant pour empêcher que s’engouffre en même temps que lui un tourbillon de poussière et de sable.
Le hall sentait l’herbe et la cigarette sans filtre.
À l’une de ses extrémités, une affiche de couleur, trop vaste pour ce déploiement intérieur, était clouée au mur. Elle représentait simplement une énorme poitrine, large de plus d’un mètre : la poitrine d’une femme d’environ vingt-deux ans, aux formes parfaites, à la peau lisse et belle.
Célestin se dirigea vers l’escalier. Il était inutile d’essayer de prendre l’ascenseur, cela l’angoissait trop.
Même aux meilleures époques, on n’était pas sûr de ce que l’on trouverait à l’intérieur. Actuellement, d’ailleurs, le courant électrique était coupé dans la journée. C’était une des mesures d’économie prises en vue de la Semaine de la Paix.
Son neuf mètre carré était au septième.
Célestin, qui avait trente-neuf ans souffrait d’un phimosis irrité depuis plusieurs années, les démangeaisons se faisant de plus en plus fréquentes. Il s’arrêta plusieurs fois en chemin pour remettre son caleçon en place.
À chaque palier, sur une affiche collée au mur, face à la cage de l’ascenseur, l’énorme poitrine vous fixait de tout son charme. C’était une de ces photographies arrangées de telle sorte que les yeux semblent être incités à la regarder. Une légende, sous le portrait, disait : BIG SISTER VOUS REGARDE.
Suite ou pas ? J'ai réécrit tout le livre je dois le convertir en risitas maintenant si ça vous intéresse
PARTIE 2:
À l’intérieur de l’appartement de Célestin, une voix sucrée faisait entendre une série de nombres qui avaient trait à la production de tests de dépistage.
La voix provenait de la boite vocale, un petit objet reposant sur son socle de recharge sans fil, discret, placé sur le mur de droite et serti d’un anneau lumineux oscillant au rythme de la voix.
Célestin clignât trois fois des yeux et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts. Le son de l’appareil (de la Gogole Box, comme on disait) pouvait être assourdi, mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement.
Célestin se dirigea vers la fenêtre.
Il était de stature frêle, plutôt petite, et sa maigreur était soulignée par la combinaison multicolore, l’uniforme de l’Elite.
Il avait une calvitie de stade deux, le visage naturellement fragile, la peau pleine de boutons et durcie par le savon grossier, les lames de rasoir émoussées et la température insupportable du printemps.
Au-dehors, même à travers la fenêtre ouverte, le monde paraissait chaud.
Dans la rue, de petits remous de vent faisaient tourner en spirale la poussière.
Bien que le soleil brillait et que le ciel fût d’un bleu dur, tout semblait décoloré, hormis les affiches publicitaires collées partout, quand elles n’étaient pas animées sur des écrans.
De tous les carrefours importants, l’immense poitrine attirait votre regard.
Il y en avait une sur le mur d’en face. BIG SISTER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que les seins imposants pénétraient les yeux de Célestin.
Au niveau de la rue, une autre affiche, dont un angle était déchiré, battait par à-coups dans le vent, couvrant et découvrant alternativement un seul mot : TOLERANCE.
Au loin, un drone glissa entre les toits, stationna un moment, telle une grosse mouche, puis parti comme une flèche, dans un vol qui ressemblait à celui d’un oiseau.
C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens.
Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait L’IA de la Pensée.
Derrière Célestin, la voix de la Gogole Box continuait à débiter des renseignements sur les doses et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal.
La Gogole Box recevait et transmettait simultanément les images holographiques dans la pièce.
Elle captait tous les sons émis par Célestin au-dessus d’un chuchotement très bas.
De plus, tant que Célestin demeurait dans le champ de vision de la webcam intégrée, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu.
Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir si, à un moment donné, on était surveillé, les conditions d’utilisations ne mentionnaient pas cela.
Combien de fois, et suivant quel plan, L’IA de la Pensée se branchait-elle sur une IP quelconque, personne ne pouvait le savoir.
On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment.
Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait.
On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tout son émis était entendu et que, même dans l’obscurité, tout mouvement était perçu.
- 1
Données du topic
- Auteur
- Fox[Master]
- Date de création
- 21 septembre 2022 à 18:24:24
- Nb. messages archivés
- 5
- Nb. messages JVC
- 5