Stéphane Edouard :" On m'a mis 15 MAINS au CUL "
C’en était trop. Steven avait tenté par tous les moyens de faire taire les rumeurs qui circulaient à son égard. La calomnie et la cabale s’étaient abattues sur lui pile au moment où son audience, pourtant fidèle, commençait à émettre des doutes sur l’efficacité de ses formations et la pertinence de ses contenus. En effet, pourquoi un homme de cet âge, se réclamant de la tradition des grands séducteurs, en était réduit à vivre seul, sans compagne ni véritable ami. Ses nombreuses publications tournaient constamment autour de l’actualité, de sa Ferrari, et surtout des femmes.
Néanmoins, ce qu’il avait à dire sur elles ne semblait pas refléter un quelconque amour. On était loin du « Femmes, je vous aime » de Julien Clerc. C’était même tout l’inverse que se dégageait de ses écrits et de ses études de cas filmées ; on sentait une véritable haine viscérale, une sorte de rage sourde et contenue depuis longtemps, très longtemps.
Aussi loin qu’il pouvait aller dans la spirale de ses souvenirs, Steven Edward n’avait pas souvenir d’avoir eu beaucoup de moments agréables en leur compagnie. Depuis tout petit, il avait dû composer avec son teint métissé. Quand il regardait sa mère, il y avait toujours une interrogation : pourquoi ? Pourquoi n’y avait-il pas cette cohérence physique qui se transmet d’une mère à son fils ? Pourquoi l’appelait-elle « mon chéri doré » ? Pourquoi le bardait-elle toujours de chemises colorées, ces madras qu’il s’était surpris à abhorrer un soir, lors d’un séminaire au cours duquel un client antillais avait osé le contrarier ?
En effet, Steven Edward avait connu l’humiliation qui avait réveillé cette souffrance enfouie. Serge l’antillais, qui appréciait Steven pour son franc-parler et aussi par réflexe communautariste, avait profité d’un voyage en métropole pour assister à ce séminaire et pour le rencontrer.
Le séminaire se déroulait sur 3 jours dans les hauteurs de Nice et une soirée dansante venait conclure ce week-end de rencontres. Serge avait épaté le petit groupe par sa joie de vivre et par ses qualités de danseur. On pouvait dire qu’il avait bien appliqué les conseils de son maître car il s’en alla au cours de la soirée avec les 3 femmes du groupe sur lesquelles Steven avait quelque peu jeté son dévolu.
Au brunch du lendemain, Steven était d’humeur exécrable et jeta un froid dans le petit groupe qui s’était soudé autour du charisme et de la bonne humeur de Serge.
Steven le pria de quitter l’hôtel dans les plus brefs délais, prétextant que les trublions n’étaient pas admis au titre de la cohésion de groupe. Le ton employé ne fût pas du goût de Serge et les deux hommes en vinrent aux mains.
La stupeur s’empara de la salle de réfection moins pour le scandale qui venait d’éclater que par l’absence totale de virilité qui se dégageait des gestes de Steven. Sa tête était penchée en arrière et ses bras moulinaient à la manière d’une jeune femme exaspérée par son mari éméché. Les deux hommes furent séparés rapidement par les 3 femmes que Serge avait gâtées la veille, Steven se releva la lèvre en sang, la chemise froissée et le regard noir. Il enfila sa veste en cuir violet et sans aucun mot ni regard pour l'assemblée stupéfaite, il quitta l'hôtel au volant de son bolide.
Cet épisode malheureux qui devait rester dans les hauteurs de Nice se retrouva filmé par l’un des participants, partagé sur les réseaux sociaux, puis commenté par la communauté qui découvrait une autre facette du personnage. Depuis ce jour, rien ne serait plus comme avant. Steven se sentait au pied d'une montagne, devant lui se dressait le défi de sa vie.
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- Batkillmii
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- 21 septembre 2022 à 21:14:25
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