Comprendre ONE PIECE autrement

Je vais prendre un exemple qui m’a toujours paru évident mais qui ne me semble jamais relevé : Marineford est structuré comme une tragédie shakespearienne et une tragédie classique. En cela, l’arc de Wano et sa structure calée sur le Kabuki fait écho à celui de Marineford. Il y a là deux conceptions du théâtre qui s’opposent et qui reflètent les deux parties de l’histoire : celle avant l’ellipse et celle après l’ellipse.

Prenons les caractéristiques communément admises d’une tragédie shakespearienne :

Ace a tout d’un héros tragique. Son destin semble le déterminer et sa chute lui vient de son défaut fatal. Ce défaut, justement, est lié à un des topoï phares des tragédies : la filiation. Ace tient ce défaut, celui qui consiste à ne jamais laisser passer un affront envers ceux qu’il aime, de son propre père, figure qu’il a rejeté de manière virulente et qu’il a remplacé par une figure de substitution, celle de Barbe Blanche. C’est là, toute l’ironie tragique : il a vécu en rejetant son géniteur, il meurt en agissant comme il l’aurait fait.

(Et c’est d’ailleurs pour ça que les attardés qui critiquent ce choix ou ce personnage n’ont rien pigé à cet arc.)

Ace parvient, toutefois, à transcender ce qu’il concevait comme un fardeau indépassable. Convaincu de n’être qu’un moins que rien à cause des liens du sang, il comprend qu’il a été aimé par des gens qui n’avaient pas son sang, justement.

Même s’il est passif pendant une bonne partie de l’arc, c’est bien lui, le protagoniste. Et le fait qu’il soit passif, littéralement prisonnier et spectateur de la guerre qu’il a participé à provoquer, reflète aussi son incapacité à défier son destin tragique. Quand il se libère enfin, c’est pour trouver la mort de son plein gré.

À côté de ça, l’arc reprend plusieurs éléments de la tragédie classique et/ou shakespearienne : unité de temps et de lieu (en dehors de quelques flashbacks), chœur incarné par les spectateurs de la diégèse qui reflètent le lecteur, un protagoniste noble (le fils d’un « Roi ») etc.

J’en relève un autre, vite : Oden e(s)t Jésus Christ.

Afin de faire un parallèle entre l’histoire du Japon et la situation de Wano, Oda multiplie les allusions christiques et établit de nombreux parallèles entre Oden et Jésus : prouesses/miracles dès le plus jeune âge, entouré d’un groupe réduit de disciples/apôtres dévoués, trahis par un des disciples/apôtres, partage leurs prophéties (Oden les écrit, Jésus les annonce), se sacrifie en portant un fardeau (Oden porte ses disciples à bout de bras, le Christ porte sa croix), mort « ironique » (Jésus était charpentier et meurt cloué à une croix de bois, Oden meurt ébouillanté comme le plat d’oden) sans parler de références explicites :

Ça n’est pas anodin.

D’une part, il faut savoir que « One Piece » est, en vérité, traversé de références bibliques, justifiées par le topos de la « libération » (de l’humanité). D’autre part, celles qui concernent Oden et plus largement Wano font écho à l’histoire du Japon comme je le disais plus haut et plus précisément, au sakoku, la période de politique isolationniste instaurée lors de l'époque d'Edo (entre 1650 et 1842). En effet, l’une des principales raisons qui « justifiaient » une telle politique isolationnisme, c’était de mettre un frein à la venue de missionnaires chrétiens.

Pour souligner la nécessité d’une ouverture au monde que le Japon doit embrasser, Oda fait le choix ironique d’attribuer des caractéristiques christiques à un personnage qui, au premier abord, a pourtant tout d’un héros de contes japonais.

Le 31 août 2022 à 01:42:33 :
2h du matin, je salue l'effort.

Merci, mais normalement c’est que le début.

Bordel de

Le 31 août 2022 à 01:42:33 :
2h du matin, je salue l'effort.

Ceci

Apocalypse selon St Jean 1. :

10. Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette.

11. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. »

12. Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or,

13. et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme, revêtu d’une longue tunique, une ceinture d’or à hauteur de poitrine ;

14. sa tête et ses cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme ardente ;

15. ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux;

16. il avait dans la main droite sept étoiles ; de sa bouche sortait un glaive acéré à deux tranchants.

Son visage brillait comme brille le soleil dans sa puissance.