Quand je suis rentré de mon premier rendez-vous avec elle, j'ai dit que j'allais me brûler. Je ne me suis pas trompé.
Margaux est gynéco. Elle fait comme moi de la rando, de l'escalade, du ski. Elle souhaite se mettre au parapente, j'en fais. Elle fait de la poterie, je peins. Elle habite un monde qui est proche du mien. Je pouvais aborder avec elle des sujets que je n'oserais pas effleurer avec la plupart des gens qui m'entourent. Par peur de parler seul, de provoquer le désintérêt et l'ennui.
Ma vie sentimentale, ces 4 dernières années, a été lamentable. Il m'arrive de plaire. Je plais à deux femmes merveilleusement belles. Probablement plus que Margaux.
Mais ce soir, c'est à elle que je pense.
Bref. Margaux, je l'ai fréquentée pendant deux ou trois mois. Je ne l'ai jamais connu dans l'intimité. À chaque rendez-vous, on restait dans cet instant trouble, où après une conversation soutenue et exaltée, les voix se taisent pour laisser le soin aux silences et aux regards de porter le sens.
Elle m'a maintenu dans une incertitude délicieuse.
Mais il est difficile de se voir, quand une personne travaille 60h par semaine, et l'autre 80. Et que l'on remplit chacun son temps libre de nombreuses façons.
J'ai souhaité qu'on ne se parle plus. Si elle me plaisait moins, ça aurait été une situation acceptable. J'avais trop peu de marge de manœuvre, de capital émotionnel pour là garder là, quelque part dans mes pensées, alors qu'elle appréciait nos rendez-vous, sans pouvoir me voir assez pour que germe chez elle ce qui était en train de naître chez moi.
Elle s'appelle Margaux, et ce soir je pense à elle.
