Si elle l'avait croisé dans la rue, la réceptionniste lui aurait sans doute offert un sourire, voire une friandise ou un mot affectueux. Elle avait l'air de ce genre de tempérament. Marco raffermit sa prise sur son revolver, força sa voix à sortir un beuglement brutal :
Dépêche toi putain, tout dans le sac !
La gentille dame tressaillit, laissa échapper un glapissement et continua d'enfourner montres et bijoux dans le sac marin jeté sur son comptoir. Il en restait encore beaucoup trop dans les vitrines, selon Marco. L'arme menaçait de lui échapper des doigts à chaque instant, la cagoule l'étouffait. Il n'avait qu'une envie, se barrer loin de la bijouterie et jeter fringues, arme et butin dans le premier canal qu'il franchirait.
Il risqua un coup d'oeil par dessus son épaule. Deux autres braqueurs se tenaient raides dans la boutique, arme au poing, l'oeil dur, concentrés sur les employés affairés. Ses complices avaient l'air bien plus sereins que lui. Il remarqua même que leur chef, Donnie Bang, laissait son 375 Magnum se balancer du bout de son index.
Mais c'est qu'il s'amuse ce fils de pute.
Marco reporta son attention sur sa victime. Merde. Pourquoi elle me regarde comme ça ? La vendeuse finissait de vider sa devanture, mais quelque chose avait changé dans son regard. Elle fixait toujours avec effroi, mais aussi avec une pointe de ce qui semblait être... de la compassion ?
Regarde pas ma gueule ! Baisse les yeux merde !
Sa voix dérapa dans les aiguës et lui donna envie de lui balancer son arme à la gueule, pour rattraper le coup. Mais ça aurait été très con, pire que de passer pour un mioche effrayé qu'il était.
C'est bon pour toi fiston ? La voix de Donnie. Le signal du départ. Enfin.
- Ouais ! J'ai fini !
Marco arracha le sac marin du comptoir. Ca pesait une tonne maintenant. Sac jeté sur l'épaule, il recula vers la porte d'entrée, imité par ses deux complices.
Bien, mesdames, messieurs, notre collaboration s'arrête ici. Donnie. Evidemment.
Ne le prenez pas mal, mais je souhaite que nous ne nous recroisions jamais. Sauf toi là bas, t'as l'air d'une fille superbe et j'aimerai beaucoup te montrer ce qui se cache sous cet attirail...
Mais qu'est ce qu'il fout ?
Marco vit que le troisième homme du groupe, Baxer, fixait également la scène avec incrédulité, le buste déjà tourné vers la sortie. Tous ici n'avaient qu'une envie, s'enfuir loin, et l'autre abruti choisissait de draguer la vendeuse.
... peut être un café ou bien alors...
Marco sentit la panique monter, ses nerfs allaient lâcher et il ne pourrait rien y faire. Soudain, un son se fit entendre, qui imposa le silence dans la bijouterie. Reconnaissables entre tous, des sirènes de police emplirent la rue, se rapprochant à chaque seconde d'effroi des braqueurs. De concert, ils se ruèrent vers la sortie, débouchant sur une large avenue de la capitale, et portèrent leur regard au loin.
La circulation était plutôt fluide, ils avaient choisi cette heure ci pour cette raison. Deux trois taxis, une fourgonnette de livraison... Et trois Renaud 12 de la police qui débouchèrent du coin de l'avenue, fonçant à leur rencontre dans un hululement strident et des éclairs bleutés. A cinq mètres sur leur droite, une Citroën GS verte canard les attendait, moteur allumé. Le pilote leur hurlait dessus, la tête sortie par la vitre conducteur :
Vous attendez quoi bordel ? Moi je me barre !
Donnie et Baxer filèrent vers la voiture, calibre au poing.
Choix :
- suivre Donnie et Braxer pour prendre la fuite en voiture
- s'enfuir à pied et tenter de semer les flics dans des ruelles
- retourner dans la bijouterie
