https://www.youtube.com/watch?v=w9u21s1wuok
L'élan de ce dessin animé est avant tout parodique, peut-être caricatural, mais l'efficacité de la présentation qui constitue la base de sa narration se couple à une espèce d'humilité empêchée du moindre jugement, du fait son caractère nécessaire sur lequel nous reviendrons, si bien qu'il essentialise très simplement le phénomène étudié ci-après.
L'intrigue du Roi Lion puise en effet dans les ressorts les plus élémentaires du tragique, et ce faisant met en exergue sa structure même, hiérarchique et transcendantale, pour le transposer sur la modalité politique naturelle de gouvernance des hommes : le Royaume.
Observons point par point le cheminement de la cérémonie, le baptême de l'héritier du Roi.
La séquence de présentation disserte, et se divise donc en trois points.
D'abord, le Soleil se lève comme les cloches de l'église retentissent. Les animaux de la savane sont interpellés, et on peut observer qu'ils se dirigent vers le Dieu-Soleil qui se lève. Tous convergent vers ce Soleil, et pourtant tous s'arrêtent vers un ponton surélevé depuis lequel veille le Roi, surplombé de nuages sombres. Seule la zone autour du roi est illuminée par le soleil, et on peut bien observer que les animaux sortent de l'ombre pour s'arrêter très précisément dans la sphère de l'influence lumineuse du Roi.
L'oiseau messager qui a volé vers le roi tire immédiatement sa révérence que le roi reconnait, appuyant encore sa stature.
Ensuite, le temps du sacerdoce. Le prêtre sort du milieu de la foule, clairement illuminé par le Dieu-Soleil.
Le prêtre rejoint le Roi, et les deux promeuvent leur sainte alliance par une accolade.
Il effectue les premiers sacrements sur l'ainé du Roi, évidemment assimilables au baptême chrétien.
Par le rituel, l'héritier du Royaume est né, et peut être présenté.
Dernière partie, c'est le prêtre lui-même qui officialise le statut du nouveau-né en le portant devant la foule qui immédiatement s'excite, rendant la situation presque chaotique. Il est le futur chef, le futur guerrier défenseur du Royaume. Cependant, il n'en est pas encore le garant moral et ne peut pas encore maitriser les excès de la foule, pourtant acquise à l'héritier. Voyez également comme, depuis le retrait du Roi, la foule et le sol se sont assombris.
Il lui faut l'autorité, et l'autorité ne peut venir que d'en-haut. C'est ainsi que des ténèbres , devant annoncer la sombre époque à venir, long hiver alimentant nécessairement de sa noirceur le cycle de la vie, le faisceau mystique et lumineux du Dieu Soleil sort merveilleusement et bénit le futur Roi.
Et maintenant, la foule peut s'incliner, le futur Roi a désormais l'autoritas. Il a été adoubé par le divin, qui est manifestement l’origine et la condition de l’autorité. Il ne sera pas garant simplement de l'Ordre, mais bien de l'harmonie cosmique, de la véritable âme de l'Ordre qui lutte sans cesse contre la dégénérescence de toute chose.
En somme, l'autorité n'est pas une force car elle a la légitimité que seul le sacerdoce peut conférer. Et là, c'est fini. C'est fini car le film commence comme ça et finit comme ça. Le royaume n'est pas une ligne droite, il n'est pas non plus une boucle infernale comme les topax de ce forum. Il est le cycle vertueux, sublimé, tout en étant aussi naturel et nécessaire que les saisons. Comme dans la tragédie bientôt à l'oeuvre, qui n'est qu'une transposition plus formelle et artistique de cette vérité universelle et insondable : il y aura un retour à la normal, car tant que le Roi vit, le cycle vit, et le printemps revient. C'est là le caractère nécessaire du tragique narratif, qui malgré l'horreur cathartique des évènements impose un retour à la situation initiale.
Évidemment dans la réalité c'est mort car on a coupé la tête du Roi, donc tout est horrible et c'est même pas triste.
Bien à vous