Comment faites-vous face à une grande souffrance ?
Supprimé- 1
Parfois lorsque je rumine, je me dis "je ne peux pas supporter une souffrance de ce niveau", alors j'essaye de m'apaiser, mais rien n'y fait.
Combien semble absurde en effet, rétrospectivement, l'impuissance de nos vues étroites et bornées à discerner l'infinie complexité des relations qui se nouent et se dénouent à notre insu, et combien aussi nos essais toujours infructueux de nous défaire de l'enchevêtrement des circonstances et des évènements qui nous lient et nous tiennent fermement. Mais, c'est bien parce qu'avec le temps, cette complexité, au moins dans certaines de ses trames et de ses fins, se dévoile en partie, et que ce dévoilement révèle avec assez de clarté l'inadéquation de notre être au monde, que le sentiment de l'absurde s'insinue dans mes souvenirs, m'interdisant d'en souffrir, du moins sans une certaine ironie salutaire.
Souvent, lorsqu'en plein désarroi et que je suis piégée dans l'entrelacs inextricable des circonstances, je plonge en moi-même pour méditer sur la mort ; sur ma propre mort d'abord, puis sur celle de l'humanité tout entière. Puis, je m'élève et j'observe en pensée la destruction à venir de notre soleil et de tout son système, et enfin, me hissant toujours plus haut, je contemple, tel Dieu lui-même, l'anéantissement total et terminal de l'univers. Rapporter tous les objets qu'il contient et l'univers lui-même à leur dimension périssable, c'est les ramener à leur insignifiance fondamentale, à leur néant essentiel ; c'est vider la douleur morale de toute sa substance, de sa prétention à l'existence. Il n'y a que dans la pensée de l'anéantissement certain et à venir de l'univers que je trouve un semblant de repos, un soulagement et une consolation. La fin future de l’univers est la certitude la plus précieuse que nous ayons. C'est parfois la mort qui sauve.
Mais comment pouvons-nous espérer survivre à la mort, alors qu’elle est notre ultime liberté. Face à la mort, les esprits faibles sont ceux qui s’inventent du sens . Il faut beaucoup de courage pour qu’au dernier souffle nous vint l’écrasante idée de notre insignifiance. Au-delà de toute réflexion, cette seule vérité nous inonde, surtout dans l’agonie. Alors, il faut vouloir mourir dans d’atroces souffrances, dans un râle immonde, un mal viscérale et profond. Se mettre dans tous ses états, jubiler de souffrance jusqu’à l’empressement et la délivrance. S’exalter de cette vérité et de sa faiblesse. Constater l’imposante destinée, la majestueuse comédie dramatique qu'on était.
Dans une fin ultime, la vengeance contre le sens est jubilante. Lorsqu’on entre dans le néant la moindre des choses c’est de le saluer avec un fracas, alors il faut noyer notre conscience dans un flot de douleur bien vénérable comme pour dire : J'ai été.
Et vous les amoureux de la sagesse, comment faites-vous ?
Le 23 juillet 2022 à 03:48:18 :
Parfois lorsque je rumine, je me dis "je ne peux pas supporter une souffrance de ce niveau", alors j'essaye de m'apaiser, mais rien n'y fait.Combien semble absurde en effet, rétrospectivement, l'impuissance de nos vues étroites et bornées à discerner l'infinie complexité des relations qui se nouent et se dénouent à notre insu, et combien aussi nos essais toujours infructueux de nous défaire de l'enchevêtrement des circonstances et des évènements qui nous lient et nous tiennent fermement. Mais, c'est bien parce qu'avec le temps, cette complexité, au moins dans certaines de ses trames et de ses fins, se dévoile en partie, et que ce dévoilement révèle avec assez de clarté l'inadéquation de notre être au monde, que le sentiment de l'absurde s'insinue dans mes souvenirs, m'interdisant d'en souffrir, du moins sans une certaine ironie salutaire.
Souvent, lorsqu'en plein désarroi et que je suis piégée dans l'entrelacs inextricable des circonstances, je plonge en moi-même pour méditer sur la mort ; sur ma propre mort d'abord, puis sur celle de l'humanité tout entière. Puis, je m'élève et j'observe en pensée la destruction à venir de notre soleil et de tout son système, et enfin, me hissant toujours plus haut, je contemple, tel Dieu lui-même, l'anéantissement total et terminal de l'univers. Rapporter tous les objets qu'il contient et l'univers lui-même à leur dimension périssable, c'est les ramener à leur insignifiance fondamentale, à leur néant essentiel ; c'est vider la douleur morale de toute sa substance, de sa prétention à l'existence. Il n'y a que dans la pensée de l'anéantissement certain et à venir de l'univers que je trouve un semblant de repos, un soulagement et une consolation. La fin future de l’univers est la certitude la plus précieuse que nous ayons. C'est parfois la mort qui sauve.
Mais comment pouvons-nous espérer survivre à la mort, alors qu’elle est notre ultime liberté. Face à la mort, les esprits faibles sont ceux qui s’inventent du sens . Il faut beaucoup de courage pour qu’au dernier souffle nous vint l’écrasante idée de notre insignifiance. Au-delà de toute réflexion, cette seule vérité nous inonde, surtout dans l’agonie. Alors, il faut vouloir mourir dans d’atroces souffrances, dans un râle immonde, un mal viscérale et profond. Se mettre dans tous ses états, jubiler de souffrance jusqu’à l’empressement et la délivrance. S’exalter de cette vérité et de sa faiblesse. Constater l’imposante destinée, la majestueuse comédie dramatique qu'on était.
Dans une fin ultime, la vengeance contre le sens est jubilante. Lorsqu’on entre dans le néant la moindre des choses c’est de le saluer avec un fracas, alors il faut noyer notre conscience dans un flot de douleur bien vénérable comme pour dire : J'ai été.
Et vous les amoureux de la sagesse, comment faites-vous ?
Le salut est dans l'absence de réflexion, dans son oubli plutôt. Le monde est essentiellement absurde, mais on peut lui donner un sens individuel indépendant de nos souffrances qui ne sont que la manifestation de choses que nous n'avons pas décidé
Le 23 juillet 2022 à 03:56:36 fischlequandent a écrit :
Le 23 juillet 2022 à 03:48:18 :
Parfois lorsque je rumine, je me dis "je ne peux pas supporter une souffrance de ce niveau", alors j'essaye de m'apaiser, mais rien n'y fait.Combien semble absurde en effet, rétrospectivement, l'impuissance de nos vues étroites et bornées à discerner l'infinie complexité des relations qui se nouent et se dénouent à notre insu, et combien aussi nos essais toujours infructueux de nous défaire de l'enchevêtrement des circonstances et des évènements qui nous lient et nous tiennent fermement. Mais, c'est bien parce qu'avec le temps, cette complexité, au moins dans certaines de ses trames et de ses fins, se dévoile en partie, et que ce dévoilement révèle avec assez de clarté l'inadéquation de notre être au monde, que le sentiment de l'absurde s'insinue dans mes souvenirs, m'interdisant d'en souffrir, du moins sans une certaine ironie salutaire.
Souvent, lorsqu'en plein désarroi et que je suis piégée dans l'entrelacs inextricable des circonstances, je plonge en moi-même pour méditer sur la mort ; sur ma propre mort d'abord, puis sur celle de l'humanité tout entière. Puis, je m'élève et j'observe en pensée la destruction à venir de notre soleil et de tout son système, et enfin, me hissant toujours plus haut, je contemple, tel Dieu lui-même, l'anéantissement total et terminal de l'univers. Rapporter tous les objets qu'il contient et l'univers lui-même à leur dimension périssable, c'est les ramener à leur insignifiance fondamentale, à leur néant essentiel ; c'est vider la douleur morale de toute sa substance, de sa prétention à l'existence. Il n'y a que dans la pensée de l'anéantissement certain et à venir de l'univers que je trouve un semblant de repos, un soulagement et une consolation. La fin future de l’univers est la certitude la plus précieuse que nous ayons. C'est parfois la mort qui sauve.
Mais comment pouvons-nous espérer survivre à la mort, alors qu’elle est notre ultime liberté. Face à la mort, les esprits faibles sont ceux qui s’inventent du sens . Il faut beaucoup de courage pour qu’au dernier souffle nous vint l’écrasante idée de notre insignifiance. Au-delà de toute réflexion, cette seule vérité nous inonde, surtout dans l’agonie. Alors, il faut vouloir mourir dans d’atroces souffrances, dans un râle immonde, un mal viscérale et profond. Se mettre dans tous ses états, jubiler de souffrance jusqu’à l’empressement et la délivrance. S’exalter de cette vérité et de sa faiblesse. Constater l’imposante destinée, la majestueuse comédie dramatique qu'on était.
Dans une fin ultime, la vengeance contre le sens est jubilante. Lorsqu’on entre dans le néant la moindre des choses c’est de le saluer avec un fracas, alors il faut noyer notre conscience dans un flot de douleur bien vénérable comme pour dire : J'ai été.
Et vous les amoureux de la sagesse, comment faites-vous ?
Le salut est dans l'absence de réflexion, dans son oubli plutôt. Le monde est essentiellement absurde, mais on peut lui donner un sens individuel indépendant de nos souffrances qui ne sont que la manifestation de choses que nous n'avons pas décidé
Ah ! Bonsoir kheyou.
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Données du topic
- Auteur
- enfantpasdesire
- Date de création
- 23 juillet 2022 à 03:48:18
- Date de suppression
- 23 juillet 2022 à 05:06:00
- Supprimé par
- Auteur
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