La France de 2030
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-Ce matin, mon garçon de 9 ans m’a fait une crise. Il menace d’appeler la police car je refuse qu’il aille à l’école maquillé avec du vernis aux ongles.
Ma fille Julie de 15 ans, qui se sent «non binaire», m’a traité de «boomer» car j’ai refusé de l’appeler «iel» en parlant d’elle et parce que j’hésite à changer son prénom à l’état civil. Elle veut s’appeler «Jul» pour ne pas qu’on puisse supposer de son genre.
Je pars au boulot à vélo car depuis la loi Hidalgo de 2026, la voiture (même électrique) est interdite dans les grandes villes. Je fais donc 35 km tous les jours à vélo. Avec la chaleur de ce mois de juillet, j’arrive au boulot trempé. Mais ce n’est pas grave, c’est le cas de tout le monde. Ici personne ne se regarde et personne ne se juge car c’est maintenant passible d’une amende et, éventuellement, d’une peine de prison selon la gravité de la remarque.
Mon patron m’a dit qu’il m’avait mis un blâme car j’ai osé écrire un mail sans écriture inclusive hier et qu’un.e client.e s’en était plaint.e. La prochaine fois, c’est la porte ! Il faut que je fasse attention à ce que j’écris et à comment je l’écris. Et aussi à ce que je dis…
Ma nouvelle collègue de bureau n’est pas là aujourd’hui car c’est la journée des «personnes possédant un vagin» (sans distinction de genre, pour éviter d’éventuelles stigmatisations) et c’est donc férié pour la moitié de la population.
Comme elle est pas là, je peux donc exceptionnellement fermer la porte de mon bureau. En effet, après le mouvement #MeToo, la France a imposé l’interdiction des «portes closes» lorsque des employés de genres différents travaillent ensemble. Des entreprises créent même des «safe space», c’est-à-dire des bureaux sans aucun homme hétérosexuel pour éviter tout risque d’agression sexuelle.
À midi, pour la pause déjeuner, je n’apporte plus de viande dans mes plats car j’en ai marre de me faire traiter de «carniste», «spéciste» ou carrément d’arriéré par mes collègues qui disent qu’ils sont végans. Mais j’ai un doute sur certains, ils parlent même de trafic de moutons pour une fête ! On a pas le droit de les dénoncer car ils sont persécutés par des gens comme moi.
Et d’ailleurs quand je fais les courses au supermarché et que j’ose m’acheter un petit morceau de poulet à 45 euros le kilo, je me fais dévisager avec dégoût par les autres client.e.s. Du coup j’ai trouvé une boucherie dans une Zone de Partition Institutionnalisée (ZPI) où c’est moins cher. Mais c’est compliqué, il faut changer de tenue pour y aller et passer un checkpoint.
Le soir, tout en grignotant mon bol d’insectes accompagnés de pousses de soja, je peux enfin me distraire devant un film Netflix : là c’est l’histoire de Napoléon, joué par Omar Sy.
Sa femme est jouée par une actrice mexicaine dont le nom m’échappe. La parité dans ce film est pourtant bien respectée et on apprend enfin la vérité sur Napoléon qui était bisexuel, afrocentré et musulman. Un ami m’a parlé du film Titanic, mais on ne le trouve plus, sauf au marché noir (pardon : de couleur). Faut dire que c’est désuet. Ça racontait l’histoire grotesque d’un couple blanc hétérosexuel privilégié qui voyageait dans un paquebot de luxe au début du XXe siècle.
Le film terminé, je décide de me glisser dans mon lit pour continuer ma lecture du moment : La Gloire de mon parent n°1. Je vais bientôt attaquer Le Château de mon parent n°2, qui est la suite du premier. J’ai hâte.
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- AntiLiberal1
- Date de création
- 4 juillet 2022 à 06:34:52
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