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Doit-on soigner tous nos malades ?

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Doit-on soigner tous nos malades ?

Les dépenses liées à la santé constituent une part importante des dépenses publiques. Un État peut donc être amené à se demander s’il faut, ou non, appliquer une politique de soins indifférenciée ou discriminante. Ce choix doit s’appuyer sur plusieurs considérations.

Le serment d’Hippocrate, reconnu par la majorité des médecins occidentaux, prône une vision de la médecine universelle où tous les malades sont placés sur un pied d’égalité.
Cependant, dans la pratique, des réalités économiques et morales entrent en ligne de compte. Celles-ci ne peuvent être ignorées sous prétexte d’une vision utopiste de la médecine.

Il convient de distinguer deux types de malades, à savoir les malades non responsables de leur situation et les malades plus ou moins responsables de leur situation.

Lorsqu’il est question de malades non responsables, les personnes naissant directement avec un handicap font partie des premières personnes auxquelles nous pouvons penser.
Dans le cas des personnes victimes de lourdes maladies congénitales, la société peut se poser la question de savoir s’il faut, ou non, déployer des moyens pour les prendre en charge. Dans de nombreux cas, leurs handicaps les rendent inaptes à travailler et ils vont donc représenter un coût non négligeable pour la société (le retour sur investissement étant faible).
Une société peu développée ou vivant des temps difficiles peut décider de ne pas prendre en charge les personnes victimes d’un handicap congénital afin de limiter ses dépenses à des domaines spécifiques et porteurs d’avenir. Sous le Troisième Reich, l’Allemagne traversait une période tumultueuse, encore marquée par l’après-guerre de 1914-1918. Ainsi, le 14 juillet 1933, Adolf Hitler a promulgué une loi imposant une stérilisation des personnes victimes de maladies héréditaires ou congénitales, en particulier de handicaps mentaux. Évidemment, cette loi avait une visée eugéniste. Plus tard, le 18 octobre 1935, cette volonté s’est matérialisée par une interdiction aux mêmes personnes de se marier et de procréer. Finalement, en 1939, c’est le programme « Aktion T4 » qui a été adopté. Celui-ci visait à éliminer les personnes déjà ciblées à cause de leurs maladies au cours des dernières années. Cette mesure, extrêmement radicale, était donc motivée par des questions eugénistes mais aussi par des questions économiques. Le Département de la politique raciale de la NSDAP informait d’ailleurs les citoyens qu’une personne victime d’un handicap de naissance leur coûtait 60 000 reichsmarks durant sa vie. Bien que tout parallèle avec le régime nazi soit généralement défendu, cet exemple montre, qu’historiquement, le choix d’une politique de soins discriminante a déjà été effectué.
En outre, l’État est censé assurer la protection de ses citoyens. Les personnes victimes de handicaps dès la naissance ont malheureusement été malmenées par l’impitoyable loterie de la vie qui ne permet pas à tous les êtres humains de naître en parfaite santé. Lorsqu’une société a suffisamment de moyens pour pallier à cette injustice naturelle, une prise en charge de ces malades paraît donc la bienvenue.

Outre les malades de naissance que nous avons évoqués, certaines personnes s’exposent directement à certains risques. Sans pour autant avoir nécessairement cherché à devenir malades, ces personnes sont souvent responsables de leur situation. L’éventuelle prise en charge de ces personnes est donc une question tout à fait légitime puisque ceux-ci n’ont pas été victimes d’une injustice par nature. Des citoyens attentifs à leur propre santé peuvent très bien ne pas vouloir payer pour eux.
L’un des exemples les plus probants est celui des fumeurs. Bien que des facteurs influencent le tabagisme (parents fumeurs, catégorie sociale, etc.) ces derniers prennent la décision de fumer de manière délibérée. Comme ils le savent très bien (des campagnes de prévention étant largement déployées), leur décision met grandement en péril leur santé. De plus, contrairement aux croyances populaires, le tabagisme coûte plus cher à l’État qu’il ne lui rapporte. Les soins liés au tabagisme créent en effet un déficit important, de l’ordre de quinze milliards d’euros par an. Ainsi, les citoyens préservant leur santé aident financièrement (et de manière indirecte) les fumeurs à se soigner. Ici, l’injustice frappe donc les honnêtes citoyens et il pourrait être juste de prévoir de ne pas rembourser le traitement de certaines maladies directement liées au tabagisme (le cancer du poumon étant un cas d’école). Afin d’être juste, cela nécessiterait tout de même de prouver que la personne victime d’une maladie généralement liée au tabagisme a bel et bien l’habitude de fumer. Des mesures devraient donc être instaurées pour s’assurer que les causes sont bien celles de la consommation de tabac (cela pourrait se matérialiser par des examens médicaux ou encore par l’impossibilité d’acheter anonymement du tabac).
Les accidentés de la route constituent eux aussi un exemple intéressant. Chaque année en France, des milliers de personnes trouvent la mort sur les routes. Nul doute que, parmi eux, un certain nombre d’automobilistes se sont beaucoup plus exposées aux risques que d’autres usagers. S’il est certain que conduire est déjà un risque en soi, il est tout aussi certain que conduire en étant alcoolisé ou conduire sans permis maximise les risques. Dans le cas de ces accidentés, il ne serait donc pas injuste de leur imputer tout ou partie de leur prise en charge médicale.
De même, il est avéré qu’aujourd’hui l’obésité favorise largement les risques sanitaires. L’indice de masse corporelle (aussi abrégé en « IMC ») constitue d’ailleurs un indice permettant d’estimer la corpulence d’un individu. Ainsi, il pourrait être intéressant de mettre en place un système de remboursement des soins dégressif en fonction de l’IMC. Une corpulence normale n’aurait pas d’incidence, un surpoids aurait une petite influence, une obésité modérée une incidence plus grande, une obésité sévère une plus grande encore et une obésité morbide constituerait le dernier échelon et, par conséquent, le plus pénalisant. Au Japon, notons d’ailleurs que l’obésité est interdite. Une loi fixe, depuis 2008, le tour de taille maximal acceptable pour les hommes et les femmes. Les entreprises japonaises sont donc contraintes de faire vérifier le tour de taille de leurs employés (ayant entre 40 et 74 ans) une fois par an lors d’une visite médicale. À visée peu punitive, le but est surtout d’endiguer la progression de l’obésité qui frappe de nombreux pays.

Au final, toute société se voulant juste envers ses citoyens doit être honnête envers elle-même. Celle-ci n’a pas vocation à déployer les mêmes moyens pour soigner tout le monde de manière totalement égalitaire. Dans la mesure du possible, les malades n’étant pas responsables de leur sort doivent être pris en charge. En revanche, les personnes s’exposant directement et volontairement à certains risques ne devraient pas faire payer leur imprudence à tous les citoyens. Une forme de discrimination devrait donc être instaurée.
Cependant, dans le cas de la France, il convient de noter que notre système de santé est extrêmement généreux puisque même des étrangers en situation irrégulière peuvent facilement avoir accès à des soins payés par les contribuables français. Ici, la question « Doit-on soigner tous nos malades ? » deviendrait donc : « Doit-on soigner tous les malades du monde ? » ce à quoi les adeptes du sans-frontièrisme ne répondraient certainement pas par la négative.

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EcrivainRedpill
Date de création
12 juin 2022 à 21:20:35
Date de suppression
12 juin 2022 à 23:26:53
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