Selon une étude novatrice publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le 19 mai, 70 % des enfants de parents modestes grimpent dans l’échelle des revenus. Elle tord le cou à l’idée que la France serait « le » pays de la reproduction des inégalités sociales. Les statisticiens ont, pour la première fois, comparé le revenu 2018 d’adultes de 28 ans à ceux de leurs parents, dix ans plus tôt, pour mesurer la mobilité des ressources entre générations. « Les revenus des parents influencent, bien sûr, fortement ceux des enfants, mais sont loin de les déterminer entièrement », écrivent les auteurs.
Parmi les enfants de parents défavorisés appartenant aux 20 % des ménages les plus modestes, un quart font tout de même partie à 28 ans des 40 % des ménages les plus aisés et « 12 % ont une mobilité très ascendante et rejoignent les 20 % les plus riches ».
En élargissant le point de vue, l’étude constate que 70 % des enfants de parents modestes gagnent mieux leur vie qu’eux. A l’autre extrémité du tableau, 15 % des enfants de parents aisés ont une mobilité descendante et se retrouvent, à 28 ans, parmi les 20 % des ménages les plus modestes.
Selon l’Insee, ceux qui ont le plus de chances d’améliorer leurs revenus comparés à ceux de leurs parents sont plutôt des hommes, habitant l’Ile-de-France et dont l’un des parents est diplômé du supérieur.
Les enfants d’immigrés ont, eux, une mobilité ascendante plus forte que la moyenne, de 15 % contre 10 %. Plusieurs facteurs pourraient y contribuer : ils résident plus généralement dans les grandes villes et des territoires dynamiques offrant davantage d’opportunités d’emplois ; leurs parents ont investi plus intensivement dans leur éducation… L’étude bat en brèche une autre idée reçue, en faisant le constat que la mobilité ascendante est identique, à 19 %, en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, et dans les Hauts-de-Seine, le plus riche. […]
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